La Croisière Jaune
Suite et fin des livres reçus pour mes 40 ans ! Voici La Croisière Jaune d'Ariane Audouin-Dubreuil, aux éditions Glénat.
En tant que fan d'Asie et de voitures, je ne pouvais qu'adorer ! J'ai eu le souffle coupé lorsque j'ai croisé une autochenille au Mondial de Paris. Notez qu'il fait parti d'un triptyque sur les croisières Citroën. Je possède désormais toute la collection !
La Croisière Jaune dura de 1931 à 1932. Elle succédait aux Croisières Blanches et Noires. Ensuite, Citroën vendit des autochenilles à des privés, qui organisèrent leurs propres raids.
Le groupe principal parti de Beyrouth et se rendit jusqu'à Pékin. Notez que suite à la révolution Russe, l'URSS était impénétrable. D'où un parcours par le sud. Alors que le Paris-Pékin ou le New York-Paris s'étaient contenté de traverser la Russie de part en part. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas qu'une espèce de course. Il y avait plusieurs objectifs parmi les 43 hommes d'équipage (dont aucun non-occidental.)
C'était d'une part des descendants des explorateurs du XVIIIe siècle comme Charles Marie de la Condamine ou Louis Antoine de Bougainville, qui se rendaient au bout du monde dans le but de collecter un maximum de connaissances. Et aux XXe siècle, on cherchait désormais à filmer et à enregistrer ce que l'on voyait. Avec l'idée de les agglomérer à une connaissance global, la future Encyclopédie. Il y avait une volonté patrimoniale. Johann Joachim Winckelmann fut l'un des premiers à se battre pour que l'on préserve les sites Gréco-Romains. Plus questions de prendre les pierres des vieux palais ou de fondre les statues en bronze ! Bientôt, on allait construire des musées, puis l'aristocratie allait inventer le tourisme culturel. Au XIXe siècle, on professait que la culture n'était pas l'apanage de l'occident. Les reliques Asiatiques, Africaines ou Sud-Américaines méritaient d'être sauvées... Même si "sauver" était souvent synonyme de "rapatrier en Europe". On voit d'ailleurs l'expédition admirer les ruines de Palmyre ou les Bouddha géants Afghans. La couche suivante, c'était l'histoire. Puisque la bible n'avait qu'un lointain rapport avec l'histoire, il fallait écrire une histoire laïque. Jules Michelet se chargea de l'histoire de France. Les premiers historiens modernes n'hésitaient pas à broder, voire à inventer. La Croisière Jaune se vantait de parcourir la Route de la Soie. Mais c'était un concept inventé par Ferdinand von Richthofen, qui s'était perdu aux confins de la Chine et de l'orient Russe, assez éloigné de la réalité (les caravanes faisaient des aller-retour d'un point à un autre. Personne ne faisait l'intégralité du chemin.) La couche suivante, c'était le progrès. Les humanistes du XIXe siècle, comme Jules Ferry, voulaient apporter les bienfaits de l'occident. Le progrès technique, mais aussi la médecine, l'éducation et la démocratie devaient balayer les coutumes et les superstitions des "sauvages". De gré ou de force. La Croisière Jaune consacrait la domination de l'automobile. Enfin, il y avait l'exploit publicitaire. Dès le XVe siècle, de riches mécènes finançaient les conquistadors. Ils prêtaient aux rois, espérant que les navires reviendraient chargés d'épices, d'or et de bois précieux. Les expéditions prenaient du temps en préparation, car les rois sillonnaient l'Europe pour boucler le tour de table. Mais le tournant, c'était James Gordon Bennett Jr (le même "Gordon Bennett" qui sponsorisa la coupe éponyme...) Il envoya Henry Morton Stanley en Afrique dans le seul but d'obtenir un scoop : retrouver David Livingstone. C'était l'ère de la publicité et les débuts du marketing. André Citroën voulait faire connaitre sa jeune marque. Qu'importe si les autochenilles d'Adolphe Kegresse n'avaient qu'un lointain rapport avec les voitures de série...
L'expression "beau livre" est on ne peut plus appropriée. C'est un vrai scrap-book avec des fac-similé des cartes, du passeport de Louis Audouin-Dubreuil, de télégrammes et de lettres manuscrites. On découvre que déjà, il y avait du "on", à diffuser à la presse et du "off"...
C'est un vrai roman d'aventure. Avec entre autre les passage sur les hauts plateaux d'Asie Centrale. Le corridor de Wakhan était jugé trop difficile. Alors, après Kaboul, l'expédition fit un crochet par les Indes (l'actuel Pakistan), avant de franchir le Cachemire, vers la Chine. C'est un passage palpitant. Même lorsque l'on sait qu'ils finirent par passer...
Ariane Audouin-Dubreuil est la fille de Louis Audouin-Dubreuil, le N°2 des expéditions Citroën et c'est une écrivain, pas une journaliste auto. La Croisière Jaune évoque l'expédition vue par Audouin-Dubreuil. Georges-Marie Haardt, le N°1, mort de fièvre peu après l'arrivée, passe au second plan. Audouin-Dubreuil Sr était un électron-libre de Citroën (Haardt faisant la liaison avec André Citroën.)
Du coup, il faut attendre la page 17 pour voir une voiture frappée des chevrons...
