La fin de la Grande Armée
Ce paravent de verre frappé du lion est l'un des derniers témoignages de l'ancien occupant. Je suis passé là en pleine nuit, mais j'ai préféré l'immortaliser. Parce que je ne suis pas du tout sûr que la prochaine fois, elle sera là...
Peugeot s'était installé en 1966 avenue de la Grande Armée, à Paris. C'est là que Roland Peugeot signa le rachat de Citroën. Bertrand Peugeot, lui, faisait clignoter les lumières de son bureau, en partant, pour souhaiter bonne nuit à sa sœur Christiane. Roland prit sa retraite en 1998. Mais il avait conservé son bureau et il mangeait tous les jours à la cantine, jusqu'à sa disparition, en 2015. C'était le lieu de tous les "events" de la 205 T16 à la 908. Et les "ambassadeurs" de la marque. Sans oublier tous les modèles de série. C'est là que la plupart des grandes décisions ont été prises. Ah, si les murs pouvaient parler... Il y a aussi les petites gens. Ces jeunes arrivés avec un CV sous le bras, prêts à conquérir le monde. Les patrons de PME qui venaient décrocher "LE" contrat et qui, dans la salle d'attente, faisaient semblant d'être détendus. L'éternel râleur, à la machine à café, qui promettait que "un jour, il va lui dire ses quatre vérités" à son chef. Chez Renault, j'avais remarqué qu'il y avait de nombreux passionnés. J'imagine que chez Peugeot, aussi. Qu'il y avait des gens avec des miniatures et des posters sur leur bureau. Des mordus, dont le grand-père roulait déjà en Peugeot et qui débarquaient en 204 ou en 404 sur le parking... Des gens qui gardaient précieusement une carte dédicacée par Jacques Villeneuve ou une photo un peu floue de Gilles Panizzi (remontant à un "event".) Des gens qui ont fait toute leur carrière et qui passaient une dernière fois le portique...
Mais tout ça, c'est fini. En 2012, Peugeot a vendu les locaux à la Caisse du dépôt du Québec. En 2015, la famille Peugeot, grande perdante du "back in the race", a fait ses valises. Et à l'automne 2017, Peugeot a déménagé à Rueil-Malmaison.
L'avenue de la Grande Armée ressemble aux Champs Elysées, quand j'étais petit, avec ses contre-allées et ses trottoirs défoncés. A l'époque, les Champs Elysées, c'était surtout des sièges sociaux de banques et des compagnies aériennes. Ce n'était pas très glamour... Ca semble si loin, aujourd'hui... Remarquez, dans quelques années, vous aurez l'air d'un vieux crouton, quand vous évoquerez les show-rooms de Toyota, Mercedes et Citroën !
Sur la Grande Armée, il n'y a pas de banques ou de compagnies aériennes, c'est plutôt le coin des magasins de motos. Il faut reconnaitre que ce n'est pas très joyeux. C'est un lieu où on passe, pas un lieu où l'on s'arrête. La Mairie de Paris veut changer tous cela. Avec le RER E et la création des pistes cyclables, l'objectif clairement affiché est de gentrifier le quartier et d'en chasser les voitures. Noctis s'en lèche les babines. Gecina, le nouveau propriétaire de l'ex-site de Peugeot, a prévu de transformer les lieux en centre commercial. Sic transt gloria mundi.
Peugeot s'était installé en 1966 avenue de la Grande Armée, à Paris. C'est là que Roland Peugeot signa le rachat de Citroën. Bertrand Peugeot, lui, faisait clignoter les lumières de son bureau, en partant, pour souhaiter bonne nuit à sa sœur Christiane. Roland prit sa retraite en 1998. Mais il avait conservé son bureau et il mangeait tous les jours à la cantine, jusqu'à sa disparition, en 2015. C'était le lieu de tous les "events" de la 205 T16 à la 908. Et les "ambassadeurs" de la marque. Sans oublier tous les modèles de série. C'est là que la plupart des grandes décisions ont été prises. Ah, si les murs pouvaient parler... Il y a aussi les petites gens. Ces jeunes arrivés avec un CV sous le bras, prêts à conquérir le monde. Les patrons de PME qui venaient décrocher "LE" contrat et qui, dans la salle d'attente, faisaient semblant d'être détendus. L'éternel râleur, à la machine à café, qui promettait que "un jour, il va lui dire ses quatre vérités" à son chef. Chez Renault, j'avais remarqué qu'il y avait de nombreux passionnés. J'imagine que chez Peugeot, aussi. Qu'il y avait des gens avec des miniatures et des posters sur leur bureau. Des mordus, dont le grand-père roulait déjà en Peugeot et qui débarquaient en 204 ou en 404 sur le parking... Des gens qui gardaient précieusement une carte dédicacée par Jacques Villeneuve ou une photo un peu floue de Gilles Panizzi (remontant à un "event".) Des gens qui ont fait toute leur carrière et qui passaient une dernière fois le portique...
Mais tout ça, c'est fini. En 2012, Peugeot a vendu les locaux à la Caisse du dépôt du Québec. En 2015, la famille Peugeot, grande perdante du "back in the race", a fait ses valises. Et à l'automne 2017, Peugeot a déménagé à Rueil-Malmaison.
L'avenue de la Grande Armée ressemble aux Champs Elysées, quand j'étais petit, avec ses contre-allées et ses trottoirs défoncés. A l'époque, les Champs Elysées, c'était surtout des sièges sociaux de banques et des compagnies aériennes. Ce n'était pas très glamour... Ca semble si loin, aujourd'hui... Remarquez, dans quelques années, vous aurez l'air d'un vieux crouton, quand vous évoquerez les show-rooms de Toyota, Mercedes et Citroën !
Sur la Grande Armée, il n'y a pas de banques ou de compagnies aériennes, c'est plutôt le coin des magasins de motos. Il faut reconnaitre que ce n'est pas très joyeux. C'est un lieu où on passe, pas un lieu où l'on s'arrête. La Mairie de Paris veut changer tous cela. Avec le RER E et la création des pistes cyclables, l'objectif clairement affiché est de gentrifier le quartier et d'en chasser les voitures. Noctis s'en lèche les babines. Gecina, le nouveau propriétaire de l'ex-site de Peugeot, a prévu de transformer les lieux en centre commercial. Sic transt gloria mundi.
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