Une pub unique !

Les publicités murales s'effacent avec le temps (intempéries, ravalements, destructions...) Alors cela fait toujours plaisir d'en croiser une.

Ici, il faut de bons yeux pour lire "camions Unic-Fiat, 400 points de service en France." Le logo Fiat en Italique est arrivé en 1968. En 1976, Unic-Fiat est devenu "Iveco-Unic". Cela fait donc environ 45 ans que cette publicité a été peinte sur ce mur de ferme.

Unic, c'est une histoire compliquée. En 1905, Georges Richard claquait la porte de Richard-Brasier. A l'époque, l'automobile était formé de start-ups avant l'heure : des PME qui ouvraient et fermaient du jour au lendemain. Le baron Henri de Rotschild permit à Richard de se lancer dans un nouveau projet : des automobiles uniques, stylistiquement et mécaniquement. Richard appela donc sa société Unic.
Richard avait flairé l'explosion des utilitaires légers. En 1922, Unic lança le M5C, son premier utilitaire. Bientôt, la firme disposa de toute une gamme d'utilitaires légers et lourds. La mort du fondateur, en 1922, fut un coup dur. Georges Dubois lui succéda. Dans les années 30, Citroën, Peugeot et Renault menèrent une politique agressive dans le milieu de gamme. Trop conservateurs, avec des moyens techniques et financiers limités, Unic se retrouva marginalisé, comme Ariès ou Berliet. En 1937, il se concentra sur les camions. Lorsque Michelin avait racheté Citroën, Adolphe Kégresse et ses autochenilles partirent chez Unic. Le constructeur produisit ainsi des évolutions des autochenilles.
Dans le cadre du plan Pons, Unic se retrouva brièvement sous la coupe de Simca. Georges Dubois et le baron Henri de Rotschild disparurent peu après. René Copin, parachuté N°1, profita des liens avec Simca. En 1952, Unic devint ainsi une filiale de Simca. Peu après, ce constructeur racheta Ford SAF -qui possédait une branche PL- et Unic de récupérer l'activité PL de l'ex-Ford SAF. Simca s'offrit également la branche française de Saurer et les tracteurs Someca. Avec la création de Saviem, en 1955, il y eu une forte concentration dans le secteur des utilitaires français ; il fallait grossir au plus vite.
En 1962, Chrysler, actionnaire de Simca depuis 1958, racheta l'ensemble du constructeur à Fiat... Mais à la stupéfaction des Américains, Fiat se garda Unic et Someca. Dans les années 60, le géant turinois voulu rationaliser son pôle PL. Unic reçu ainsi des châssis et des cabines OM, dont il distribua également les produits. Les autocars Unic, eux, reposaient sur des châssis Fiat.
Hélas, la croissance ne fut pas au rendez-vous. De plus, au milieu des années 70, Unic fut exclu d'un lucratif appel d'offres militaires, taillé sur-mesure pour Saviem et son SM8. Fiat avait déjà prévu une réorganisation : Fiat (camions), Lancia (camions), Magirus, OM et Unic allaient être regroupé dans Iveco. Cela permettait aux Italiens d'avoir un coup d'avance dans une concentration européenne qui se profilait. Par contre, Fiat ne croyait plus en Unic. Ses différents véhicules allaient être remplacés par des Iveco fabriqués en Italie. Les usines Françaises fermèrent les unes après les autres. Il ne restait plus que le logo, comme ailleurs avec OM ou Magirus. En 1992, Iveco-Unic devint Iveco France. Le point final de l'aventure.

Quel est l'avenir d'Iveco ? Exor a vendu Magneti-Marelli. La fusion de FCA et PSA est un moyen de se débarrasser des autos. Dans le même temps, Exor se renforce dans les médias avec l'Italien Gedi. Dans ce contexte, on le voit mal conserver CNH Industrial (qui comporte Iveco.) D'autant plus que les ventes plafonnent. Malgré la prise de contrôle d'Irisbus et d'Heuliezbus, les ventes plafonnent en France. Au niveau Européen, Iveco est une marque forte dans le VUL. Mais dans les PL, il est méconnu.
Tous les ingrédients sont là pour une revente. En Europe, les généralistes cherchent à séparer leurs activités PL, avec l'idée de la revendre (cf. VW et TRATON.) Les Indiens Ashok Leyland, Mahindra et Tata veulent de développer dans les utilitaires. Mais ils veulent acquérir des savoir-faire pour les transférer en Inde (cf. Ashok Leyland avec Avia et Tata avec Daewoo), pas se doter d'une marque mondiale. En Chine, Iveco possède un partenariat avec SAIC, au sein de Naveco... Sauf que SAIC a (re)bâti Maxus en dépouillant Naveco de ses cadres et de son BE ! Désormais, SAIC possède sa propre marque mondiale et il laisse crever Naveco. Byd et Geely sont deux constructeurs en quête de croissance dans les utilitaires, mais ils ne s'intéressent qu'à l'électrique. On pourrait imaginer par exemple un Daily électrique, avec chaine de traction Byd. Reste BAIC, Foton, DongFeng et FAW, qui eux, seraient intéressés par les PL d'Iveco. Ils lorgnent sur ses camions -plus modernes que les PL Chinois- et surtout, l'implantation d'Iveco en Afrique et en Amérique Latine. Exor pourrait opter pour une vente à la découpe d'Iveco. Voire à vendre à un acquéreur intéressé par une partie de ses activités et feindre l'étonnement lorsque l'acquéreur revendra le reste d'Iveco...

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