Essai(s) Jeep Avenger 4xe

A la découverte de la Jeep Avenger 4xe, sur route... Et sur piste, via la Jeep Academy. 

Retour au domaine de Forest Hill. Il y a un Grenadier sur place, mais aujourd'hui, je ne viens pas pour lui...

Jeep

Jeep va très bien. La marque reste le très bon élève de Stellantis. Aux Etats-Unis, les ventes ont pourtant chuté de 9%, à 587 725 unités. Pour autant, près d'un véhicule sur deux vendu par Stellantis, aux USA, est une Jeep.

En Europe, Jeep a retrouvé des niveaux de ventes pré-covid, avec la barre des 100 000 unités dépassée en octobre. A coup de sponsoring de la "Juve", les Italiens ont compris que Jeep, cela voulait dire Fiat en américain ! La botte pèse près de 50% des ventes sur le vieux continent. En France, le constructeur s'est offert un record, avec 12 000 ventes et 0,7% de part de marché. Pour 2005, Jeep a perdu 4,8%, mais dans un marché français à -8,2%, le constructeur US consolide donc sa position. Il peut même s'offrir le luxe de lever le pied sur les VD.

Le visage de Jeep aux Etats-Unis et en Europe sont très différents. En Europe, il s'appuie sur les Avenger (qui n'est pas vendue aux Etats-Unis), le Compass (produit à Melfi, dans l'ex-usine de la Punto) et le Wrangler. Le Renegade est en extrême fin de carrière et le Grand Cherokee se vend à dose homéopathique. Ce dernier étant le best-seller de Jeep aux Etats-Unis. L'énorme Wagoneer et le pick-up Gladiator, deux valeurs sûres de Jeep USA, n'ont pas traversé l'Atlantique.

Jeep Avenger 4xe The North Face

Pour les vieux comme moi, The North Face, cela évoque You don't know me, d'Armand van Helden (1999.) Dès la toute première image du clip, le logo de la doudoune du DJ est bien visible.

A priori, il n'était même pas sponsorisé par la marque. Néanmoins, ce fut une énorme publicité pour The North Face. Jusqu'ici, la marque était inconnue, a fortiori en Europe. Dans un marché des doudounes dominés par Schott et Chevignon, il fallait désormais compter sur The North Face.

Comme nombre d'entreprises Américaines, The North Face s'est laissé tenté par le progressisme. En 2023, la filiale Canadienne s'était associé à la drag queen Patty Gonia. En 2024, la filiale Britannique proposa 20% de réduction sur sa boutique en ligne, à ceux qui suivraient une formation. La formation était intitulée "ALLIE EN PLEIN AIR : une formation numérique sur l'inclusion raciale et les alliés créé par The North Face." Il commençait par nous expliquer que la mort de George Floyd a provoqué un réveil sur la représentation raciale et l'inclusion dans les activités de plein air." Puis, pendant une heure, on assistait à une leçon de moral sur le "privilège blanc" et comment devenir un "bon allié" en "créant des endroits plus sûres et plus accueillants pour les minorités."

L'offre n'était valable qu'en Grande-Bretagne. Mais c'est aux Etats-Unis que les réactions furent les plus épidermiques. A gauche, les gens jugeaient la campagne "inutile" : ils étaient déjà sensibilisé sur les questions raciales. Des noirs s'interrogèrent sur l'obligation d'assister à une formation destinée aux blancs. A droite, The North Face fut qualifié de "woke", avec des appels au boycott.

VF Corporation (également propriétaire de Van's et de Timberland) traversait déjà une tempête, avec un PSE et une valse du conseil d'administration. L'affaire arriva au pire moment. Caroline Brown fut nommée PDG, le troisième en deux ans, Bracken Darrell, DG et deux membres du conseil d'administration furent dégagé (portant le total à cinq en deux ans.) La promotion britannique fut dévoilée en mars et la polémique ne toucha que les Etats-Unis. Pourtant, The North Face termina l'année avec des ventes en recul de 4% et une marge opérationnelle négative. Depuis, l'opération et toute la communication autour fut supprimée.

La nouvelle, nouvelle équipe de The North Face tente de relancer la marque. Aux Etats-Unis, il fait le dos rond. En Europe, il s'associe à Jeep pour cette Avenger en série limitée.

Depuis le Compass, Jeep s'est remis aux graphiques sur le capot. La spécificité de la série limitée, c'est un liseré jaune et lettrage The North Face. Notez aussi les coordonnés du Mont Blanc.

A l'intérieur, le moletonage des sièges est inspiré des doudounes, tandis que les lacets des vides poches s'inspirent du laçage des sac à dos. Chaque exemplaire sera livré avec une tente, une gourde et une tasse (d'un modèle pour droitier.) Prix : 38 250€, uniquement en 4xe. Il sera commercialisé en 4 806 exemplaires, rapport à la hauteur du Mont Blanc.

Présentation

Pour rappel, la Jeep Avenger est le premier résultat de la fusion PSA-FCA. Elle reprend la plateforme CMP des 208, Corsa, DS3, etc. C'est le centre de style Fiat, basé à Mirafiori, qui s'est chargé du design. Les Italiens ont réussi à donner un style très personnel à ce SUV de poche. L'Avenger possède un aspect très "quat'quat". La silhouette réhaussée accentue cet effet. Au total, avec 1,53m sous la toise, il rend près de 10cm à une 208.

