Après cinq années de repos forcé, les baroudeurs sont de retour ! Déjà annoncé à Rétromobile, le Paris-Pékin 2026 est dévoilé au Futuroscope.
La petite société ATO a subit de plein fouet le Covid et la guerre en Ukraine. Depuis 2020, il y a eu surtout des projets reportés sine die, voire officiellement annulé. La principale activité fut le Raid des Balkans, en 2023.
Pour le Paris-Pékin 2026, certains équipages des raids pré-Covid et du Raid des Balkans rempilent. Mais il y a aussi beaucoup de nouveaux. Bruno Ricordeau, le responsable d'ATO, met en avant le sérieux de sa structure. A commencer par les 35 ans d'expérience.
En fait, l'histoire remonte à près de 40 ans ! Jean-Paul Debroise est tripier à Noyal-sur-Vilaine et deuchiste à ses heures perdus. Henri David, de l'association locale de commerçants, l'approcha pour qu'il expose quelques unes de ses 2cv. A la place, Jean-Paul Debroise proposa de réunir des voitures anciennes. Ainsi naquit les Pionniers de la Route, en 1986. Il y eu une seconde édition, en 1988. A cette occasion, Debroise et David formalisèrent l'évènement avec une société, Pionniers de la Route Organisation (PRO.)
Plutôt qu'un troisième Pionniers de la Route, Jean-Paul Debroise proposa un Paris-Dakar -sans chronomètre- en 2cv. Avec Henri David, ils mirent finalement sur pied un aller-retour vers le sud marocain ; le Raid des Baroudeurs. La Laiterie Triballat (Sojasun, Vrai) devint actionnaire de la petite structure. Hasard de l'organisation, il débuta, en 1990, alors que la dernière 2cv sortait de chaine. Deux cents deuchistes participèrent à ce raid, descendant revendiqué des
Raid 2cv des années 70. Le Raid des Baroudeurs reparti en 1992 et 1994.
Le portrait-robot des premiers participants étaient à l'image des fondateurs : des ruraux, quadragénaires. Mais rapidement, ils furent rejoint par de jeunes retraités boboïsants. Une clientèle de novices, qui avait besoin de davantage d'encadrement. En 1996, le raid se terminait à Istanbul. PRO se rapprocha de Jacques Briantais, un tour-operator.
En 2000, Henri David céda ses parts de PRO. Quelques années plus tard, Bruno Ricordeau entra chez Sojasun, où il géra l'export vers les pays lointain. En 2007, les 2cv mirent le cap sur Pékin. Jean-Paul Debroise, Jacques Briantais et Bruno Ricordeau en étaient co-organisateurs. Même si Atypik Travel Organisation, la société de Bruno Ricordeau, ne s'associa vraiment à PRO qu'en 2012. Jean-Paul Debroise revendit ses parts de PRO à Bruno Ricordeau en 2016.
Sous l'impulsion de Bruno Ricordeau, les raids s'ouvrirent à d'autres voitures anciennes et il lança des raids pour camping-cars. ATO lança également un raid VE, The Green Expedition.
Les voitures, ce n'était plus compatible avec l'image "bio" de Sojasun. La laiterie ne voulait plus que son nom apparaisse. Même si elle restait financièrement présente dans PRO.
En 2019, Marcel Cabdevila approcha Bruno Ricordeau. Alors responsable des partenariats du Futuroscope, il proposait que le parc devienne sponsor-titre des raids. Ainsi, le Green Expedition Paris-Cap Nord parti du Futuroscope. Le Paris-Pékin 2022 devait également partir de Poitiers, puis il fut repoussé à 2026. Marcel Cabdevila comptait y participer, comme concurrent. Hélas, il est décédé en 2024. En hommage à son engagement, le Paris-Pékin 2026 est sous-titré "Edition Marcel Cabdevila".
Bruno Ricordeau parle longuement des raids passés. Il s'adresse beaucoup aux nouveaux-venus. Son objectif, c'est de garder un groupe relativement restreint : 12 équipages minimum, 30 équipages maximum. Comme cela, il peut davantage s'occuper de chaque équipage.
Manu, le médecin, est de la présentation. Après tout, ATO vise une clientèle de retraités, dans certains sont octogénaire. Il y a des gens qui prennent des traitements et d'autres, qui risquent de ne pas supporter les conditions (chaleurs intenses, passage en altitude, tourista...) D'où la nécessité d'avoir une aide médicale, qui va au-delà des premiers secours.
Pour le parcours, c'est un numéro d'équilibriste.
Jusqu'ici, ATO organisait un Paris-Pékin qui filait via la Transsibérienne, avant de filer plein sud sur Pékin. Il projetait un raid de la Route de la Soie, passant à travers l'Asie Centrale. Les deux devant être organisés par alternance. Notez que les camping-cars, eux, filaient vers Pékin via la Transsibérienne, avant de revenir à travers l'Asie Centrale jusqu'à Istanbul.
