Renault Sport Academy 2019

J'étais à Viry-Chatillon, au siège de Renault Sport Racing, pour la présentation de la promotion 2019 de la Renault Sport Academy. Ce qui est amusant, c'est que j'ai été à trois présentation de Renault Sport Racing. Or, c'était dans trois lieux différents, avec trois présentateurs différents !

Cette saison, la firme au losange soutiendra six pilotes. Champion d'Eurocup FR, Max Fewtrell est promu en F3, aux côtés de Christian Lundgaard.
Victor Martins, meilleur Français 2018, reste en Eurocup FR. Anthoine Hubert, déjà membre affilié en 2018, portera les couleurs de Renault, en F2, en 2019. Caio Collet, vainqueur de la F4 France, se retrouve automatiquement intégré à la filière. Enfin, Zhou Guan Yu quitte la Ferrari Driver Academy pour débuter en jaune avec Renault.
Côté sortie, Arthur Rougier, à l'arrêt en Eurocup FR, s'en va. Sun Yue Yang, modeste 10e du très modeste British F3, il prend la porte. Plus incompréhensible, Sacha Fenestraz est licencié malgré un podium à Macao F3. A moins que ce soit lui qui n'ait démissionné...
Victor Martins et Anthoine Hubert. Meilleur junior de la F4 France 2017, Martins a connu des débuts probants en Eurocup FR. A l'été, il a enchainé les podiums et il a même pointé sur le podium provisoire. Hélas, il n'a pas résisté au retour de Max Fewtrell, qui l'a délogé de l'estrade avant de carrément décrocher le titre...

Contrairement à ses camarades de la Renault Sport Academy, il va redoubler. Sachant qu'en 2019, l'Eurocup FR emploiera une voiture de type "F3 régionale", équipée d'un moteur (Renault) turbo.
Je me demande dans quelle mesure il n'est pas là pour jouer les têtes d'affiche de la nouvelle discipline. Il faut dire qu'entre la F3 Regional, l'ex-F3 et l'EuroFormula Open, il y a donc quatre championnats ayant peu ou prou le même objectifs. Pour les alimenter, il faudrait 80 pilotes et le compte n'y est pas. A mon avis, l'un des quatre ne passera pas l'hiver. Et un second ne passera pas 2019. Déjà, la FR NEC a baissé le rideau. En même temps, la FIA a tout fait pour saborder les championnats "B". Il ne reste plus que des championnats très amateurs, comme la F3 Cup ou la future Ultimate Cup Monoplaces.
Anthoine Hubert. A mon avis, ce n'est pas la dernière fois qu'on le voit à côté d'une F1... Je le suis depuis la FR ALPS. Je l'ai vu décrocher quelques podiums, au fil des saisons. Mais en 2018, il a vraiment su passer la 2 et s'imposer en GP3. Je pense qu'il tient la corde pour être le prochain Français en F1. Et je pense même que parmi tous les espoirs, il est des 4 ou 5 qui ont de réelles chances d'aller rapidement en F1.
Charles Leclerc et George Russell l'ont précédé au palmarès du GP3. Et ils ont remporté la F2 dans la foulée. Il m'a dit que ce n'est pas pareil, que lui, il est chez Arden, pas chez PREMA ou ART Grand Prix. Or, Arden n'a pas leur pédigrée en GP2/F2... Soit. Néanmoins, cela veut dire qu'en 2020, il devra signer avec un top team de F2 et remporter le titre avec 20 points d'avance ! Sans quoi, ce sera tintin pour la F1...

C'est compliqué ? Mais c'est le sport auto, qui est compliqué ! J'ai connu le temps de la F1 à 30 voitures. Là, le premier tiers de la grille de F3000 pouvait espérer un baquet en F1. Elf et "Rouge et Blanc" sponsorisaient généreusement les espoirs. Dans une F1 à 20 voitures, c'est forcément plus difficile. Alors il faut se rendre incontournable. "You don't win silver, you only lose gold."
Ensuite, on a visité le bâtiment. C'est le plus ancien du site. Celui où Amédée Gordini avait installé ses activités sportives, en 1969. C'est donc là que les blocs des Alpine A110 championnes du monde ont été construits. Ainsi que les V6 Turbo des A442... Il y avait un mur entier couvert de culasses de V10. Ailleurs, il y avait un V6 Turbo et quelques V10... Et on a pu voir les bancs, avec au fond, les "power units" de 2019... Bien sûr, interdiction de faire des photos. D'ailleurs, normalement, il n'y a pas de visites entre novembre et mars.

Dans quelques années, quand Anthoine Hubert sera un habitué des podiums de F1 et qu'un jeunot se montrera condescendant à mon égard, je pourrais dire : "Hubert ? Bien sûr que je le connais ! J'ai visité l'usine Renault Sport Racing, avec lui, en 2019 !"
Je suis tout de même partagé sur ces filières. Tant le Red Bull Junior Team, la Renault Sport Academy et la Ferrari Driver Academy. En théorie, leur objectif, c'est de pousser un pilote en F1. Et un futur champion. Lewis Hamilton et Sebastian Vettel débutèrent dans ce genre de filières.
Or, Renault, Toro Rosso et Ferrari ont du faire venir des pilotes de l'extérieur (comme titulaires ou comme essayeurs), faute de talents en interne !
D'une part, il y a un trop fort turnover. Les pilotes ne se sentent pas impliqués. Pour eux, ce n'est qu'un logo de plus sur la combinaison. Ils ne s'impliquent pas, car ils sont en permanence sur un siège éjectable. D'un côté, vous avez des pilotes qui partent après une unique mauvaise saison. Sacha Fenestraz est sur une vraie courbe ascendante et il a su créer un engouement autour de lui, via Michel Vaillant. A contrario, vous avez des pilotes qui restent alors qu'ils sont dans une impasse. A partir du moment où Charles Leclerc était promu en F1 et qu'Antonio Giovinazzi jouait sa doublure, il était clair qu'Antonio Fuoco avait 0 chance d'intégrer la F1 avec Ferrari. Alors pourquoi l'avoir conservé en 2018 ? Et puis, il y a des recrutements sur le tard... Mick Schumacher et Juri Vips ont brillé à l'automne dernier, en F3, mais le bilan de leurs saisons 2016 et 2017 étaient plutôt moyens. J'ai davantage l'impression qu'ils ont atteint un plafond de verre...

Personnellement, j'imaginerai une filière à six pilotes (trois en F4, deux en F3 et un en F2.) Une vraie pyramide. Celui qui atteint la F2, ça doit être LE pilote. Il doit déjà avoir un pied dans l'écurie de F1. Il doit avoir déjà roulé avec une vieille monoplace et il doit avoir ses points de superlicence FIA. Sa venue dans l'écurie doit être validée par les sponsors et les dirigeants de l'équipe. On doit lui programmer des "vendredi" et qu'il soit capable de remplacer au pied-levé l'un des titulaires. McLaren, avec la gestion de Lando Norris, doit être la référence en la matière.
Ensuite, il faudrait des contrats sur deux ans, avec un vrai suivi. Il faudrait privilégier le long terme et la promotion interne. Quand un pilote quitte la filière, il faudrait une vraie porte de sortie. Charge aux sponsors de les recaser ailleurs, comme le faisait Elf.

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