L'aventure Michelin

Pendant le week-end du 14 juillet, je suis allé à Clermont-Ferrand. Franchement, un week-end suffit pour visiter la ville. Dans un restaurant, j'ai trouvé un prospectus de l'Aventure Michelin, le musée consacré à la marque. Et je le recommande à tous les passionnés.
En fait, les mots aventure devrait être au pluriel, tant Michelin possède de méandres. D'une part, il y a l'aspect historique. Le fondateur n'arrivaient pas à écouler leurs produits en caoutchouc. Les jeunes frères Michelin sont appelés à la rescousse. Leur génie, c'est de créer un pneu pour vélos, puis de croire en l'automobile naissante. En quelques années, l'obscur atelier auvergnat devient une grosse PME. Puis les frères adoptent les méthodes des frères Taylor et ils ouvrent des succursales à travers le monde. A Clermont-Ferrand, Michelin devient plus que le premier employeur. L'entreprise bâti des lotissements. Les paysans des villages alentours offrent leurs bras. A la belle époque, 80 000 personnes sont directement employés par Michelin... Alors que Clermont-Ferrand compte actuellement 500 000 habitants. Michelin, c'est une fraternité, avec ses fêtes, ses village-vacances... Les aigris diront que c'est aussi un moyen de fliquer étroitement les ouvriers. Des contrôleurs viennent vérifier que les maisons et appartement sont bien entretenus. Gare à ceux qui laissent trainer un numéro de l'Huma...

Pas un mot sur Citroën, dont Michelin fut propriétaire pendant quarante ans. Pour autant, parmi les anciennes exposées, la marque aux chevrons est surreprésentée, à l'instar de cette Type A...
Pour beaucoup, un pneu, ce n'est qu'un boudin noir. C'est beaucoup plus compliqué. Justement, le musée explique sa composition, ses évolutions... Des sculptures, pour davantage de contact, ça semble si évident, maintenant... Cette 11cv (encore une Citroën...) inaugura le pneu radial. Un pneu qui se déchire moins, avec des flancs plats, ça semble aussi si évident aujourd'hui...
Michelin, ce n'est pas qu'une entreprise, c'est aussi une notoriété inédite dans les pneus. Le musée évoque aussi le Bibendum, une mascotte née par hasard. Un personnage au corps fait de pneus. Rondouillard, donc sympathique. Muet, donc universel. Le bleu et le jaune, ce sont les couleurs de l'Auvergne. Le génie de Michelin, c'est d'avoir compris que le Bibendum est une mine d'or. Il est décliné en divers objets, exhibé partout.

L'autre axe, ce sont les guides. On en revient aux flairs des frères Michelin. Vers 1890, les automobiles ont un rayon d'action d'une dizaine de kilomètres. Les pannes sont nombreuses. Mais la clientèle -la haute-bourgeoisie- adore s'afficher. On veut aller à la ville voisine, juste pour "faire de l'automobile". Le prétexte, c'est d'aller manger un morceau. Les Michelin font du lobbying pour qu'on numérote les routes, puis ils vont cartographier la France. La bourgeoisie s'offre des road-trip avant l'heure et Michelin crée les premiers guides touristiques. Ils sont si précis que durant la guerre, ils fournissent un guide spécial aux alliés, en vue du débarquement. On imagine déjà : "... Et au bout de la N406, il y a le relais du Père Jean, avec son lapin chasseur **. Par contre, il faut faire attention aux frisés et à leur mitrailleuse, à hauteur du kilomètre 20."
Cette DS "mille-patte" témoigne du Michelin actuel, un Michelin international où les pneus sont conçus par ordinateur. On regrette l'absence de référence à Pierre Dupasquier, patron historique de la compétition. Je me rappelle encore son interview dans Mémoire des stands, où il évoquait les pneus avec passion, en se montrant à la fois très technique et excellent pédagogue... Le logo a légèrement évolué. Apparemment, pour les Asiatiques, Bibendum avait l'air de s'enfuir. D'où ce logo avec la main droite levé, en signe d'amitié.

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