Rétromobile 2019 : 18. BMW 320 DRM

BMW, encore un stand privatisé le soir de la première. Heureusement, à l'entrée, il y avait cette 320 (E21) Groupe 5...
D.R.M. Pour les plus vieux, c'étaient trois lettres magiques. Celles du Deutsche Renn-Meisterschaft (Championnat de Courses Allemandes !)
Aujourd'hui, avec le DTM, l'ADAC GT, le VLM, l'ADAC F4... L'Allemagne est l'un des pays avec les championnats les mieux garnis. On ne s'étonne plus de voir des Allemands en F1.
Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Suite aux bombardements de la seconde guerre mondiale, nombre de tracés étaient impraticables. Et les promoteurs n'hésitaient pas à construire des résidences en plein milieu des lignes droites des tracés urbains... Du côté des pilotes, beaucoup avaient cédés aux sirènes nazis. Certains étaient en prison et d'autres ne sont jamais revenus du front. Quant à la zone Soviétique, devenue RDA, elle avait proscris la compétition.
En bref, le sport auto se releva lentement. Veritas fut un feu de paille. Mercedes-Benz arrêta tout après l'accident du Mans. Porsche fut la seule vraie équipe de compétition, présente en permanence. Le reste était composé d'amateurs courant sur des voitures de série, notamment en course de cote. Seule une poignée de pilotes, comme Karl Kling, Wolfgang von Trips et plus tard Jochen Mass, eurent une vraie carrière internationale. Les pays en forme, c'était la France, l'Italie et surtout, la Grande-Bretagne.

Chez BMW, les budgets compétition évoluèrent au fil de la situation financière. Avec la série 3 (E21), le constructeur Bavarois voulait frapper fort. Il lui fallait des victoires "internationales" ; la CSL avait ouvert la voie. A la même époque, Ford voulait faire de même avec sa Capri, tandis que Porsche souhaitait trouver un championnat pour sa monstrueuse 935.
Le trio convainc le placide championnat DRM (à l'époque dédié au tourisme de série) de lui créer un compétition et le DRM new-look était né, en 1977.
Le DRM marquait le grand retour du sport auto germanique.
C'est là que des équipes comme Schnitzer ou Zackspeed firent leurs premières armes.
Les trois constructeurs mixaient jeunes loups Allemands (Hans Stuck, Klaus Ludwig, les frères Winckelhock...), espoirs internationaux (Eddie Cheever, Marc Surer...), vieilles gloires en mal de F1 (Jacky Ickx, Dieter Quester, Rolf Stommelen...) et gentlemen-drivers (Hans Heyer, Dieter Glemser...) D'où un beau niveau de compétitivité.

De plus, à l'heure où les GT classiques s'effaçaient, le DRM offrait une alternative à l'hégémonie des protos.
Encore que cette 320 n'avait pas grand chose d'une E21 de série... Châssis tubulaire, moteur turbo, ailes élargies, ailerons délirants... Et encore, là, ce n'était que le début du DRM ! La 935 se vantait de rouler dans les temps des F1, sur le circuit Paul Ricard.
Dire que c'était une "GT", alors quelques années plus tôt, l'ACO avait fait classer la Ferrari 308 GT4/LM en "prototypes"... Luigi Chinetti a du s'étrangler en voyant la 320 d'Hervé Poulain (décorée par Roy Lichtenstein), dans le paddock de 1977...

Personnellement, j'adore les DRM. Elles ont un côté baroque, très Hot Wheels.

Le DRM connu son apogée à la fin des années 70. En 1978, Mercedes-Benz commit l'erreur de vouloir engager une V8 atmo, la 450 SLC. Une stratégie sans doute dictée par le marketing. Il reparti aussi sec.
BMW s'orienta vers la F1 et Porsche, vers les Groupe C naissants. Le DRM tenta de devenir un championnat national de Groupe C, puis le DTM lui vola son fond de commerce. D'ailleurs, du DTM "classe 1" à l'IMSA GTO, il est clair que les "silhouettes" du DRM avaient inspirés les législateurs...

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