Un trio d'Anglaises

Quelque chose à faire dans une lointaine banlieue. Le GPS m'emmène dans des bourgs inconnus. Un break des années 60 apparait. "C'est quoi ce truc ?" Lorsque je le dépasse, l'avant, lui, est familier : une Ford Anglia (105E.) Une fois mon affaire terminée, je tente de revenir sur mes pas. Et l'Anglia n'était pas toute seule...

Ford Anglia Estate

Les Ford Anglia sont un dynastie de compactes d'après-guerre. La première n'était qu'une évolution de la 7Y de 1938. Le second modèle, en 1953, était beaucoup plus moderne, avec une ligne ponton. Avec elle, Ford UK arrêta de faire des Ford US en miniature et il développa son propre style.
Puis en 1959 vint "notre" Anglia. L'ovale bleu se montra audacieux avec un arrière en "Z" (comme l'Ami 6.) L'Estate possédant, elle, un carrosserie de break 2 portes + hayon.

L'Anglia 105E fut un carton, avec un million d'unités en 8 ans. Elle permit à Ford de s'imposer dans le Commonwealth face à BMC et Rootes, avec une image "made in UK". L'Anglia 105E connu même un succès certain sur le continent.
Ford UK voulait cimenter sa présence en Europe de l'ouest. Trouvant la 105E trop typée, il demanda à Michelotti de la redessiner. Trop banale, l'Anglia Torino fut un bide. Ford songeait à rapprocher ses entités Britanniques et Allemandes. Ford D utilisa sans doute l'insuccès de l'Anglia Torino pour prendre le contrôle du futur Ford Europe.

Cette Anglia Estate possède un volant à gauche. Elle fit donc justement parti des 105E vendues sur le continent. Elle a connu des jours meilleurs, à l'instar de Ford UK.

Bedford KB

En recherchant "mon" Anglia, je croise un pick-up. Un Peugeot ? Non, il est trop ramassé. Un pick-up Anglais ? Japonais ? En tout cas, quel que soit le véhicule, c'est forcément une rareté ! 

Et j'avoue que c'est Google qui m'a permis de l'identifier a posteriori. 

Alors, Anglais ou Japonais ? Les deux, mon capitaine !
A la fin des années 60, Isuzu décida de créer un pick-up basé sur la berline Florian. Ce fut le Faster (alias KB.) GM, en mal d'utilitaire léger, le rebadga "Chevrolet LUV" pour les Etats-Unis. En Grande-Bretagne, Bedford -la marque VU de GM UK- lui apposa son propre badge, en 1978. Il devint ainsi "Bedford KB". Sauf erreur, ils étaient tous les trois produits au Japon.

Avec ses lignes carrées, le KB rappelait les berlines Britanniques contemporaines. Bien malin qui aurait pu deviner que c'était du made in Japan !
La seconde génération de Faster fut également vendue sous le nom de Bedford KB. Et cette fois, il fut vendu sous ce badge en Espagne et au Portugal. GM ayant décidé de liquider Bedford (à cause de la confusion avec Ford ?), la troisième génération fut un Vauxhall. Sur le continent, on l'a brièvement connu sous le nom d'Opel Campo.

Cet exemplaire semble avoir été converti au GPL.

Une voiture noire, en pleine nuit, c'est forcément compliqué à photographier...

TVR Chimaera

On reste en Grande-Bretagne, mais on passe du cheval de trait au pur-sang ! Les TVR sont rares sur ce blog, alors autant en profiter !

Dans les années 60, 70, 80, la France bloquait les importations d'Américaines (pour limiter les sorties de devises) et de Japonaises (dans une peur plus ou moins irrationnelle d'une submersion nippone.) Pour le reste, la France accueillait à bras ouverts micro-constructeurs et artisans. Dont l'hexagone était parfois l'unique débouché à l'export.

Côté Britannique, ds ETI comme Asquith, Dax, Ginetta, Panther, Westfield et donc, TVR, étaient représentées officiellement en France.
En 1981, Peter Wheeler reprit TVR. Il poursuivit la production du coupé Tasmin et 350i, avant de dévoiler le roadster S, en 1986. L'engouement était là. Le constructeur atteint un niveau de production inédit, dont une moitié de S. Logiquement, Peter Wheeler poursuivit dans cette voie avec la Griffith (1991), la Chimaera (1992) et sa version coupé 2+2, la Cerbera (1994.) Toutes disposaient alors de V8 Rover réalésés.

Il faut aussi se souvenir qu'au début des années 90, l'offre en coupés et en roadsters de moyenne cylindrée est limitée. A 278 400 francs, la Chimaera 400 est seule dans son couloir.

Avec environ 1000 voitures par an, TVR était au milieu du gué. Comme Lotus dans les années 70. TVR touchait un public plus large, donc plus exigeant. Or, il gardait des réflexes d'artisans. La Chimaera à conduite à gauche arriva deux ans après la variante à conduite à droite ! Les panneaux de carrosserie étaient en fibre de verre et la finition, très légère...
Or, voilà qu'une nouvelle génération de modèles sportifs de grands constructeurs débarquèrent (BMW Z3, Mercedes-Benz SLK, Porsche Boxster et plus tard, Audi TT...) Des propositions plus chère, mais plus abouties et plus rassurantes. TVR fit développer son propre six cylindres-en-ligne. Mais il lui manquait l'appui technique et financier d'un grand constructeur. Pire : Peter Wheeler, malade, du passer la main.

La production de TVR s'est arrêtée presque du jour au lendemain, en 2006. Suivi une longue période de silence-radio. Depuis une dizaine d'années, TVR doit revenir "l'an prochain". A la longue, il est difficile de prendre l'actuel propriétaire, Les Edgar. TVR fut récemment le sponsor-titre de l'ePrix de Monaco.

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