XPeng 1024 Tech Day

C'est la troisième édition du "1024 XPeng Tech Days". Trois ans, c'est aussi le nombre d'années pleines de production du constructeur. Néanmoins, il cherche déjà à se projeter dans sa "deuxième mi-temps".

He Xiaopeng, PDG de la marque, traverse la salle en jeans et sweat-shirt. Une image impensable, il y a quelques années.

Pendant longtemps, les grandes messes Chinoises étaient très formelles. Wang Chuan Fu (Byd) s'était inspiré de Steve Jobs avec messages chocs, "one last thing", etc. Mais pas question de tomber le costume ! He Xiaopeng, lui, s'inspire d'Elon Musk : style casual et sourire aux lèvres.

Après, les comportementalistes noteront qu'il reste au milieu de l'estrade, au niveau du logo de l'entreprise. Pas questions non plus de faire des blagounettes, d'interpeler le public ou de déborder sur sa vie privée (NDLA : les PDG US adorant le "ma femme me dit toujours que...".)

"1024", cela correspond à la date du keynote : 24 octobre. Les électroniciens et informaticiens savent que "1024" cela correspond à 10 bits. Le mathématicien Gottfried Liebnitz s'en était rendu compte en 1697 !
D'emblée, XPeng nous installe dans un univers très geek.

XPeng connait une croissance exponentielle. Cette année, elle dépasse pour la première fois les 50 000 ventes. Septembre 2021 fut d'ailleurs le premier mois à cinq chiffres. He Xiaopeng note que près de 90% des voitures disposent de l'option XPilot 2.5 et près de 60% de la dernière version de son mode autonome, le XPilot 3.0 (pourtant facturé environ 5 000€.)

Pour le jeune constructeur, il semble évident que sa clientèle demande toujours plus de contenus technologiques.

Pour autant, XPeng effectue une légère descente en gamme. La nouvelle berline P5 doit toucher une population plus large, moins urbaine et qui roule davantage.
Le 1er octobre, fête national en Chine, beaucoup de néo-citadins retournent à la campagne. Ici comme ailleurs, point de chargeurs.

Le constructeur propose également des superchargeurs. Il est déjà N°1 en Chine. Son prochain modèle se veut silencieux, facile à manipuler. Surtout, avec ses 800V, il permet de récupérer 200km d'autonomie en 5 minutes ou de passer de 10% à 80% de charge en 12 minutes. He Xiaopeng espère couvrir le territoire avec.

Wu Xinzhou, vice-président conduite autonome, prend le relais.

Des constructeurs de voitures électriques, on en a vu pousser comme des champignons, en Chine. La différenciation de XPeng porte sur la conduite autonome. Le constructeur semble s'inspirer à la fois du succès de l'Autopilot de Tesla et de ses propres chiffres de vente.
Wu Xinzhou déclare qu'en 3 ans, les XPeng ont effectué davantage de kilomètres en mode autonome que les voitures de Waymo (dont les premiers prototypes remontent à 2009.)

Le XPilot 3.0, son NGP "Navigation Guided Pilot" passera à l'indice 3.5 début 2022.

Les propriétaires de XPeng profitent largement des routes où il est possible de rouler en mode autonome. Mais dans seulement 10% des trajets, les propriétaires empruntent un tronçon où il est possible de rouler en mode autonome. A savoir des autoroutes récemment refaites, rectilignes et sans tunnel (vu que la voiture utilise son GPS pour définir la meilleure trajectoire.)
La "seconde mi-temps", c'est d'offrir davantage de possibilités de rouler en mode autonome. La variante 4.0 du XPilot, prévue pour 2023, imposera un rétrofit du hardware. Pour Wu Xinzhou, ce n'est pas de la conduite autonome, mais davantage un "copilote virtuel".

Le clou du spectacle, c'est une démonstration du XPilot 5.0. Là, on passe vraiment en mode autonome. Grâce à ses caméras et ses radars, la berline est capable de naviguer toute seule dans la trépidante circulation urbaine Chinoise. Elle sait en effet détecter piétons et deux-roues. Par sécurité, le conducteur garde les mains près du volant. Et avec son OS Xmart 4.0, elle peut même trouver toute seule une place libre, dans un parking souterrain et s'y garer !

