Vacances méridionales : 3. Mont Ventoux

Etant rarement de passage dans le Sud-Est, j'ai tenu à visiter le Mont Ventoux.

Pour la plupart, le Ventoux, c'est une étape du Tour de France. Pour d'autres, c'est un vin. Pour les gens comme moi, c'est une course de cote.
En 1885, une route fut tracée. Dès 1902, les bolides se lancèrent à l'assaut du mont. Il y avait pas mal de gentlemen-drivers. D'où des incongruités, comme un vainqueur de 1921 au volant d'une Voisin guère taillée pour la course. Mais Georges Boillot s'y imposa trois fois, avant la guerre, avec la Peugeot L76, la première vraie voiture de Grand Prix ! René Thomas, surtout célèbre pour ses succès à Indianapolis, en remporta deux éditions.
En 1934, la route fut bitumée. Hans von Stuck s'y imposa avec l'Auto-Union Type A.
La grande époque, ce fut l'immédiat après-guerre. Tous les as Français s'y pressaient. Maurice Trintignant, Robert Manzon, Jean Behra et René Cotton (futur créateur du service compétition de Citroën) inscrivirent leur nom au palmarès. Dans les années 60, la discipline connu son apogée. Porsche défiait Abarth et Ferrari, au point de créer des voitures dédiées à la cote. Avant de briller au Mans, c'est en cote que Porsche décrocha ses premières victoires "scratch".
Le retrait des constructeurs fut un coup dur. Jimmy Mieusset, le premier vainqueur de la Coupe R8 Gordini s'y imposa 3 fois, mais ça ne valait pas le prestige des pilotes internationaux...
Arrêtée en 1976, la course reprit en 1988. Marcel Tarrès la remporta 3 fois.

Je n'ai pas trouvé la date de la dernière édition de la course de cote du Mont Ventoux. En tout cas, depuis 2008, Peter Auto organise une montée historique.
Le parcours initial faisait 20km. On part du village de Bédoin. On passe au milieu des prairies et des vignes, puis ça grimpe. C'est très boisé. La route est sinueuse et la difficulté va crescendo, avec des pentes toujours plus raides. Et enfin, on atteint l'observatoire, dans un paysage lunaire.
Les premiers pilotes grimpaient le Ventoux en 20 minutes. Mais bon courage pour faire aussi bien ! Tout le monde grimpe à un rythme de tortue... Même les motards se trainent, avec des virages prit à 30km/h ! Les pires, ce sont les nombreux cyclistes, qui roulent à deux de front. Et en descente, ils prennent la corde, tranquille...

N'empêche, j'aimerais bien y retourner, avec une petite puce, comme une Lotus Elise...

Dans l'unique boutique au sommet, il y avait des bibelots sur le thème du cyclisme et des motards, mais rien lié à l'automobile.
Quoi qu'il en soit, le Mont Ventoux gagne a être connu. Des épingles, du dénivelé... Ce n'est pas du tracé de fillette ! Pikes Peak était déjà célèbre. Top Gear a fait connaitre Stelvio et le Transfăgăraș. Pour autant, sachez que dans le Vaucluse, il y a déjà tout ce qu'il faut pour s'amuser...
C'est sûr qu'aujourd'hui, plus personne ne s'intéresse à la course de cote.
En 2013, Sébastien Loeb s'échauffa pour Pikes Peak au Ventoux, avec sa monstrueuse 208. Des ignares écrivirent qu'il emprunta une étape du Tour de France. Bonjour la culture auto...

Au sommet, j'ai eu une pensée pour Lionel Regal. 9 ans déjà. Il n'a jamais remporté le Ventoux.

Récemment, Romain Dumas (le dernier pilote soutenu par Maurice Trintignant) s'élança à l'assaut de la montagne de Tianmen, en Chine, avec sa Volkswagen ID.R (NDLA : en fait, une Norma.) "Lio", ça lui aurait plu, ce genre de défi. Pour y aller, Volkswagen avait affrété un train spécial. Lui, il aurait traversé toute l'Asie avec le camion du Team Regal !

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