TWR-Porsche WSC95
L'auteur est un journaliste Belge. Il travailla à la com' de "rouge et blanc", de "coup de chance", puis de Toyota, en WRC et au Mans. Il se vante de posséder l'historique de toutes les Porsche 956 et 962. Autant dire qu'il connait son sujet et de plus, il possède un sacré carnet d'adresse.
Ainsi, le livre s'ouvre sur une introduction de Stefan Johansson. L'ex-pilote de F1 et d'Indycar (par ailleurs manager de Scott Dixon et Felix Rosenqvist) ayant remporté Le Mans, en 1997, avec "WSC 001".
Le livre passe très vite sur la première vie du châssis 791. Cette Jaguar XJR-14 fut étrenné en WSC, fin 1991, avant d'être pilotée en IMSA, en 1992, par Davy Jones (futur vainqueur du Mans 1996.)
Fin 1992, Jaguar abandonnait l'endurance. L'antenne US de TWR se retrouvait livrée à elle-même. D'autant plus que Tom Walkinshaw était de plus en plus pris par ses activités en F1. En prime, le championnat du monde d'endurance sombrait. John Bishop, fondateur de l'IMSA, prenait sa retraite. Le GT n'était encore qu'un concept très flou. Bref, les nuages s'amoncelaient.
Les repreneurs de l'IMSA ne croyaient pas aux GT. Ils créèrent les WSC (World SportsCar), des protos ouverts à moteurs atmo. TWR USA a bien un châssis (791), mais ils leur faut un moteur.
En juin 1994, Porsche gagnait les 24 Heures du Mans avec une 962 maquillée en GT1 (et engagée par Joest.) L'ACO ne voulait plus la voir ensuite. Par contre, il acceptait les WSC. Le programme GT1 de Porsche ne serait pas près avant 1996. Pour 1995, il n'avait pas de voiture.
Le livre montre comment TWR USA approcha Porsche USA pour obtenir un moteur de 962. La décision dépassait l'antenne US, qui réaiguilla TWR USA vers Stuttgart. Porsche sauta sur l'idée et il voulu faire construire toute une série de WSC pour 1995. Problème : TWR USA n'avait aucun budget et Tom Walkinshaw -fidèle à sa réputation- ne voulait pas leur donner le moindre sous. Du coup, les Américains mettaient les Allemands devant les faits accomplis, pour les forcer à envoyer Hommes et argent.
Pendant ce temps, l'IMSA échafaudait un catégorie "WSC LM" pour protos turbos. La Porsche WSC était assemblée fin 1994. A Daytona, malgré les problèmes de jeunesse, elle était d'emblée dans le coup (et l'on soupçonnait Mario Andretti de lever le pied...) Piero Ferrari menaça de retirer ses 333SP. L'IMSA tenta un compromis, avec de nouveaux turbos. C'était trop tard pour Porsche, qui préféra liquider le programme. Le second châssis construit n'a jamais roulé. Fin de l'acte 1.
Serge Vanbockryck a non seulement interviewé les différents protagonistes, mais il illustre ses propos de fax, de lettres, de fichier Autocad, de photos, etc. On suit le montage du proto presque vis par vis et coup de fil par coup de fil. C'est une plongée dans les coulisses du sport auto.
Quelques mois plus tard, à l'arbre de noël de Porsche. Reinhold Joest abordait Horst Marchart, alors grand patron de la compétition. Ça serait dommage de laisser rouiller deux protos flambants neufs, non ? Surtout, la 911 GT1 doit débuter aux 24 Heures du Mans 1996, quasiment sans roulage. Joest se proposait de prendre les protos, de les préparer et de servir de plan B de Porsche.
De nouveau, l'auteur décrit les faits avec une précision clinique, jusqu'à la liste de pièces fournie par Porsche, début 1996, en plus des châssis. Bien sûr, le Joest Racing démonta les voitures et il fit des modifications. En février, Manuel Reuter prenait le volant d'un proto déjà très modifié, au Paul Ricard. Et tout cela, sans le moindre ordinateur pour faire des simulations ! On traçait un schéma sur un papier, on validait en soufflerie et voilà !
Dans les années 80-90, les protos rebadgés, recarrossés, modifiés, etc. étaient monnaie courante. La particularité de "WSC 001" est d'avoir remporté deux fois Le Mans. Joest Racing songea même à l'aligner en IMSA. Finalement, fin 1998, avec le Petit Le Mans, il roula enfin en terre Américaine... L'occasion d'évoquer Don Panoz, sauveteur de l'endurance US, alors que l'IMSA faisait naufrage.
On a également droit à des portraits des six pilotes (trois en 1996 et trois en 1997) à s'être imposé avec la voiture. L'occasion de (re)découvrir des pilotes oubliés depuis comme Manuel Reuter ou Davy Jones.
Le défaut, c'est l’accessibilité. Il faut des connaissances en mécanique et sur le sport mécanique des années 90. Serge Vanbockryck vous jette directement dans le grand bain et tant pis pour les Formulix ! J'en connais qui serait largués dès l'introduction de Stefan Johansson... Et puis à 90€, la qualité se paye.
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