En tout cas, si vous n'achetez qu'un livre sur Citroën, cette année, choisissez celui-ci !
En tant que fan d'Asie et de voitures, je ne pouvais qu'adorer ! J'ai eu le souffle coupé lorsque j'ai croisé une autochenille au Mondial de Paris. Notez qu'il fait parti d'un triptyque sur les croisières Citroën. Je possède désormais toute la collection !
La Croisière Jaune dura de 1931 à 1932. Elle succédait aux Croisières Blanches et Noires. Ensuite, Citroën vendit des autochenilles à des privés, qui organisèrent leurs propres raids.
Le groupe principal parti de Beyrouth et se rendit jusqu'à Pékin. Notez que suite à la révolution Russe, l'URSS était impénétrable. D'où un parcours par le sud. Alors que le Paris-Pékin ou le New York-Paris s'étaient contenté de traverser la Russie de part en part. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas qu'une espèce de course. Il y avait plusieurs objectifs parmi les 43 hommes d'équipage (dont aucun non-occidental.)
C'était d'une part des descendants des explorateurs du XVIIIe siècle comme Charles Marie de la Condamine ou Louis Antoine de Bougainville, qui se rendaient au bout du monde dans le but de collecter un maximum de connaissances. Et aux XXe siècle, on cherchait désormais à filmer et à enregistrer ce que l'on voyait. Avec l'idée de les agglomérer à une connaissance global, la future Encyclopédie. Il y avait une volonté patrimoniale. Johann Joachim Winckelmann fut l'un des premiers à se battre pour que l'on préserve les sites Gréco-Romains. Plus questions de prendre les pierres des vieux palais ou de fondre les statues en bronze ! Bientôt, on allait construire des musées, puis l'aristocratie allait inventer le tourisme culturel. Au XIXe siècle, on professait que la culture n'était pas l'apanage de l'occident. Les reliques Asiatiques, Africaines ou Sud-Américaines méritaient d'être sauvées... Même si "sauver" était souvent synonyme de "rapatrier en Europe". On voit d'ailleurs l'expédition admirer les ruines de Palmyre ou les Bouddha géants Afghans. La couche suivante, c'était l'histoire. Puisque la bible n'avait qu'un lointain rapport avec l'histoire, il fallait écrire une histoire laïque. Jules Michelet se chargea de l'histoire de France. Les premiers historiens modernes n'hésitaient pas à broder, voire à inventer. La Croisière Jaune se vantait de parcourir la Route de la Soie. Mais c'était un concept inventé par Ferdinand von Richthofen, qui s'était perdu aux confins de la Chine et de l'orient Russe, assez éloigné de la réalité (les caravanes faisaient des aller-retour d'un point à un autre. Personne ne faisait l'intégralité du chemin.) La couche suivante, c'était le progrès. Les humanistes du XIXe siècle, comme Jules Ferry, voulaient apporter les bienfaits de l'occident. Le progrès technique, mais aussi la médecine, l'éducation et la démocratie devaient balayer les coutumes et les superstitions des "sauvages". De gré ou de force. La Croisière Jaune consacrait la domination de l'automobile. Enfin, il y avait l'exploit publicitaire. Dès le XVe siècle, de riches mécènes finançaient les conquistadors. Ils prêtaient aux rois, espérant que les navires reviendraient chargés d'épices, d'or et de bois précieux. Les expéditions prenaient du temps en préparation, car les rois sillonnaient l'Europe pour boucler le tour de table. Mais le tournant, c'était James Gordon Bennett Jr (le même "Gordon Bennett" qui sponsorisa la coupe éponyme...) Il envoya Henry Morton Stanley en Afrique dans le seul but d'obtenir un scoop : retrouver David Livingstone. C'était l'ère de la publicité et les débuts du marketing. André Citroën voulait faire connaitre sa jeune marque. Qu'importe si les autochenilles d'Adolphe Kegresse n'avaient qu'un lointain rapport avec les voitures de série...
L'expression "beau livre" est on ne peut plus appropriée. C'est un vrai scrap-book avec des fac-similé des cartes, du passeport de Louis Audouin-Dubreuil, de télégrammes et de lettres manuscrites. On découvre que déjà, il y avait du "on", à diffuser à la presse et du "off"...
C'est un vrai roman d'aventure. Avec entre autre les passage sur les hauts plateaux d'Asie Centrale. Le corridor de Wakhan était jugé trop difficile. Alors, après Kaboul, l'expédition fit un crochet par les Indes (l'actuel Pakistan), avant de franchir le Cachemire, vers la Chine. C'est un passage palpitant. Même lorsque l'on sait qu'ils finirent par passer...
Ariane Audouin-Dubreuil est la fille de Louis Audouin-Dubreuil, le N°2 des expéditions Citroën et c'est une écrivain, pas une journaliste auto. La Croisière Jaune évoque l'expédition vue par Audouin-Dubreuil. Georges-Marie Haardt, le N°1, mort de fièvre peu après l'arrivée, passe au second plan. Audouin-Dubreuil Sr était un électron-libre de Citroën (Haardt faisant la liaison avec André Citroën.)
Du coup, il faut attendre la page 17 pour voir une voiture frappée des chevrons...
En tout cas, si vous n'achetez qu'un livre sur Citroën, cette année, choisissez celui-ci !
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