Heuliez ne dansera pas le Mia [mis à jour]
Une Mia. C'est l'une des premières que je vois dans la rue. Apparemment, Mia s'est associé à Orpi.
L'autre jour, j'ai entendu une conversation typique, dans un resto. Un homme dit à un autre homme : "J'ai vu un reportage sur l'électrique. C'est la voiture du futur ! Tu devrais en acheter une !"
J'aurais envie de dire au premier : "Si c'est la voiture du futur, pourquoi t'en achètes pas une, toi ?" Sauf que voilà, notre premier homme n'est pas fou. Il veut bien des électriques... Mais que ce soit le voisin qui en achète !
Parce que l'électrique, ça reste des golfettes tape-cul, qui font 80 bornes maxi avec le vent dans le dos. Avec l'électronique, on s'est habitué à des progrès fulgurants. Songez qu'en 10 ans, on a vu arriver les smartphones, les appareils-photos numériques, les lecteurs MP3, les TV à écran plasma... Sauf que l'électrique ne pourra pas progresser aussi vite. La voiture thermique est un petit bijou d'autonomie et de polyvalence, à un prix modéré. L'électrique ne pourra pas l'approcher de sitôt.
En attendant, ce n'est pas avec ça qu'on va remplir les carnets de commande de l'ex-Heuliez. Ceux qui ont raconté l'inverse sont soit des naïfs, soit des escrocs. Et ça vaut aussi, hélas, pour Brandt, Eon ou Renault à Flins...
Cette semaine, l'usine PSA d'Aulnay a fermé. J'ai eu un ami, en BTS, qui y avait passé un été. Il y posait des joints de vitres de Saxo.
La direction jure que non, l'usine ne sera pas reconverti en site d'entreposage. A la place, ce sera... Un site de préparation de commandes. Ce qui revient peu ou prou au même. Au lieu de reprendre les ouvriers qualifiés, avec leurs années d'expérience, ils vont prendre du cariste intérimaire. Je suis sur qu'au Pole emploi d'Aulnay, les demandes de formation CACES vont exploser. Ca fera moins de jeunes du quartier en "chômeur catégorie 1" et tout le monde sera content (ou presque.)
Une info passée plus discrètement, c'est le réaménagement de Tanger. L'usine Renault y produira des Sandero.
A l'origine, le projet Dacia était cohérent, car les voitures étaient destinées au marché local. Mais lorsque la Logan est arrivée en Europe occidentale, on nous promettait une production en Europe de l'ouest, dés que le marché serait porteur. Depuis, Carlos Ghosn fait preuve de cynisme économique. Les Logan, Duster et Sandero "01" (NDLA : le code Renault correspondant aux usines françaises et espagnoles), on les attend encore ! Et puis, le problème des pays émergents, c'est qu'ils finissent par émerger ! Les Roumains sont devenus gourmands. La transformation de la Somaca, puis la construction de Tanger ont été deux avertissements. En avril, Dacia est de nouveau en grève. Le N°2 menace de délocaliser au Maroc. Renault jure au Blog Auto que les propos ont été déformés et sortis de leur contexte. N'empêche, 6 mois plus tard, la deuxième ligne de Tanger démarre et ça fera ça de moins pour les Roumains. Conclusion : amis Marocains, si vous voulez garder votre job, fermez-là!
D'un autre côté, à l'heure du débat sur l'immigration, je ne peux pas être 100% contre cette usine de Tanger. Parce que cela offre des emplois locaux et des perspectives aux Marocains. Donc, ils seront moins tentés par une aventure européenne. C'est l'argument des libéraux. Le problème c'est que tout cela se fait au détriment des ouvriers d'Europe de l'ouest...
Mise à jour :
6 ans plus tard, Orpi possède toujours ses Mia.
J'ai toujours été dubitatif face à la Mia. Tous les signaux étaient au rouge.
Heuliez était un sous-traitant peu connu du grand public. A la limite, les Français le connaissaient pour ses cars de CRS, mais hors de l'hexagone... Surtout, cela signifiait qu'il n'avait aucun réseau, aucune infrastructure pour diffuser ses véhicules.
