Chinoiseries industrielles

C'est la troisième partie de ce triptyque sur les camions français en Chine. Mon nouveau roman : Chinoiseries industrielles. En toute subjectivité, ce roman est génial !

Ce n'est pas mon premier roman, ni le second, mais le quinzième !

Le précédent, Jugeumhoelo remonte tout de même à l'été 2016. Débuter un roman, c'est relativement simple. Tout le monde a une ou deux idées d'histoire. Vous le couchez sur un fichier Word. Dans un premier temps, les idées fusent. Puis vous finissez par manquer de matière. Alors vous mettez de côté votre projet pendant un jour, qui devient un mois, puis un an...
Ainsi, après Jugeumhoelo, il y a eu Les voitures Chinoises. Mais il y a surtout eu beaucoup d'entames de romans...
Chinoiseries industrielles commença comme cela. J'avais quelques idées et une trame grossière de la progression : la solitude du héros, l'arrivée du manager, l'inauguration de l'usine, puis le retour au calme. Néanmoins, pour une fois, je me suis accroché. En octobre 2022, j'avais écrit déjà un petit quart du livre. 18 mois plus tard, l'écriture était presque achevée. Je m'offrais même un peu de teasing. Puis il y a eu le travail de relecture, par un professionnelle. Et enfin, juste avant noël, je publiais mon roman.

Entre les romans, les livres de voitures, les recueil de nouvelles, etc., cela fait une vingtaine d'ouvrages. Pourtant, j'ai toujours un pincement au cœur, en ouvrant le carton. C'était un idée dans ma tête et c'est désormais un objet.


L'intrigue de Chinoiseries industrielle, ce sont les derniers jours de John, en Chine.

Acheteur senior chez un constructeur français de camions, sa carrière professionnelle fait du sur-place. Alors John a été volontaire pour faire parti d'une équipe projet expatriée en Chine. Il s'agissait de prêter main-forte à un constructeur Chinois souhaitant produire un poids-lourd sous license.

L'action débute neuf mois plus tard. Tous les Français ont démissionné et John se retrouve seul dans un immense open space. Il est d'ailleurs l'unique occidental à la ronde de cette ville moyenne de l'ouest Chinois. Parfois, Pierre, un prestataire en charge des achats d'outillage, passe le voir. Le reste du temps, John profite de l'éloignement géographique et du décalage horaire pour agir en roitelet. Puis son jeune manager, Yannick, est de passage. La mise en production du camion "chinois" est imminente. Une inauguration en grande pompe est prévue et Yannick veut s'assurer que tout est d'équerre. Or, difficile de marier les règles strictes de l'industrie automobile avec la culture Chinoise, faite de laisser-aller et de pesanteur bureaucratique...


Cela fera bientôt vingt-six ans que je travaille dans les achats, dont une dizaine d'années dans l'automobile. Au sens large du terme. J'ai eu plusieurs fois l'opportunité d'être chef de projet, comme on dirait dans les lettres de motivation. Et je me suis rendu de nombreuses fois en Chine, pour le travail.

Cet ouvrage n'est pas le compte-rendu d'une expérience précise, mais un pot-pourri de plusieurs situations vécues. Une plongée dans les achats dans l'automobile, avec ses contraintes... Et son vocabulaire.

Des constructeurs français de camions, il n'y en a pas trente-six. Mais je n'ai pas voulu en faire une fiction sur Renault Trucks. Au fil des pages, il y a ainsi des informations (sites industriels, évènements, dates de lancements de produits, etc.) qui correspondent à Daf, Iveco ou Scania !
Je voulais avant tout dépeindre une industrie, sans cibler un acteur spécifique.

Idem côté Chinois. L'idée du livre m'étais venu en voyant une photo de l'usine Hanyang dans le livre Opération Dragon. Néanmoins, Hanyang se cantonne désormais à la carrosserie industrielle. Du coup, le constructeur Chinois ressemble davantage à DongFeng-Liuzhou. Pour autant, depuis les années 80, il n'y a plus de production d'utilitaires moyens ou lourds sous licence, en Chine.
J'ai découvert a posteriori que Renault Trucks et Dongfeng-Liuzhou avaient effectivement songé à une telle collaboration !


Les personnages sont des composites.

Non, je ne suis pas John ! Même si je lui ai prêté pas mal de traits. Il tient davantage de Richard dans Dilbert : un employé vieillissant et cynique, assez chevronné pour voir venir les coups, mais pas assez malin pour les parer. John râle beaucoup, mais c'est parce qu'il s'implique dans son travail. Qui aime bien, châtie bien. A fortiori dans un métier passion. J'ai connu un employeur où personne ne se plaignait jamais et c'était tout simplement car tout le monde se projetait déjà sur son prochain emploi.
Yannick est un mélange de quatre jeunes managers... Dont trois ont eu de graves pépins de santé, dû au stress. Dans ce roman, il n'y a pas de "gentils" ou de "méchants". Rien n'est manichéen, comme dans la vraie vie. Certains trouveront que John a raison de se laisser aller, car après tout, on l'a abandonné. D'autres, au contraire, apprécieront la sévérité de Yannick. De même, on peut considérer John comme un dommage collatéral des politiques inclusives ou y voir un médiocre qui s'abrite derrière des complots.
Quant à Pierre, il reprend le métier d'une personne et la personnalité d'une autre. Des mythomanes, on en croise régulièrement. En permanence, ils racontent des histoires improbables. Dans un premier temps, on les croit. Quel genre d'adulte irait s'inventer une vie ? D'autant plus que le mythomane n'aurait rien à gagner à mentir. Il ne cherche ni argent, ni avancement. 


Bien sûr, le lieu est imaginaire. Une ville moyenne du Qinghai ou de la partie orientale du Sichuan. Aux portes du Xinjiang et de la Route de la Soie. En Chine, les bulldozers ne font pas dans la dentelle et la protection du patrimoine ne concerne que des édifices pluri-séculaires. Donc toutes les villes se ressemblent un peu, avec leurs centres commerciaux flambants neufs, leurs zones industrielles cyclopéennes et les cités constituées d'armées d'immeubles rigoureusement identiques. Une Chine bétonnée, très artificielle. Loin de l'image d'Epinal des pagodes et des ponts de pierre.

C'est un monde de paradoxes. Un classe moyenne occidentalisée, mais qui recrache la propagande de Xi Jinping. Des lieux ultra-modernes, mais sans eau potable.
De même, le visiteur occidental sera tour à tour fasciné ou révulsé par ce qu'il voit. Rien n'a changé depuis Robert Fortune.

Et bien sûr, il y a des stéréotypes inversés. En tant qu'unique occidental, John est traité comme une bête curieuse. Dans cette Chine isolée, l'occident apparait comme une masse floue. Les Chinois confondent les pays et les stars. Parfois, c'est même l'orthographe des noms étrangers qui devient hasardeux.

En résumé, c'est un roman sur l'industrie automobile côté coulisses et la Chine côté rural. Il est désormais disponible sur Amazon. Alors achetez-le !

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