En 2020, pour cause de Covid, donc de fermeture de la Chine, le "Paris-Pékin" ne devait pas filer plein sud sur la fin. A la place, le terminus était à Vladivostok.
Cette fois, en Turquie, la caravane slalome entre le Kurdistan turque, pour atteindre la Géorgie. Puis c'est l'Azerbaïdjan, avant une traversée de la Caspienne. Ils arrivent au Kazakhstan, avant de ralier l'Ouzbékistan, puis le Kirghizstan et enfin, la Chine via le Xinjiang. Cela permet d'éviter les hauts cols de l'Altaï.
Evidemment, il n'est pas question de performance.
Point de road-book non plus ; les participants se voient remettre des coordonnés GPS. Libre à eux de choisir la route entre les points A et B. On voit que l'on est sur une clientèle d'anciens cadres supérieurs, voire de dirigeants : des personnes habituées à donner des ordres et qui supporteraient mal d'en recevoir.
Le temps des Raid des Baroudeurs, avec ses nuits à la belle étoile, il est loin. Les participants du Paris-Pékin dormiront à l'hôtel. Après, forcément, dans certains coins reculés, point d'hôtels de luxe...
La logistique est divisée en trois segments.
Fred, vétéran d'ATO, s'occupe de la partie Méditerranée/Balkan/Caucase. Sur le Paris-Pékin, il s'agira essentiellement d'étapes de liaison, avec 500, voire 600 kilomètres par jour.
Le parcours s'offrira néanmoins un détour par la vallée de Göreme, avec ses vestiges byzantins et ses peintures rupestres.
L'aventure débutera vraiment sur la rive orientale de la Mer Caspienne. Les participants seront alors entre les mains de Rustam l'Ouzbèke.
C'est la partie la plus exotique du parcours. Le kilométrage tombera à 300km quotidien, avec de nombreuses haltes d'une journée. Les participants verront les rives de la Mer d'Aral. Puis il y aura
le musée Savitsky de Nukus, alias le "Louvre des steppes". Les incontournables mosquées bleues de Samarcande seront bien sûr au programme.
Si ça ne tenait qu'à Rustam, le trophée serait un "Moynal-Ferghana" : l'Ouzbékistan se suffit à lui-même ! Mais ce n'est pas lui le chef, donc, il faut traverser le Kirghizstan. L'unique attraction, c'est la vallée de Sary-Tash, au pied du Pamir, où était passé
la Croisière Jaune. C'est l'un des rares défilés de la région.
Le segment chinois sera très particulier. Une douane fermée le week-end (du coup, il a fallu décaler de trois jours le parcours), pas de Whatsapp et davantage de flicage (pour le meilleur et pour le pire.) Il fallait bien un guide local et c'est Philippe.
Il a réalisé sa propre carte... Illustrée par des images du
Pékin-Paris. Cette fois-ci, des haltes seront prévu sur la ville frontalière de Kashgar, au ville troglodyte de Mogao, à Xi'an et ses guerriers de Terracotta, à Shaolin avec ses fameux moine-soldats et à Pingyao, le Provins chinois. Entre les deux, ce sera 100% d'autoroute.
Dominique Picard, alias "le roi de l'apéro", parle de la préparation des voitures. On n'est pas chez RMC Découvertes ! Avant de partir, les voitures devront subir une révision complète, afin de pouvoir affronter les 14 600km de parcours sans (trop) de pépins. Et ensuite, charge à vous d'emporter des pièces détachées.
L'inscription est à 16 900€ par équipage. Mais avec la voiture, l'essence, le matériel, les pièces détachées, etc. On dépasse facilement les 30 000€ de budget.
Globalement, Bruno Ricordeau tient un discours de vérité. Il a déjà assez d'inscrits pour dépasser son point-mort -à moins que l'épreuve ne soit annulée au dernier moment, comme le Paris-Pékin 2022-. Il peut se permettre d'être franc.
Pendant un mois et demi, ATO prendra les participants par la main. Chaque soir, les gens gareront leur voiture. Des mécaniciens feront les révisions et ATO s'occupera de l'éventuel paperasserie. En cas de guerre civile ou d'inondation sur le parcours (c'est arrivé !), ATO s'occupera de l'évacuation de la caravane. Sans demander un centime supplémentaire. Mais en contrepartie, ATO attend des participants à ce qu'ils montrent patte blanche.
ATO a ouvert un bureau d'inscription. Malgré les mises en garde, quatre équipages supplémentaires ont sauté le pas. Certains sont venus avec la voiture, avec laquelle ils comptent participer.
Le 11 juillet 2026, le Futuroscope se transformera en parc fermé, façon Tour Auto. Un parc qui devrait a priori afficher complet. Une nouvelle génération d'aventuriers est prête ! Sachant que derrière, ATO voudrait retourner dans les Andes et peut-être en Asie du Sud-Ouest...
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