Toyota Supra GR, mon soixantième essai

Dire que mon précédent essai, c'était le Citroën SpaceTourer !

On change complètement d'univers avec Toyota Supra GR. Lorsque j'ai vu la Supra chez Exclusive Drive, j'ai immédiatement voulu l'essayer. Le plumage était excitant, quid du ramage ?

Voici justement l'exemplaire qui était sur le circuit Bugatti (NDLA : d'où les gommettes sur les plaques.)
Une voiture incroyable. Avec elle, même au pied d'une barre quelconque, vous vous croyez dans Gran Turismo Sport !
Présentation
Lors de l'essai de la Toyota GT-86, j'avais raillé son développement interminable. Le constructeur fit encore pire avec la Supra !

Quoi qu'en dise Toyota, dans les années 90, la Supra et la Celica étaient ignorées, voir méprisées.
La Celica était lourde et poussive. Oui, la version routière d'une multiple championne de rallye était un veau. Toyota, c'était le MV Agusta de l'auto !
La Supra quatrième génération voulait frapper fort. Mais le turbo, c'était dépassé, en 1995 : trop brutal. Et personne n'acceptait de mettre 420 000frs dans une Toyota. D'ailleurs, c'était le prix d'une Alpine A610, c'est dire ! Pour 80 000frs de moins, vous pouviez rouler en BMW M3. Elle était moins performante, mais elle vous posait son homme !
Du coup, la Supra (comme la NSX et la 300ZX) fut synonyme de wesh-wesh...

Les Fast & Furious et autres Gran Turismo offrirent un joli story-telling. La mal-aimée devint une voiture légendaire. Puis il y eu la 350Z, la GT-R, la 370Z, la NSX... Toyota ne pouvait rester les bras croisés !
Il y eu d'abord la FT-HS du salon de Detroit 2007. Mais la clientèle ne voulait ni de sa robe cunéiforme, ni de son V6 hybride. Le projet connu des hauts et des bas, jusqu'au salon de Detroit 2014 et la FT-1.
Toyota n'avait pas osé ressortir le badge "Celica" pour son petit coupé. Cette fois-ci, il se jeta à l'eau, en la nommant "Supra". Reste que le constructeur n'avait ni plateforme, ni moteur adéquat. Il se fournit chez BMW et sa Z4. Au Festival of Speed de Goodwood 2018, la Supra GR définitive fut dévoilée, mais camouflée. Finalement, au salon de Detroit 2019, elle fit enfin ses débuts !
Côté look, lorsqu'on zoom, on a cette impression que le designer a voulu dessiner jusqu'à ce que son stylo n'ait plus d'encre ! Un peu de Supra quatrième génération (optiques avant, vitres de custode...), un peu de TS050 Hybrid (nez...), quelques touches rétros (double-bossage du toit...), un peu de Prius JGTC (aileron avant, diffuseur...)

Néanmoins, en dézoomant, on est face à quelque chose de cohérent. C'est un gros coupé à moteur avant, volontiers exubérant. A fortiori dans ce Prominence red.
La faible hauteur (1,29m) et la largeur conséquente (1,86m) lui donne des proportions étonnante. Capot interminable, fessier musclé, jantes 19 pouces et deux William Saurin bien en évidence. C'est viril, bestial et bien sûr, ostentatoire. Elle a un côté très "jeu vidéo". C'est tellement rare, de nos jours, un design aussi typé !
Si j'avais 12 ans, j'aurais mis un poster de Supra au-dessus de mon lit !
Pendant quelques jours, j'ai eu quelques pouces levés. Un motard a frôlé le torticolis. Chaque fois que je m'arrêtais quelque part, il y avait un attroupement. Les ados s'approchaient : "Eh, m'sieur, m'sieur, elle est trop bien, votre voiture." Il y en a qui ont fait des story sur Instagram. Le plus drôle, j'avoue, c'était un petit garçon tellement hypnotisé par la Supra, qu'il n'a pas vu une inégalité devant lui et boum !

