Grandin, ton univers impitoyable !
Une fois, j'allais dîner avec Gilles Gaignault. Il conduisait. On passe devant cette voiture. Je voulais l'immortaliser, mais je n'allais quand même pas lui dire de s'arrêter comme ça ! En plus, on était en pleine nuit et une voiture noire, dans une ruelle mal éclairée, la nuit... Et quelques mois plus tard, qu'est-ce que je vois, au détour d'une rue : "ma" voiture !
Là, un lecteur Britannique ou Indien s'écrirait : "Oh, une Mahindra CJ3 !" Non, ça monsieur, c'est une Dallas ! Plus précisément, d'un modèle produit entre 1984 et 1987 (reconnaissable à sa calandre à 9 lames.) Et malgré son nom et son look de Jeep, c'est Français !
Pas facile de démêler l'histoire de la Dallas ! Bienvenue dans le monde des artisans Français...
Le premier à entrer en scène, c'est Jean-Claude Hrubon. Scaphandrier, il se passionne pour la Mini. Très vite, il est incontournable en la matière. Au point de devenir, en 1966, l'assembleur de la Mini Marcos du Mans. L'année suivante, il est cocréateur de la Thélème, un coupé à moteur R8 Gordini au style maladroit. Elle n'effectue qu'un seul tour du Mans. Hrubon revient en 1968 avec une seconde voiture. Mais elle n'est pas retenue par l'ACO.
Il revient à ses premières amours -la Mini- avec la Shorty, un genre de Mini Moke, mais en deux places. Il tente d'abord de la produire à son compte, sous le nom de Phaëton. Schmitt prend le relais, au tournant des années 80. La Puce tente lui sa chance à la fin des années 80.
En 1982, alors que la Schmitt quitte la scène, Hrubon a un nouveau projet : une R4 avec une carrosserie rappelant les Willys MB. Il la baptise Dallas, s'inspirant sans doute de la série TV lancée en 1978 et très populaire en France... En 1984, il vend l'affaire à Jean-François Grandin, alias Frank Alamo. Hrubon n'en reste pas là : en 1993, avec Marcel Schoonmann, il rachète l'écurie AGS, en faillite. Le duo crée une école de pilotage, qui existe toujours. Hrubon, lui, est mort en 2016.
Jean-François Grandin est l'héritier des téléviseurs éponymes. Dans les années 60, la France s'équipe massivement et Grandin devient une marque-vedette. Mais le rejeton, lui, il préfère chanter. Comme d'autres yéyés, il reprend des tubes US plus ou moins bien traduits. Son hit, c'est Ma biche. Comme d'autres aussi, il a un pseudo inspiré des Etats-Unis : Frank Alamo. Il tente bien d'écrire ses propres chansons, mais elles ne marchent pas. En 1968, il comprend que le temps des yéyés est fini. Il raccroche le micro et devient concessionnaire Jaguar.
D'après la légende, un jour de 1983, il aperçoit une belle blonde au volant d'une drôle de Jeep. Il la suit en voiture et la femme va chez Hrubon ! Séduit par la Dallas, il décide d'acheter la boite. Il surfe volontiers sur sa notoriété de chanteur passé pour "vendre" sa voiture. La Dallas, c'est la voiture de plage des années 80. Le trait d'union entre la Mehari et la Mega Club...
En 1987, la Dallas reçoit une toute nouvelle carrosserie et surtout, des trains roulants de 205. Dans les années 90, Grandin comprend que le vent a tourné. Il revend Dallas (qui disparait en 1998) et reprend la chanson, via les galas. Il meurt en 2012. Notez que les TV Grandin existe toujours : c'est désormais la marque de distributeur de Conforama !
Un troisième homme apparait vers 2008 : René Bosch. Il se vante d'avoir créé la Dallas. C'est lui qui aide Zyed Guiga à concevoir la Wallys (sic.), en Tunisie. Effectivement, la Wallys ressemble beaucoup à la Dallas version 1987. En 1987, Hrubon a quitté depuis longtemps la société et Grandin n'est pas designer ou ingénieur. Faut-il en déduire que la Dallas reliftée fut créée par Bosch ? Ou bien est-ce juste un simple employé de la société, que Guiga a monté en épingle ?
Aussi mignonne qu'elle soit, refaire la Dallas serait aujourd'hui impossible. Le niveau de sécurité est quasi-inexistant. Surtout, à peine Hrubon aurait fini sa voiture qu'il aurait des avocats de Jeep qui toqueraient à sa porte... Dans les années 80-90, la propriété intellectuelle était un concept beaucoup plus flou...
Encore que Jeep, avec tous ses changements de mains et ses ex-productions sous licence (Mahindra, Ssangyong, Mitsubishi...), n'est pas propriétaire de grand chose... Au Brésil, par exemple, c'est Ford qui possède l'usufruit de la Jeep ! L'usine Brésilienne de Willys, à Sao Bernardo do Campo, a été revendu à Renault, laquelle vendit à Ford. Dans les années 70, Ford utilisa ainsi le nom "Jeep", au Brésil. American Motors râla. Suite à cela, il récupéra le nom Jeep. Mais Ford dispose de tous les droits sur le look de la CJ. Voilà comment il peut produire un Troller, au look très "Jeep", en toute impunité...
