The New Saga Launch: New Journey

Best-seller Malaisien, la Proton Saga s'offre un facelift. La Malaisie sortant tout juste d'un confinement, le constructeur en profite pour réunir la presse.

La prise d'antenne débute avec 9 minutes de retard, mais le présentateur n'a pas l'air plus gêné que ça.

Notez qu'il porte la tenue traditionnelle Malaise : chemise batik avec sari sampin et le calot songkok. Tenue que portent également les VIP du jour.

La présentation débute par l'hymne national malaisien, Negaraku.

Puis un imam apporte la bénédiction divine à la présentation.

Ce qui est plus classique, c'est un teaser de la Saga, suivi par un long meublage. 

L'animateur explique qu'il est lui-même un fan de Proton. Sa première voiture était une Saga... Et c'est avec elle qu'il a eu son premier accident.

Roslan Abdullah, vice-président en charge du marketing, revient sur le passé de la Saga. Ses 1,9 millions d'unités vendues en 37 années. Première voiture fabriquée en Malaisie, la berline low-cost en est logiquement la plus diffusée.
Il souligne qu'elle est également assemblée au Bengladesh, au Kenya et au Pakistan. Au total, des voitures ont été vendues dans 28 pays. La Saga était trop rustique pour l'occident. La Franc a très brièvement connu la Satria. Tandis que les Waja, Gen-2/Persona et Satria Neo ont été vendues en Grande-Bretagne.

La Saga, troisième du nom, fut lancée fin 2019. Malgré le Covid, Proton en a écoulé 123 512 unités jusqu'à aujourd'hui. Une Proton vendue sur deux est un Saga.

Proton a tout de même au recours aux série limitées. Comme cette 35e anniversaire et cette R3 (inspirée des voitures de rallye éponyme.)

La présentation de la Saga 2022 commence par un retour en arrière. "Saga" est un acronyme, mais Proton ne peut s'empêcher de faire un jeu de mot avec la saga de la Saga !

Mahathir Mohamad, politicien Malais, échafauda l'idée d'une voiture Malaisienne en 1979. Devenu premier ministre, en 1981, il mit son idée en pratique. Le conglomérat public HICOM créa ainsi Perusahaan Otomobil Nasional (Proton), en collaboration avec Mitsubishi. La Saga fut lancée en 1985. Il s'agissait d'une Mitsubishi Lancer -légèrement- relookée par Mitsubishi. Les premières voitures arrivaient en kits du Japon. Surtout, le premier ministre surtaxa les importations. Les concessionnaires étaient principalement des Malais, alors que jusqu'ici, c'était les Chinois qui géraient la distribution d voitures en Malaisie.

Et voici la Saga millésime 2022. Si, si, c'est une nouveauté !

Puis la voiture arrive sur scène. L'animateur s'époumone.

Desmond John Pinto, le chef de projet, nous fait le tour du propriétaire.

La nouvelle Saga dispose d'une face avant remodelée, ainsi que de bas de caisses inédit. Lorsqu'il évoque les efforts en matière de dynamisme et de qualité perçue, difficile de croire qu'il parle du modèle à quelques mètres de lui. 

La Saga dispose d'une dotation inédite : jantes alliages 15,5 pouces, écrans 7 pouces, sièges en simili-cuir et certains modèles, boite automatiques à quatre rapports. Le démarrage au bouton-poussoir, l'ESP, la climatisation avec filtre à particules (très demandés avec le Covid), les rétroviseurs rabattables (lorsque l'on coupe le contact) sont également inédits.

4 niveaux de finition (dont une nouvelle "S"), mais un seul moteur. A savoir un 1,3l VVT 95ch, conçu par Lotus Engineering.

Li Chunrong porte lui aussi un costume traditionnel malais. Pourtant, il n'est ni Malais, ni Malaisien ; c'est un Chinois (de Chine) ! Ancien cadre du DongFeng, il fut recruté par Geely... Et quatre jours plus tard, il était nommé PDG de Proton ! Il est d'ailleurs le premier non-Malais à ce poste.

Il annonce les tarifs de la Saga : 7 500€ pour la version de base et 9 700€ pour une "S" full op'.

Vers 2010, Proton a souffert d'une gabegie. Hommes politiques Malaisiens et anciens cadres dirigeants avaient davantage de poids dans les décisions que ses propres dirigeants ! Proton n'exportait quasiment plus. Et sur le marché national, il devait désormais faire face à Perodua (l'autre constructeur national), ainsi qu'aux voitures assemblées par Naza. Ainsi, la part de marché nationale était descendue à 25% et il est passé derrière Perodua.

En 2017, l'état Malaisien consenti à vendre 49,9% de DRB-HICOM (la holding publique) à Geely. Sans le nommer, Li Chungong évoque le travail de redressement. Les Chinois ont investi 400 millions d'euros dans l'outil industriel. Ils ont ouvert 13 pays. Ils ont lancé les SUV X70 et X50 (des Geely Boyue et Binyue rebadgées) qui pèsent désormais un tiers des ventes. Ainsi, en trois années, le constructeur a quasiment doublé ses ventes, de 64 744 unités en 2018 à 114 708 unités en 2021.
Accessoirement, le nombre de retours sous garantie a été divisé par 10. Imaginez le fait de construire des voitures si mal finie que le constructeur de l'Haoqing vous fait la leçon !
Li Chungong voit plus grand. Proton s'apprête à étendre davantage sa gamme, ainsi qu'à ouvrir d'autres pays. D'ici 4 ans, sa production pourrait augmenter de 972% !

Voitures avec une marge faible, mais dont l'outillage est largement amorti, la Saga est donc une pierre-angulaire dans cette stratégie de volume.

Comme avec Lotus ou Lynk&Co, Geely a compris que son nom était un repoussoir. C'est d'autant plus vrai dans un pays farouchement nationaliste (et sinophobe à l'occasion) comme la Malaisie. Geely reste donc à l'arrière-plan, nommant tout de même un PDG.

A court-terme, en profitant de la notoriété locale, Geely peut rapidement capitaliser. Reste que les synergies horizontales sont très rares. Geely est un archipel, pas un groupe. A moyen-terme, il risque de dépenser beaucoup d'énergies, tandis que par exemple, trois ou quatre bureaux d'études concevront peu ou prou la même chose, mais chacun dans leur coin.

(Capture d'écran de Proton)

Commentaires

Articles les plus consultés