Le charme plus très discret de la bourgeoisie

Une BMW Série 6 (E24) a fait une manœuvre sous mon nez. Mon portable a été capricieux, mais j'ai pu l'immortaliser ! Visez les phares jaunes...

Lorsque je me suis intéressé aux voitures, la Série 6 était la dernière "shark nose" au catalogue. Elle faisait figure de "vieille" voiture avec ses 6 cylindres-en-ligne. A l'époque, d'aucuns n'avaient d'yeux que pour la future Série 8 (E31.)
J'ai eu une Série 6 Bburago, au 1/24e, mais elle n'a pas supportée l'épreuve du temps...

L'actualité, c'est le lifting de la Série 7, avec ce logo surdimensionné, complètement baroque. Que voulez-vous, c'est la clientèle qui veut cela...
Pendant longtemps, la bourgeoisie était synonyme de discrétion, de classe. Les bourgeois avaient singé les habitudes, les goûts et surtout les codes de l'aristocratie. Dès qu'un pays s'enrichissait, de Santiago du Chili à Tokyo, les nouveaux bourgeois s'empressaient de former des clubs pour se distancer de la populace. Les enfants de l'élite allaient au lycée Français (y compris dans les pays non-francophones.) Puis devenus adultes, ils posaient en costume, devant leur bibliothèque, en se vantant de lire Cicéron ou Virgile en V.O. C'était un monde clos, parfois oppressant et s'y faire traiter de parvenu, c'était la pire insulte.
La côte ouest Américaine offrit une alternative. Des milliardaires en short-basket, des stars du show-business, du sport ou des patrons de start-up. Le fait d'avoir fait pas ou peu d'études n'était plus une honte, mais une preuve de sa débrouillardise. Etre riche et célèbre, alors qu'on ne connait même pas les règles élémentaires de la grammaire. La bourgeoisie traditionnelle fuyait (et méprisait) la presse. Les nouveaux riches courent après la publicité. Hier, dans la presse people, aujourd'hui sur Instagram... Ce modèle-là résonna dans les pays émergents, où il y avait une tradition ancienne (avant l'arrivée des occidentaux) de luxe opulent et ostentatoire.
Les nouveaux riches Américains ont imposé leur paradigme du clinquant. Alors les marques se mettent au diapason, car ces nouveaux riches représentent le gros de leur clientèle. Au temps de cette Série 6 (E24), BMW était synonyme de discrétion. Désormais, c'est le temps des chromes dégoulinantes et du tape-à-l’œil. Il y a un temps pas si lointain où les pubs Mercedes-Benz étaient en noir et blanc, sur fond de musique classique. Désormais, leur ambassadrice, c'est Niki Minaj, la plus obscène et la plus vulgaire des rappeuses ! Quant à Audi, il s'offre Oxmo Puccino en voix off, pour un speech motivationnel très bourcaille. Wesh wesh !

Commentaires

Articles les plus consultés