Dakar Chronicles

Vous avez aimé le Dakar 2023 ? Alors vous aimerez le film ! Jalil Lespert a tourné un film très immersif, destiné aux seuls afficionados. Et j'ai eu la chance d'assister à une projection en avant-première.

Extinction des lumières. Un logo Red Bull. Puis voilà un jeune couple, autour d'un pick-up US. Derniers baisers avant le départ. On dirait le début du clip de Wake me up, when September ends. Sauf que Mason Klein ne part pas en Irak, mais en Arabie Saoudite. Et rassurez-vous, il en reviendra. Bienvenue à Agua Dulce, 3 500 âmes. Un village rural, pourtant à un jet de pierre des premières maisons de Los Angeles.

On voyage à deux cents kilomètres de là, à San Marcos. Seth Quintero profite de la piscine de sa sœur, dans une banlieue cossue de San Diego. On dirait davantage un étudiant en vacances.

Toby Price, lui, est chez le kinésithérapeute. Après une mauvaise chute en 2022, il compte être physiquement d'attaque pour remporter un troisième Dakar.

Enfin, on finit avec Sébastien Loeb, qui prend du bon temps. Il fait du jet-ski, tandis que madame est sur un yacht.

Sans transition, nous voici au bivouac du "Sea Camp". C'est le point de départ du Dakar 2023.

Ainsi, nous suivons nos quatre pilotes. C'est un peu le Become who you are du Dakar !
Mason Klein, motard novice, tente de se faire une place dans le peloton. En attendant, il est solitaire et craintif. Avec cette maladresse du campagnard monté à la ville.
Seth Quintero est l'un des grandes révélations des T3 Léger. Il a l'âge de Mason Klein, mais sa personnalité est diamétralement opposée : casquette à l'envers et verbe haut. Il est rapide et il le sait. Il sait aussi qu'il est courtisé pour passer en T1. Nasser Al-Attiyah profite d'un bivouac pour accorder audience à des jeunes pilotes. Mais c'est Seth Quintero, avec ses pitreries, qui capte l'audience !
Casque à paillette, biscotos et cheveux au Pento color, Toby Price à l'air d'un méchant de film hollywoodien. Du reste, on ne saura pas grand chose sur lui.
Puis il y a Sébastien Loeb. La gloire, l'argent, il l'a déjà. Ce qu'il veut, c'est le Dakar. Il est mu par la passion et le défi. Malgré ses neuf titres en WRC, il parle humblement de "Carlos" ou de "Nasser". Sébastien Loeb, c'est un peu le stéréotype du Français vu par les Américains : séducteur, râleur et prompt à s'exprimer par des gestes ou des borborygmes. Sans oublier les vannes destinées à sa femme, Laurène, qui l'accompagne.

On suit le Dakar 2023 de l'intérieur. La caméra de Jalil Lespert se faufile dans les briefings, parmi les mécanos de l'assistance ou à l'intérieur des motor-homes. Il y a les habituelles galères, comme les abandons spectaculaires de Carlos Sainz et Stéphane Peterhansel ou les T3 Légers de Seth Quintero et Cristina Gutiérrez, qui n'arrivent pas à sortir d'un gué. On nous montre également les petites mains du Dakar : pilotes d'hélicoptères, gonfleurs d'arches Red Bull (de nuit !), chargés du ravitaillement en essence, cuisinier ou ce médecin qui a quelques secondes pour ausculter Mason Klein, avant qu'il ne prenne le départ.

On ressent la fatigue, la joie, la tristesse, la solitude, la fraternité... On s'y croirait !

Jalil Lespert a utilisé nombre d'images d'ASO. Les gros plans de pilotes en action ont été tournés lors d'une opération Red Bull au Maroc. Voilà pourquoi, parfois, les voitures ne portent pas de numéros de course.

L'autre reproche, c'est le suivi assez irrégulier. Toby Price, on ne le voit quasiment que lors du prologue et sur la ligne d'arrivée ! Par contre, la caméra s'égare longuement sur Carlos Sainz Jr (NDLA : non, ce n'est pas une faute de frappe), Stéphane Peterhansel ou Cristina Gutiérrez. Donc, si vous n'aviez pas suivi le Dakar 2023, vous risquez de perdre le fil.

Cela reste de petits défauts. Et pourtant, d'ordinaire, je suis assez sévère avec les films !

Ce qu'il faut retenir de Dakar Chronicles, c'est que c'est un film qui s'adressent à ceux qui connaissent déjà le Dakar. Il n'y a pas de voix off et de rares écran-titres. On vous plonge directement dans l'action. Tant pis pour les Formulix !
L'autre point, c'est sa sobriété. Des musiques discrètes. De longs plans fixes pour mieux apprécier une scène. Une caméra qui reste à distance de ses sujets. C'est intimiste, mais pas voyeuriste.

J'y ai vu une inspiration de Le Mans ou de On Any Sunday (deux productions Steve McQueen), pour la rareté des dialogues et un traitement presque mystique.

Je vous conseille donc de vous rendre dans les salles obscures, le 18 juin.

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