La Friendly de 2008 était un de ces concept-cars "votre nom ici". C'était un démonstrateur du savoir-faire d'Heuliez, alors que la vogue des coupé-cabriolets s’essoufflait. En tant que concept-car, elle était peu aboutie. 16 300€ pour ça... Et encore, c'était après la prime écologique !
A l'époque, le marché de l'électrique était confidentiel. Lorsque la production de la Mia était lancée, en juin 2011, les pure-players Zap et Think étaient en train de sombrer. En 2013, le marché européen était à 31 507 véhicules.
Heuliez pour devenir un constructeur à part-entière, se devait d'investir lourdement. Sa Mia n'était guère convaincante. Mais quand bien même, les clients se seraient rués sur sa golfette, l'usine de Cerizay n'avait une capacité que de 10 000 voitures. Il lui était impossible de revenir sur ses frais. Même avec 245 240 unités en 2018, Tesla continuait de perdre de l'argent !
En résumé, voilà, Ségolène Royal -co-repreneuse d'Heuliez via la région Poitou-Charente- avait fait un énième effet d'annonce. Comme pour sa route solaire. C'est idéal pour les médias putaclics, mais dès que l'on creusait...
Le destin de la Mia était prévisible : 175 ventes en 2011, 337 en 2012 et 200 en 2013. Michèle Boos, la repreneur parlait de 900 ventes en 2013 et de 12 000 unités à terme, grâce à l'Asie. Ah, l'Asie, ce royaume du Prêtre Jean des automobiles qui ne se vendent pas... A l'été 2014, Mia fut mis en liquidation judiciaire. Michèle Boos fut mise en examen pour escroquerie et banqueroute. Le procès traine d'appel en appel.
En attendant, c'est triste pour Heuliez, qui disposait d'un vrai savoir-faire. A l'instar de Matra, il a disparu corps et bien. Alors qu'Outre-manche, des PME de l'ingénierie comme Cosworth, Multimatic ou Ricardo sont prospères.
L'autre jour, j'ai entendu une conversation typique, dans un resto. Un homme dit à un autre homme : "J'ai vu un reportage sur l'électrique. C'est la voiture du futur ! Tu devrais en acheter une !"
J'aurais envie de dire au premier : "Si c'est la voiture du futur, pourquoi t'en achètes pas une, toi ?" Sauf que voilà, notre premier homme n'est pas fou. Il veut bien des électriques... Mais que ce soit le voisin qui en achète !
Parce que l'électrique, ça reste des golfettes tape-cul, qui font 80 bornes maxi avec le vent dans le dos. Avec l'électronique, on s'est habitué à des progrès fulgurants. Songez qu'en 10 ans, on a vu arriver les smartphones, les appareils-photos numériques, les lecteurs MP3, les TV à écran plasma... Sauf que l'électrique ne pourra pas progresser aussi vite. La voiture thermique est un petit bijou d'autonomie et de polyvalence, à un prix modéré. L'électrique ne pourra pas l'approcher de sitôt.
En attendant, ce n'est pas avec ça qu'on va remplir les carnets de commande de l'ex-Heuliez. Ceux qui ont raconté l'inverse sont soit des naïfs, soit des escrocs. Et ça vaut aussi, hélas, pour Brandt, Eon ou Renault à Flins...
Cette semaine, l'usine PSA d'Aulnay a fermé. J'ai eu un ami, en BTS, qui y avait passé un été. Il y posait des joints de vitres de Saxo.
La direction jure que non, l'usine ne sera pas reconverti en site d'entreposage. A la place, ce sera... Un site de préparation de commandes. Ce qui revient peu ou prou au même. Au lieu de reprendre les ouvriers qualifiés, avec leurs années d'expérience, ils vont prendre du cariste intérimaire. Je suis sur qu'au Pole emploi d'Aulnay, les demandes de formation CACES vont exploser. Ca fera moins de jeunes du quartier en "chômeur catégorie 1" et tout le monde sera content (ou presque.)