On note que la vidéo est accélérée, parfois jusqu'à 20x. En effet, dans la prise de décision, le XPilot 5.0 est digne d'un septuagénaire. Pour passer un cédez le passage, mieux vaut être patient...

Pas de date de lancement annoncé pour le XPilot 5.0. Par contre, He Xiaopeng annonce qu'avant de vous laisser profiter de l'autonomie (presque) totale, le conducteur devra télécharger l'appli XPeng. Appli qui comporte un "permis de conduite autonome". Il faut passer le test et si on le réussit, XPeng vous débloquera le XPilot 5.0 !

Jusqu'ici, XPeng, ce n'est que des voitures. He Xiaopeng annonce une diversification dans la robotique pour particulier. Premier produit : un poney électronique. C'est un mélange de l'Aibo de Sony et du Gita de Vespa : un quadrupède électronique, capable de transporter une charge légère. Il peut vous apporter quelque chose, déposer quelque chose à quelqu'un ou bien vous suivre.
Dans le clip de présentation, les acteurs l'appellent "xiao ma long" (小马隆, le poney du tonnerre ?) XPeng Robotics doit en présenter la version définitive l'été prochain.

L'autre marotte de XPeng, ce sont les voitures volantes. Les premiers prototypes d'UAM (Urban Air Mobility) n'étaient que de gros drones. La sixième génération est presque une vraie voiture électrique. Elle peut transporter deux personnes et leurs bagages (soit un chargement total de 200kg) à 130km/h.

Les deux rotors et leurs nacelles se replient dans le coffre. Une fois déployés, l'engin fait 7 mètres d'envergures. Aussi, le système ne se déploie que s'il y a assez d'espace autour (ne comptez donc pas vous envoler en plein embouteillage.) Dans certaines villes Chinoises, les voitures volantes sont autorisées à basse altitude ; le permis auto suffit. Mais l'UAM 6.0 ne sait voler que de jour, par beau temps. Signalons qu'en cas de pépin, un parachute sort !

C'est sans doute la séquence où He Xiaopeng singe le plus Elon Musk. Il a bien compris qu'il fallait vendre du rêve. Même s'il est lui-même dubitatif face à son UAM. Quant au lancement planifié pour 2024, là, c'est le niveau zéro de la conviction...

En tout cas, à l'instar de Li Shu Fu (Geely) ou de Wang Chuan Fu (Byd), le PDG de XPeng veut passer pour un visionnaire ayant un coup d'avance.

Le gros problème de tous les constructeurs (dans le thermique ou l'électrique), c'est de trouver des ingénieurs Chinois. Depuis un quinzaine d'années, nombre de constructeur ont du délocaliser le R&D ou le design en occident.

Avec le projet X-TID, le PDG lance un appel aux jeunes Chinois tentés par un carrière dans l'automobile. Un moyen de souligner que les XPeng seront du "made by China". Il s'offre même une référence au "Stay hungry, stay foolish" de Steve Jobs (que tous lycéen Chinois se doit de poster sur les réseaux sociaux.)

Au final, aucune annonce sur les futurs modèles de XPeng ou ses futurs développements (comme l'export en occident.)
He Xiaopeng s'adresse en priorité aux technophiles Chinois. Lorsque l'on achète une Tesla, on n'est pas juste propriétaire d'une voiture. On achète une philosophie, presque une idéologie. Exactement comme avec Apple. Xpeng cherche donc à proposer lui aussi une philosophie. Même si He Xiaopeng n'a pas le côté messianique d'un Steve Jobs ou d'un Elon Musk.
Le discours du PDG est également destiné aux autorités Chinoises. Il leur dit discrètement : "Arrêtez de subventionner Geely, Byd (deux entreprises privées), GAC ou SAIC (deux marques étatiques.) Eux, c'est le passé ! Nous, on apporte à la Chine la voiture autonome et la voiture volante. Alors faites-nous plutôt des chèques !"

(Captures d'écrans de XPeng)

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