Ca prouve que même en 2019, l'automobile fait rêver les enfants. Vous imaginez, un enfant mettre un poster de vélo ou de métro au-dessus de son lit ? J'espère que des années plus tard, un de ces gamins racontera : "Ma passion pour les voitures, elle a débuté très précisément en 2019. J'ai vu une Toyota Supra et là, j'étais accro..."
Intérieur
Avec 2,47m, son empattement est plus court que celui d'une GT-86. Cela se ressent à l'intérieur, qui est confiné. La hauteur sous plafond et l'imposante console centrale renforcent cette impression. Et bien sûr, c'est une deux places.

En même temps, voilà, vous n'êtes pas là pour aller chez vos beaux-parents. Vous avez l'impression d'être Fernando Alonso, effectuant un relais au Mans. Vous vous glissez à bord, le corps bien maintenu dans le baquet et maintenant, il faut passer à l'action... Il ne manque que l'arceau-cage !
Les fans de BMW auront remarqué que l'essentiel des boutons, ainsi que l'écran 8,8 pouces proviennent de la Z4.

L'avantage de l'apport bavarois, c'est une très belle finition, inhabituelle sur une Japonaise. Le cuir est très beau.
La série limitée A90 Edition y rajouterait un intérieur bicolore. Ce qui, à mon avis, est too much.

L'inconvénient, c'est un système multimédia complexe, avec écran tactile, molette et boutons, pas du tout intuitif. Et dans le feu de l'action, vous pouvez inintentionnellement appuyer sur quelque chose et éliminer vos réglages...
Moteur/tenue de route
Pour la GT-86, Toyota avait pioché chez Subaru. Cette fois-ci, donc, c'est chez BMW que les Japonais se sont servis. Et ils ont la main lourde : la plateforme CLAR, le 6 cylindres-en-ligne 3,0l 340ch, les trains roulants et même sa chaine de production, chez Magna-Steyr, à Graz !

Évidemment, le moteur est longitudinal et c'est une propulsion. La boite est automatique, à huit rapports.
Contact. Jusqu'à 2 000 tours/minute, le moteur est silencieux. Ensuite, il émet un feulement. Surtout, vous vous prenez 500Nm de couple (NDLA : en fait, le pic de couple débute à 1600 tours/minutes.) La première fois, j'étais surpris au point d'avoir le coup du lapin ! Puis, au-delà de 4500tours/minute, le 6 cylindres rugit.
En 4,3 secondes, vous êtes à 100km/h. Les rapports s'enchainent, mais grâce à la vaste plage de couple, la poussée ne faiblit pas. On se croirait dans une électrique !
Dans le trafic, vous êtes forcé d'énormément anticiper. BMW est réputé pour ses châssis et il le prouve une fois encore. La répartition des masses est de 50/50. Toyota et son Gazoo Racing ayant parachevé le travail sur le Nürburgring. Par contre, c'est une propulsion à l'ancienne, qui chasse en cas de démarrage façon dragster et sans ESP. Les habitués des béquilles électroniques vont finir au tas... Personnellement, ayant connu "l'avant" ESP, je préfère ce genre de voiture : c'est vous qui pilotez, pas l'électronique. Seul reproche : la boite de vitesse un poil lente lors des reprises.

Elle revendique 7,5l aux 100km, mais qui va faire de l'éco-conduite en Supra ? Remarquez, j'en connais qui en seraient capable... Je repose ma question : quelle personne censée ferait de l'éco-conduite en Supra ? Comptez donc plutôt 11l, voire 12l en mixte. Et si vous avez le pied un peu lourd... Au bout de 150km, la moitié du réservoir de 52l avait disparu...
Conclusion
Ca valait le coup d'attendre ! Look, intérieur, tenue de route... C'est de l'ultra-sportif, avec peu de compromis. De la voiture pour attaquer.

Elle m'a rappelé la Nissan 350Z : une voiture performante, mais aboutie comme l'est un véhicule de grande série.

Ce tableau presque parfait a un prix : 65 900€ et avec 170g, elle est pénalisée par un malus de 4 890€. C'est de bonne guerre, Toyota prétend avoir déjà écoulé les 900 exemplaires alloués pour 2019.

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