Become who you are


Un documentaire à voir sur les 24 heures du Mans 2019 : Become who you are. Il est disponible sur Amazon. Réalisé par Virginie Dulauroy pour la société Pindare, il vaut franchement le détour.

"Become who you are", cela rappelle l'ancien slogan de l'Armée de Terre, devenez vous même. N'est-ce pas annonciateur d'un style très baroque ?

Le cinématographe des Frères Lumières est apparu en 1895. Un an après le Paris-Rouen, première vraie course automobile. Il ne fallu guère longtemps pour que quelqu'un ait l'idée de poser une caméra en bord de piste. Avec ses héros, ses méchants, ses accidents et son dénouement toujours incertain, le sport auto est un beau matériau à travailler. Qu'il s'agisse de fictions ou de documentaires.

Un film sur le sport auto, c'est un peu comme le sport auto lui-même. Vous êtes sur une ligne de crête, avec une chance sur mille de réussite.
Des films comme Driver ou Michel Vaillant,  débutés avec de bonnes intentions et de la passion, se sont avérées être des bousasses.

Donc beaucoup d'a priori négatifs avant de cliquer sur "play".

Pindare filme d'ordinaire des films promotionnels. WEC, Asian Le Mans Series, Michelin Pilot Challenge... Ils se sont spécialisés dans l'endurance. A minima, ils savent ce qu'ils filment et ils connaissent ce milieu. 

C'est déjà un point rassurant.

Dans Become who you are, on suit quatre pilotes avant et pendant les 24 Heures du Mans 2019. Quatre pilotes (Scott Dixon, Jules Gounon, Memo Rojas et Bruno Senna) dans quatre situations différentes, avec quatre parcours différents, qui pilotent pour quatre équipes différentes, etc. Il y a vraiment le souci de montrer un panorama le plus large possible.

Chaque pilote commence par raconter d'où il vient. Bruno Senna ne peut évacuer la question de son oncle. Ce véritable père spirituel, qui le poussa dans un kart. Mais après le 1er mai 1994, plus question de sport auto : la famille Senna ne voulait pas perdre un second membre en piste...

Ils évoquent leur quotidien. On voit ici Memo Rojas en discussion avec le milliardaire Carlos Slim, véritable mécène du sport auto Mexicain.

On les suit dans les aspects les moins glamours du métier de pilote, comme la préparation physique :

Enfin, on interview leurs proches (famille, patron...)

L'exercice est compliqué. Certains pilotes ont l'habitude des caméras. D'ordinaire, beaucoup de pilotes ont un discours tout prêt. Virginie Dulauroy a su créer une proximité avec ses quatre protagonistes (dans le bon sens du terme.) Ils se livrent davantage, y compris sur les sujets qui fâchent.

La bonne idée, c'est de faire intervenir un cinquième pilote, Patrick Byrne. Il intervient pour contextualiser les autres interventions, expliciter certains sous-entendus et plus généralement, vulgariser un peu le jargon technique.

En parallèle, ce sont les 24 Heures du Mans 2019. On a le droit à la parade, aux essais...

La réalisatrice insiste bien sur le côté "show" de l'épreuve. Avec les animations, comme ce tour d'honneur de Jacky Ickx avec la Ford GT40 "Gulf".

Le Mans, c'est le temple de la vitesse et il rendent bien cet aspect. L'excitation est palpable, même en dehors des 24 Heures !

Puis la tension du départ...

Fini de rire. Comme le souligne Chip Ganassi : "Ce n'est pas la balade des 24 heures du Mans, mais la course des 24 Heures du Mans." 

Bientôt, ce sont les premiers pépins, les premiers accidents. Puis l'arrivée de la nuit.

Les pilotes l'admettent. Le plus dur, ce n'est pas la nuit, mais le lendemain matin. C'est là que le corps dit qu'il est temps d'aller se coucher.

Puis la dernière heure, interminable.

Et enfin, l'arrivée. Aucun des quatre ne grimpe sur le podium. Au moins, ils sont tous les quatre en course jusqu'au bout. Et c'est déjà un exploit en soit.

Un peu mystique, Memo Rojas déclare que "c'est Le Mans qui choisit le vainqueur." 

Jules Gounon, lui, est venu emmagasiner de l'expérience. Il peut désormais rajouter "Le Mans" à son CV et il vise déjà 2020.

Ce que l'on en retient, c'est que quelque soit son âge, son aura ou son palmarès, courir au Mans est toujours une expérience à part. Les 24 Heures du Mans sont une épreuve sans équivalent dans la planète sport auto.

Concernant le documentaire, les 1h24 de sa durée passent comme une lettre à la poste. C'est une plongée intimiste, très sobre. Avec un juste milieu entre technicité et accessibilité pour le profane.

Il y a pas mal d'images d'archives quasi-inédite. On voit ainsi le père de Memo Rojas, Guillermo Rojas Sr, dans la Sarthe, en 1974 avec une Porsche 911 Carrera RSR :

Les mordus s'amuseront à reconnaitre, au détour d'un plan, telle ou telle personnalité. Comme ici, Nicolas Minassian, dans le stand IDEC Sport.

En résumé, mes a priori ont été balayés. Become who you are fait parti du cercle très fermé des documentaires réussis sur le sport auto. Alors, foncez sur Amazon !

(Captures d'écran de Pindare)

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