Là, un lecteur Britannique ou Indien s'écrirait : "Oh, une Mahindra CJ3 !" Non, ça monsieur, c'est une Dallas ! Plus précisément, d'un modèle produit entre 1984 et 1987 (reconnaissable à sa calandre à 9 lames.) Et malgré son nom et son look de Jeep, c'est Français !
Pas facile de démêler l'histoire de la Dallas ! Bienvenue dans le monde des artisans Français...
Le premier à entrer en scène, c'est Jean-Claude Hrubon. Scaphandrier, il se passionne pour la Mini. Très vite, il est incontournable en la matière. Au point de devenir, en 1966, l'assembleur de la Mini Marcos du Mans. L'année suivante, il est cocréateur de la Thélème, un coupé à moteur R8 Gordini au style maladroit. Elle n'effectue qu'un seul tour du Mans. Hrubon revient en 1968 avec une seconde voiture. Mais elle n'est pas retenue par l'ACO.
Il revient à ses premières amours -la Mini- avec la Shorty, un genre de Mini Moke, mais en deux places. Il tente d'abord de la produire à son compte, sous le nom de Phaëton. Schmitt prend le relais, au tournant des années 80. La Puce tente lui sa chance à la fin des années 80.
En 1982, alors que la Schmitt quitte la scène, Hrubon a un nouveau projet : une R4 avec une carrosserie rappelant les Willys MB. Il la baptise Dallas, s'inspirant sans doute de la série TV lancée en 1978 et très populaire en France... En 1984, il vend l'affaire à Jean-François Grandin, alias Frank Alamo. Hrubon n'en reste pas là : en 1993, avec Marcel Schoonmann, il rachète l'écurie AGS, en faillite. Le duo crée une école de pilotage, qui existe toujours. Hrubon, lui, est mort en 2016.
Jean-François Grandin est l'héritier des téléviseurs éponymes. Dans les années 60, la France s'équipe massivement et Grandin devient une marque-vedette. Mais le rejeton, lui, il préfère chanter. Comme d'autres yéyés, il reprend des tubes US plus ou moins bien traduits. Son hit, c'est Ma biche. Comme d'autres aussi, il a un pseudo inspiré des Etats-Unis : Frank Alamo. Il tente bien d'écrire ses propres chansons, mais elles ne marchent pas. En 1968, il comprend que le temps des yéyés est fini. Il raccroche le micro et devient concessionnaire Jaguar.
D'après la légende, un jour de 1983, il aperçoit une belle blonde au volant d'une drôle de Jeep. Il la suit en voiture et la femme va chez Hrubon ! Séduit par la Dallas, il décide d'acheter la boite. Il surfe volontiers sur sa notoriété de chanteur passé pour "vendre" sa voiture. La Dallas, c'est la voiture de plage des années 80. Le trait d'union entre la Mehari et la Mega Club...
En 1987, la Dallas reçoit une toute nouvelle carrosserie et surtout, des trains roulants de 205. Dans les années 90, Grandin comprend que le vent a tourné. Il revend Dallas (qui disparait en 1998) et reprend la chanson, via les galas. Il meurt en 2012. Notez que les TV Grandin existe toujours : c'est désormais la marque de distributeur de Conforama !
Un troisième homme apparait vers 2008 : René Bosch. Il se vante d'avoir créé la Dallas. C'est lui qui aide Zyed Guiga à concevoir la Wallys (sic.), en Tunisie. Effectivement, la Wallys ressemble beaucoup à la Dallas version 1987. En 1987, Hrubon a quitté depuis longtemps la société et Grandin n'est pas designer ou ingénieur. Faut-il en déduire que la Dallas reliftée fut créée par Bosch ? Ou bien est-ce juste un simple employé de la société, que Guiga a monté en épingle ?
Aussi mignonne qu'elle soit, refaire la Dallas serait aujourd'hui impossible. Le niveau de sécurité est quasi-inexistant. Surtout, à peine Hrubon aurait fini sa voiture qu'il aurait des avocats de Jeep qui toqueraient à sa porte... Dans les années 80-90, la propriété intellectuelle était un concept beaucoup plus flou...
Encore que Jeep, avec tous ses changements de mains et ses ex-productions sous licence (Mahindra, Ssangyong, Mitsubishi...), n'est pas propriétaire de grand chose... Au Brésil, par exemple, c'est Ford qui possède l'usufruit de la Jeep ! L'usine Brésilienne de Willys, à Sao Bernardo do Campo, a été revendu à Renault, laquelle vendit à Ford. Dans les années 70, Ford utilisa ainsi le nom "Jeep", au Brésil. American Motors râla. Suite à cela, il récupéra le nom Jeep. Mais Ford dispose de tous les droits sur le look de la CJ. Voilà comment il peut produire un Troller, au look très "Jeep", en toute impunité...
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