Silvr Shadw

Après avoir ramené la Dacia Spring, je pris le chemin du retour. A deux feux rouges de l'entrée du périphérique, une vision incroyable : une Rolls Royce Silver-Shadow tunée !

Tuner une Silver-Shadow, cela possède un côté punk. En tout cas, c'est indéniablement une provocation.

Ce qui est dommage, c'est que l'auteur semble avoir hésité entre différents styles. Un peu restomod (déchromage partiel, feux arrières modernes), un peu custom californien des années 90 (paintstrip, jantes démesurées), un peu gothique (tête de mort ici et là), un peu rod 60s (train arrière relevé, train avant rabaissé), etc.

Sachant qu'aux Etats-Unis, le monde des rods et des customs est très codifié. Chacun étant associé à une époque, une culture, une communauté...

Fait rarissime, il n'y a aucun site web, aucun compte Instagram, sur la voiture. Les recherches sur Google ne donnent rien. De nos jours, c'est tellement rare, les personnes discrètes, dans le milieu du tuning !

Chez Rolls-Royce, les reformes se font lentement. Cet élitisme est d'ailleurs revendiqué. La Silver Dawn (1949) était la première voiture de la marque proposée avec une carrosserie. Mais il faudra attendre la Silver Cloud (1955) pour que le prêt-à-porter devienne vraiment la solution par défaut.
10 ans plus tard, la Silver Shadow inaugura la construction monocoque. En parallèle, Rolls-Royce fit des efforts pour muscler ses exportations, notamment sur le marché Américain (où il repris une partie du réseau de Lotus Cars !) La Silver Shadow fut produite pendant 15 ans. En 1980, la dernière berline sortie de Crewe. Avec 30 057 unités, Rolls-Royce avait alors produit plus de Silver Shadow que tous les autres modèles réunis. Et à ce jour, c'est la plus vendue des Rolls-Royce à ce jour.

Côtés dérivés, il y avait bien sûr la Bentley série T ; les différences se limitant au badge et à la calandre. Solido avait reproduit les deux, au 1/43e. La Silver Spur/Silver Spirit, qui remplaça la Silver Shadow, en reprit la plateforme et le moteur. Il n'y eu pas de Silver Spirit cabriolet ; la Corniche, dérivé cabriolet de la Silver Shadow, fut ainsi produit jusqu'en 1995 ! Enfin, la Phantom V, bien que visuellement identique à la Phantom IV (version limousine de la Silver Cloud) dérivait en fait de la Silver Shadow, elle fut produite à doses homéopathique jusqu'en 1990.

La Rolls-Royce du Dakar 1981 était théoriquement une Corniche et non une Silver Shadow. De toute façon, c'était un châssis de Land Cruiser avec une carrosserie imitant celle des Rolls-Royce. 

Par contre, celle du Londres-Sydney 1970 (abandon) était bien une vraie Silver Shadow !

Rolls-Royce était un constructeur de voitures de luxe qui s'est diversifié dans les moteurs d'avions en 1914. Alors que BMW, Lincoln et plus tard Bristol firent le chemin inverse. Durant des années, les divisions automobile et aéronautique grandirent de manière parallèle. Dans les années 60, l'état Britannique voulu créer un genre de "SNECMA Britannique". Il offrit Armstrong-Siddeley et les activités aéronautiques de Bristol à Rolls-Royce (interrompant de facto la confidentielle production d'automobiles d'Armstrong-Siddeley.) Rolls-Royce s'était également diversifié dans les moteurs industriels.
Mais Rolls-Royce n'était qu'un ETI, avec une faible trésorerie. Lorsque Lockheed connu des retards de développement, puis des ventes en-deça des prévisions, pour le Tristar (dont RR fournissait les réacteurs), l'entreprise fit faillite. L'état Britannique joua les banquiers pour sauver Rolls-Royce. Une nouvelle société fut créée, mais en contrepartie, il dut y avoir une scission de la branche auto. En 1973, il fallu ainsi créer un Rolls-Royce Motors avec son siège social, son organigramme, etc.

Rolls-Royce Motors devint une société privée, qui publiait des comptes d'exploitation. Du moins, jusqu'à son rachat par Vickers. De toute façon, dans un marché automobile de la fin des années 70 épileptique, le constructeur prit un malin plaisir à s'enfermer dans un tour d'ivoire.
Les fiches techniques des voitures et les données de l'entreprise se limitaient au minimum syndical. L'usine était fermée aux curieux. Les portes-paroles de la marque bottaient en touche avec des boutades. Acheter une Rolls-Royce, c'était aussi entrer dans un monde de secrets, où il fallait montrer patte blanche. Non, Rolls-Royce ne plombait pas ses capots ou ses moteurs (une rumeur qui courrait à l'époque.) Pour autant, le constructeur voulait que vous lui accordiez un confiance aveugle.

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