Rétromobile 2019 : 22. Shadow DN5

Une Shadow DN5 de 1975, reconnaissable à sa cheminée et à sa livrée très seventies. Celle-ci était pilotée par Jean-Pierre Jarier.

A l'époque, "Godasse de plomb" disait que son avenir en F1 était de la couleur de sa voiture...
Le Parisien avait débuté avec une R8 Gordini, puis il enchaina : Formule France, F3 et enfin F2, en 1971. Avec l'équipe Meubles Arnold (chère au défunt site Mémoires des stands), il décrocha deux podiums et il fit même ses débuts en F1, avec une vieille March. En 1973, il décrocha un baquet (payant) chez March : il remporta la F2 et accumula les contre-performances en F1. Ferrari l'approcha, mais Clay Regazzoni fit pression pour que la Scuderia embauche plutôt Niki Lauda.
A son arrivée chez Shadow, Jarier se disait sans doute que sa carrière était finie avant d'avoir commencé...
Pourtant, d'emblée, avec Shadow, il décrocha un podium, à Monaco. Fin 1975, Ligier l'approcha pour qu'il teste la JS5. Il refusa. Les uns avancèrent que c'était par respect pour son mentor, Jean-Pierre Beltoise, également en lice pour le baquet. D'autres, que plus prosaïquement, il savait que Jacques Laffite avait déjà un contrat, via "Rom" et qu'il aurait servi -au mieux- de lièvre. Finalement, il pilota pour Ligier à trois reprises (1977, 1981 et 1983.)
Pilote très viril, Jarier fut le seul grand pilote Français de la période 75-85 à ne pas avoir triomphé. Pourtant, ce n'est pas passé loin avec Lotus...
Ensuite, il connu une belle carrière en tourisme (avec une Camaro !) Il profita du BPR pour relancer sa carrière, dans les années 90. Puis il y eu le GT-FFSA et les deux titres de champion de France avec la 911 GT2 peinte par Klasen ou cette 911 GT1 qu'il tenta désespérément de qualifier au Mans.

Plus récemment, il a coaché Julien Falchero lors de ses débuts en GP3.
Et puis, il y a eu cette rumeur : Jarier allait devenir le "M. Sécurité Routière" de Marine Le Pen, en vue de 2017. Ca n'a jamais été confirmé. Est-ce une rencontre, entre un cadre du FN et lui, qui a été montée en épingle ? Ou bien l'ex-pilote de F1 s'est-il dégonflé face au torrent de boue qui suivi les articles de presse ?
L'écurie Shadow est elle-même un mystère.

Don Nichols prétendait avoir combattu durant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre de Corée. Puis il fut agent de la CIA, chargé de convaincre les déflecteurs de Corée du Nord de retourner dans leur pays et de lui livrer des informations. Puis il travailla au Japon, où il se passionna pour le sport auto.
Ce qui est sûr, c'est qu'en 1968, il fonda Advanced Vehicle System. Et lui, l'homme de l'ombre, baptisa ses châssis Shadow. L'écurie débuta d'abord en CanAm, c'est là qu'il recruta Jackie Oliver et George Follmer.
En 1973, Shadow débuta en F1, avec Oliver et Follmer. Barbe et chapeau (pour masquer la calvitie), Nichols ne passait pas inaperçu ! Et donc, il recruta Jarier en 1974. En 1977, Alan Jones décrocha le seul succès de l'équipe en F1. A la fin de l'année, Alan Rees, Oliver et Tony Southgate (soit la moitié de l'équipe) partirent fonder Arrows. Jo Ramirez fut appelé à la rescousse pour sauver Shadow. Hans Stuck et Clay Regazzoni grappillèrent quelques points. En 1979, la venue de Jan Lammers fut un pétard mouillé.
En 1980, Nichols vendit à Teddy Yip, qui cherchait à monter une équipe de F1. Puis il disparu de nouveau des écrans de radar...
Il faut dire que dans les années 70, 80 et même 90, on ne se posait pas beaucoup de questions. A l'époque, tous les 3, 4 mois, il y avait une rumeur d'équipe de F1.Souvent, c'était des gens venus de nul part, sans aucune expérience de la F1.
Après tout, à l'époque, les petites équipes n'avaient qu'une dizaine de permanents (d'où les déboires de Shadow après le départ de cinq personnes !), dont un unique designer. Les budgets se comptaient en milliers d'euros. Moyennant finance, Dallara, Lola ou Reynard pouvaient vous dessiner une voiture. Vous pouviez même vous contenter de reprendre un projet mort-né, mais presque achevé (comme le firent LEC, Andrea Moda ou Forti.) Quant à Cosworth, il livrait des moteurs à tout ceux qui le payait.
Beaucoup de projets ne furent que des maquettes, voire des dessins. Il y eu même des voitures effectivement construites, comme la Ganley ou la Dome, qui ne coururent jamais. Certaines voitures, comme la LEC, la Maki, l'Amon ou la Life se présentèrent à quelques courses, puis disparurent aussi sec. D'autres, comme Shadow, Wolf ou Hesketh réussirent même à s'imposer.

En tout cas, dans les paddocks de F1, on était habitué à voir des projets farfelus.

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