Dans les années 70, Jeep utilisait beaucoup les graphiques, en particulier sur la Super-Jeep ou le Cherokee. Ce graphique de capot est nettement plus discret, mais l'on ne peut que saluer ce retour.

D'abord apparue en électrique, elle fut déclinée en e-hybrid 48V. Puis, grâce à l'ajout d'un second moteur électrique 48V, sur le train arrière, elle devient 4xe - à prononcer "4 par e" -. Cette transmission intégrale renforce l'identité Jeep... Même si l'Alfa Romeo Junior Ibrida Q4, reprend exactement les mêmes dessous. Du reste, la 4xe se positionne un peu au-dessus des autres Avenger, avec davantage d'équipements.

Intérieur

La bonne nouvelle, c'est la qualité perçue. Choix des matériaux, assemblage... Côté ergonomie, en tant que propriétaire de Fiat 500, j'ai vite retrouvé mes marques. Même si cette Blue&Me est particulièrement peu intuitive.

Mis à part le badge spécifique, l'habitacle manque un peu de fantaisie. Autre grief : à 34 750€, cette version Overland ne propose pas de sièges électriques, de tapis de sol ni de logo sur le pas de porte.

Motorisation/Comportement

Sous le capot, pas grand chose à voir. Le 1,2l turbo 136ch est bien sûr un PureTech. Mais cela, motus et bouche cousue ! Lors du déjeuner, nous avons évoqués les vicissitudes de l'ex-PSA avec le PureTech, devant des représentants de Jeep qui riaient jaune... Sur le 4xe, il est donc épaulé par deux moteurs électriques 48V 21kW (soit 28ch.) Du coup, l'Avenger affiche un surpoids de 175kg et sur le train arrière, la barre de torsion est remplacée par un multibras.

Par rapport à une solution micro-hybride, les deux moteurs 48V interviennent dans davantage de cas. Ils permettent de lancer la voiture ou de maintenir sa vitesse, sans solliciter le thermique.

Avec 4m de long, l'Avenger se faufile en ville. Et dès que l'on lève le pied, il se mue en silence. Sur les routes du Vexin, il manque de souffle. Avec 1,5 tonnes à vide, impossible de rouler à des vitesses déraisonnables en cote (sauf à prendre beaucoup d'élan.) Il revendique 5,4l aux 100km en cycle mixte, soit environ 7l en condition normales, ce qui n'est guère impressionnant pour une citadine hybride. Les suspensions sont ferment. Néanmoins, lorsque les inégalités s'enchainent, vous avez un effet de pompage.

Jeep Academy

Si l'on est au domaine de Forest Hill, c'est parce qu'il y a une parti tout terrain. Les ingénieurs ont tenu à donné de vraies capacités de franchissement à l'Avenger 4xe. Voilà pourquoi sa cousine Junior Ibrida Q4 possède une consommation plus basse (5,2l aux 100km) et est plus avare en CO2 (119g vs 122g.)

Précisons que pour cette partie, mon Avenger était chaussée de pneus quatre saisons standard.

On débute par des exercices standards : montée, descente, croisement de pont... C'est impressionnant, mais j'ai fait exactement la même chose avec une simple Audi Q2. 

Ensuite, on fait du tout-chemin à travers la forêt. L'occasion de profiter de la garde-au-sol de 210mm. Le seul point notable, c'est de passer les obstacles dans un silence absolu.

Le plat principal, c'est une aire tout-terrain avec de beaux dénivelés sablonneux, encadrés de souches d'arbres.

Mon impression reste mitigé. Certes, l'Avenger passe partout, alors que nombre de SUV resteraient bloqués.

Mon impression générale, c'est que l'Avenger est loin d'être à l'aise. Idéalement, il faudrait une gamme courte. Le 48V ne procure pas assez de frein-moteur. Il faut donc descendre les obstacles avec le frein, donc roues bloquées, ce qui n'est pas terrible en soit. En monté, l'Avenger 4xe se vante de ses 250Nm de couple. A titre de comparaison, un 1,6l Multijet possédait 320Nm de couple. Et avec 1,5 tonnes à tirer, la Jeep passe juste, juste. Lorsque les roues avant n'ont plus d'adhérence, le moteur arrière fait ce qu'il peut, avec ses 21kW. Surtout, faute de liaison mécanique entre l'avant et l'arrière, impossible de l'épauler.

En résumé, l'Avenger 4xe possède des capacités de franchissement supérieures à celles d'un SUV, mais inférieures à celles d'un vrai 4x4. Après, c'était ça ou bien revoir complètement le châssis et se retrouver avec un véhicule à 180g de CO2...

Conclusion

Dans un monde où il n'y a quasiment plus que des SUV, Jeep arrive à sortir un peu du lot. L'Avenger est très looké. La version 4xe rajoute quelques chevaux et davantage de plage d'utilisation du mode tout-électrique. Il vous permettra d'accéder à votre maison de campagne, à ce parking sablonneux près de la plage ou à la station de ski. En dix ans, on est passé du tout diesel au zéro diesel, alors que l'Avenger 4xe est le cas typique de la voiture qui pourrait profiter d'un diesel. Tant pis.

Le gros point noir, c'est le réseau Jeep. La carte de France est tachetée de zones blanches. L'exemple de l'Ile de France est édifiant. La faute à des années de flottement. Il n'y a que deux points dans Paris intra-muros et aucun point dans tout le quart nord-est de l'Ile de France, dans la Seine et Marne ou les Yvelines !