Une info passée plus discrètement, c'est le réaménagement de Tanger. L'usine Renault y produira des Sandero.
A l'origine, le projet Dacia était cohérent, car les voitures étaient destinées au marché local. Mais lorsque la Logan est arrivée en Europe occidentale, on nous promettait une production en Europe de l'ouest, dés que le marché serait porteur. Depuis, Carlos Ghosn fait preuve de cynisme économique. Les Logan, Duster et Sandero "01" (NDLA : le code Renault correspondant aux usines françaises et espagnoles), on les attend encore ! Et puis, le problème des pays émergents, c'est qu'ils finissent par émerger ! Les Roumains sont devenus gourmands. La transformation de la Somaca, puis la construction de Tanger ont été deux avertissements. En avril, Dacia est de nouveau en grève. Le N°2 menace de délocaliser au Maroc. Renault jure au Blog Auto que les propos ont été déformés et sortis de leur contexte. N'empêche, 6 mois plus tard, la deuxième ligne de Tanger démarre et ça fera ça de moins pour les Roumains. Conclusion : amis Marocains, si vous voulez garder votre job, fermez-là!
D'un autre côté, à l'heure du débat sur l'immigration, je ne peux pas être 100% contre cette usine de Tanger. Parce que cela offre des emplois locaux et des perspectives aux Marocains. Donc, ils seront moins tentés par une aventure européenne. C'est l'argument des libéraux. Le problème c'est que tout cela se fait au détriment des ouvriers d'Europe de l'ouest...
Mise à jour :
6 ans plus tard, Orpi possède toujours ses Mia.
J'ai toujours été dubitatif face à la Mia. Tous les signaux étaient au rouge.
Heuliez était un sous-traitant peu connu du grand public. A la limite, les Français le connaissaient pour ses cars de CRS, mais hors de l'hexagone... Surtout, cela signifiait qu'il n'avait aucun réseau, aucune infrastructure pour diffuser ses véhicules.
La Friendly de 2008 était un de ces concept-cars "votre nom ici". C'était un démonstrateur du savoir-faire d'Heuliez, alors que la vogue des coupé-cabriolets s’essoufflait. En tant que concept-car, elle était peu aboutie. 16 300€ pour ça... Et encore, c'était après la prime écologique !
A l'époque, le marché de l'électrique était confidentiel. Lorsque la production de la Mia était lancée, en juin 2011, les pure-players Zap et Think étaient en train de sombrer. En 2013, le marché européen était à 31 507 véhicules.
Heuliez pour devenir un constructeur à part-entière, se devait d'investir lourdement. Sa Mia n'était guère convaincante. Mais quand bien même, les clients se seraient rués sur sa golfette, l'usine de Cerizay n'avait une capacité que de 10 000 voitures. Il lui était impossible de revenir sur ses frais. Même avec 245 240 unités en 2018, Tesla continuait de perdre de l'argent !
En résumé, voilà, Ségolène Royal -co-repreneuse d'Heuliez via la région Poitou-Charente- avait fait un énième effet d'annonce. Comme pour sa route solaire. C'est idéal pour les médias putaclics, mais dès que l'on creusait...
Le destin de la Mia était prévisible : 175 ventes en 2011, 337 en 2012 et 200 en 2013. Michèle Boos, la repreneur parlait de 900 ventes en 2013 et de 12 000 unités à terme, grâce à l'Asie. Ah, l'Asie, ce royaume du Prêtre Jean des automobiles qui ne se vendent pas... A l'été 2014, Mia fut mis en liquidation judiciaire. Michèle Boos fut mise en examen pour escroquerie et banqueroute. Le procès traine d'appel en appel.
En attendant, c'est triste pour Heuliez, qui disposait d'un vrai savoir-faire. A l'instar de Matra, il a disparu corps et bien. Alors qu'Outre-manche, des PME de l'ingénierie comme Cosworth, Multimatic ou Ricardo sont prospères.
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