Mini Triomphale

J'adore les Mini. Toutes les Mini, j'ai failli acheter récemment une MINI.01, une Cooper jaune à toit blanc, en vente près de chez moi. Le temps de réunir les fonds et elle avait été vendue. Dommage.

La Mini reste archi-diffusée. Croiser une Rover Mini n'a rien d'exceptionnel et les tarifs en occasion sont complètement déconnectés des réalités. Les Mini 850 et autres Clubman, elles, elles montrent rarement le bout du nez.
Celle du jour mérite le détour. Il s'agit d'une Mini Twinings Arc de Triomphe.

La Twinings était une série limitée créée par Rover France, pour le millésime 92. Il s'agissait d'écouler les stocks, alors qu'une version reliftée venait d'être dévoilée. Pour l'occasion, Rover France lui avait donné un autoradio Phillips à façade amovible, ainsi quelques stickers ici et là.
La particularité des Mini de l'époque, c'est qu'en théorie, elles n'avaient pas de marques ! Depuis le millésime 1988, Austin avait officiellement disparu. Mais la production des Mini, Metro, Maestro et Montego, elle, se poursuivit ! La Mini du attendre 1996 pour être formellement intégrée à la gamme Rover. Ce qui fit donc 8 années d'errances ! C'était le genre d'incongruité qui irrita Bernd Pischetsreider lorsque BMW racheta Rover Group et qu'il mit le nez dans sa nouvelle acquisition...

Cette Twinings a été transformée en cabriolet par les Français d'Arc de Triomphe. Ils ont décapsulé des Mini durant les années 90. L'arrivée d'une Mini cabriolet proposée par Rover France eu visiblement raison d'eux.
Pour les différencier, c'est simple. La Mini Arc de Triomphe est basée sur les Mk 5 et Mk 6. Surtout, elles possèdent des vitres souples, intégrées à la capote. Notez les boutons pression pour bien fermer le tout. J'espère que le dégivrage est bon, car sinon, l'hiver, la visibilité ne doit pas être top... La LAMM contemporaine, transformée outre-Rhin possédait des ailes élargies et une calandre chromée. Enfin, la Mini cabriolet "usine" (en fait, une création de Tickford) était basée sur la Mk 7. Elle reprenait les ailes élargies de la LAMM, mais avec des vitres en verre. La réalisation était plus sérieuse, par contre, la capote (à la cinématique signée Karmann) faisait un gros paquet une fois décapoté. D'où une visibilité arrière nulle ! Un défaut que l'on trouvait déjà sur la Cox cabriolet, réalisée par le même Karmann.

Notez enfin les petits feux arrières, la calandre de MK 1 et le badge "Morris Minor" à l'arrière. Il faut croire qu'il y a une vraie tendance My Mini Revolution sur les Mini des années 80-90. Mais pas toujours réalisé avec le plus grand soin... Ca me rappelle dans les années 90-2000, lorsque des Cox des années 70 étaient maquillées en voiture des années 50...

Mini/MINI fête ses 60 ans. Le constructeur est plutôt discret. Il faut dire qu'il traverse une vraie zone d'incertitude.

La MINI.03 fête ses 5 ans, un âge canonique dans la production actuelle. Sur les trois premiers mois de 2019, il est vendu 84 820 unités, soit une contraction de 1,8%. Alors que sur l'ensemble de l'année 2018, MINI avait déjà subit un recul des ventes de 2,8%.
La Mini.04 se fait attendre. Nul doute que le WLTP a forcé MINI à modifier ses mécaniques. D'où des retards. Et pendant ce temps là, chez les concessionnaires, c'est "Anne, sœur Anne, ne voit tu rien venir ?"

Justement quelle(s) mécanique(s) pour cette MINI.04 ?
Les gouvernements poussent à l'électrification, sous la pression des lobbys millénaristes. Au premiers trimestre de 2019, 61 789 voitures électriques pures ont été vendues en Europe, soit une croissance de 84,4%... Mais cela reste une goutte d'eau par rapport aux 4 146 152 voitures (toutes énergie confondues) écoulées sur le vieux continent, durant la même période. Et si l'on enlève les flottes, les administrations et les services d'auto-partage, les ventes d'électriques restent ultra-confidentielles.
Vous avez beau faire peur aux automobilistes et créer des "zones de respiration", ils rejettent l'électrique. Sauf dans le secteur des gros SUV et des berlines E, voire F (type Tesla Model S et X, Audi eTron Jaguar i-Pace...) Lorsque Porsche annonce un Macan tout-électrique, il anticipe le mouvement. Par contre, sur la future Corsa-e, je suis hyper-réservé. Sauf erreur, actuellement, le ticket moyen est de 13 000€ pour une Corsa. Si l'e-Corsa est à 20 000€, elle a ses chances (en jouant sur l'argument du TCO et la fibre écologique.) Mais si elle est à 23 000€, comme la première Zoe (hors location de batterie), elle aura la carrière de la Zoe...
En prime, selon une étude de L'Argus, 70% des anciens propriétaires de diesel regrettent le passage à l'essence. La faute à une consommation plus élevée. La faute aussi à des lourds SUV, au cx de boite à chaussures, qui envahissent les rues. En tout cas, la disparition du diesel ne sera peut-être pas aussi rapide que prévue...

L'autre problème de MINI, c'est où produire la MINI.04.

55 748 des 84 820 MINI vendues au premier trimestre 2019 l'ont été sur le sol Européen. La plupart de ces voitures sont produites à Oxford, dans l'ancienne usine Morris (le Countryman étant lui produit chez Steyr, en Autriche.) Le Brexit ajoute de l'incertitude à l'incertitude. Jusqu'ici, les Britanniques n'ont trouvé aucun accord avec l'Union Européenne. Le risque serait un blocage complet, à la sortie de l'UE, puis une surtaxe des produits à moyen-terme.
BMW possède un joker : l'usine Nedcar (ex-Daf Auto) de Born, aux Pays-Bas (qui produit également le BMW X1.) Mais d'une part, elle est dimensionnée pour 250 000 voitures par an. De plus, elle n'appartient pas à BMW, mais à VDL. VDL fut fondée par Pieter van der Leegte, un industriel néerlandais qui parti d'une fabrique de gamelles pour l'armée, puis créa un petit empire (en rachetant des filiales de Daf et de Phillips.) Wim van der Leegte, son petit-fils, vient de prendre le contrôle et il souhaite faire du ménage. Le Chinois Evergrande serait intéressé par les autocars VDL, achetera-t-il aussi l'usine de Born ? Pas sûr que BMW veuille signer un contrat de sous-traitance avec cette entreprise venue de nul part...

En résumé, BMW et MINI se retrouve face à des choix techniques et industriels très compliqués. Il ne s'agit pas de choisir la meilleure solution, mais la moins pire...