DKW-Vemag Belcar au 1/40e


Il n'y a pas que les voitures Chinoises, dans la vie ! Bien d'autres pays ont leur lot de productions exotiques.  Voici donc une DKW-Vemag Belcar, au 1/40e.

DKW, cela vous parle à peu près. Mais Vemag... Et quid de Belcar ? Une voiture Belge, produite à Forest, dans l'actuelle usine Audi ? Vous n'y êtes pas du tout ! 

Vous vous souvenez de la collection Carros Nacionais ? Cette série fut lancée par Planeta deAgostini, le partenaire Brésilien d'Altaya, évoquant les débuts de l'industrie automobile Brésilienne.
On a trop tendance à réduire l'automobile Brésilienne aux productions locales Fiat et Volkswagen. Mais au début, d'autres constructeurs tenaient le haut du pavé tels Willys, FNM, Ford... Ou DKW-Vemag !

Au total, elle comprend 36 véhicules. J'avais mis la main sur onze d'entre-eux. C'est par hasard que j'en ai découverte une douzième, une DKW-Vemag Belcar.

N'est-elle pas mignonne, avec ses rondeurs, un brin désuètes pour 1959  ? Les DKW miniatures ne courent pas les rues, alors une DKW-Vemag... De quoi lui faire pardonner sa finition un peu grossière de jouet.

Cette fois-ci, cela m'étonnerait que j'arrive à en dénicher une de plus.

C'est presque un miracle qu'Auto Union, à travers Audi, nous soit parvenu jusqu'à nous. L'entreprise a longtemps vivoté.

Audi, DKW, Horch et Wanderer étaient de petits constructeurs, durant l'entre-deux guerre. Jørgen Skafte Rasmussen, propriétaire de DKW, profita de la crise économique pour racheter d'autres constructeurs... Sauf que DKW avait elle-même les poches trouées. Rasmussen appela un financier, Richard Bruhn, à la rescousse.
En 1933, le groupe prit le nom d'Auto Union. A la même époque, un certain Hitler prit le pouvoir. Or, Auto-Union comprenait nombre de cadres supérieurs Juifs. Un coup dur. En revanche, en reprenant un projet de monoplace de Grand Prix, Auto Union se fit un nom.
Durant la guerre, le groupe fit de la sous-traitance pour les blindés et autochenilles de la Wehrmacht. Horch fournit des limousines et command car pour les officiers. Bruhn, membre du parti nazi, disposa de camps de travail. Les ouvriers blessés ou malades y étaient exécutés.
En 1945, les principales usines d'Auto-Union se retrouvèrent en zone Soviétique (future RDA.) Bruhn et quelques autres cadres furent condamnés pour leur appartenance au parti nazi. Bruhn passa son CV au Tipp-ex et il fut libéré en 1950. Il redémarra DKW avec un entrepôt, transformé en atelier d'assemblage, à Düsseldorf. Le premier véhicule fut un van, le Schnellaster et il permit à DKW de s'offrir une vraie usine, à Ingolstadt. Puis il y eu la berline F89 et le tout-terrain militaire Munga. Mercedes-Benz devint l'actionnaire majoritaire, en 1958.
Néanmoins, DKW eu tout le mal du monde à prendre le virage des années 60. Ses moteurs à deux-temps étaient dépassés. En 1963, Mercedes-Benz vendit Auto Union à Volkswagen. Il déposa un projet de Mercedes-Benz, la W118/W119, dans la corbeille. La marque DKW était moribonde et Volkswagen la remplaça par Audi en 1965. La première Audi, la F105 (dérivée donc des W118/W119), fut un demi-succès. Ingolstadt occupait ses ouvriers en produisant des Coccinelle. Volkswagen songea à bazarder Audi. Ce qui sauva la marque, ce fut le décollage de l'Audi 100... Et l'effondrement des ventes de la Coccinelle. Audi, renforcée par NSU, avait la voie libre.
Encore une fois, la montée en puissance d'Audi ne fut pas aussi simple que le dit le constructeur. Certes, les titres de l'Audi Quattro en rallye firent connaitre la marque. Mais aux USA, l'Audi 5000 (NDLA : 100) était sujette à des accélérations spontanées. En 1986, 60 minutes fit un reportage bidonné et les ventes s'écroulèrent. En Europe, les Audi avaient une réputation de voiture lourde, conservatrices et un peu austères. Dans les années 90, la firme aux anneaux investit lourdement pour renouveler sa gamme et dynamiser son image. Malgré tout, il fallu attendre le milieu des années 2000 pour qu'elle soit au niveau de BMW et Mercedes-Benz...

Partons maintenant au Brésil. En 1945, un groupe d'hommes d'affaires montèrent une entreprise, afin de représenter Studebaker au Brésil. Les affaires marchèrent bien. En 1951, ils voulurent assembler localement des camions Scania. Ils se rebaptisèrent Veículos e Máquinas Agrícolas S.A. (Vemag.) La demande était forte. Au point où Scania voulu construire en direct des camions. Les Suédois déposèrent un préavis aux Brésiliens.

Ces derniers se rendirent en Allemagne, afin d'assembler des DKW Munga. Comme on l'a vu plus tôt, DKW/Auto-Union traversa de nombreux trous d'air. En mal de cash, les Allemands forcèrent la main de VEMAG. Il retournèrent au Brésil avec également une licence pour la berline F91. Cette dernière fut renommée Belcar (une déformation de "bello carro", belle voiture.)

La Belcar fut assemblée à São Paulo à partir de 1959. Dès 1960, elle reçu le moteur 1l 50ch de l'Auto-Union 1000. Vemag fit dessiner un coupé, par Fissore, sur cette base. Elle prit naturellement le nom de Fissore. Enfin, en 1964, la Belcar fut reliftée avec une maladroite face avant à quatre phares.

A cette date, Volkswagen avait sacrifié DKW en Europe. Il prit le contrôle de Vemag. Pas question de la faire muer en usine Audi. En 1967, la production de la Belcar fut interrompue, afin de produire des Zé do Caixão à São Paulo.
38 ans plus tard, en 2015, Audi s'offrit une usine au Brésil, à Curitiba. Elle assemble des A3 4 portes et des Q3. Avec à peine quelques milliers d'unités par an, il s'agit d'une usine tournevis. Notons que lors de son démarrage, Audi ressortit des Vemag, afin de montrer son ancrage brésilien.

Signalons que les Vemag ne furent pas les dernières DKW.

En 1960, Industria Automotriz Santa Fe Sociedad Anónima (IASF) obtint lui aussi une licence de production. Son usine construisit jusqu'en 1969 des voitures proches des Vemag, à savoir des Auto Union 1000 S (Belcar/F91) et des Fissore. Le Schnellaster, lui, fut produit jusqu'en 1979.

En Espagne, IMOSA assembla des Schnellaster à Vitoria-Gasteiz. Equipé d'un moteur d'Auto-Union 1000, il fut renommé DKW F1000 L. La production se poursuivit jusqu'en 1975. A cette date, profitant de la libéralisation de l'Espagne, Mercedes-Benz acheta IMOSA. Le F1000 L reçu un diesel Mercedes-Benz et une étoile sur la calandre. Il fut remplacé en 1981 par le MB100, qui restait esthétiquement proche du van qu'il remplaçait.

Pour les fans de Spirou, sachez qu'une DKW F89 apparait dans les toutes dernières cases de La Quick Super (regroupée avec Les Pirates du silence dans l'album éponyme.)

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