Rendez-vous chez Toyota

Ca faisait longtemps que je n'avais pas visité le Rendez-Vous Toyota. Cette fois, ils y exposaient des voitures de compétition.

La GT-One, je l'ai déjà croisée ici même. Mais c'est le genre de voiture que je pourrais voir et revoir... Ah la fin des années 90. L'état-major qui décidait d'abandonner deux décennies de présence en rallye pour faire du circuit. L'endurance devait être la voie royale vers la F1. L'erreur fut sans doute de vouloir utiliser des hommes du sérail. Mais la polyvalence a ses limites. Ove Andersson était un Homme de rallye, pas de circuit. Alan McNish était un pilote d'endurance, pas de F1. L'erreur aussi, c'était de chercher des synergies avec les structures américaines et japonaises. Comment Toyota pouvait penser qu'il allait réussir là où d'autres, comme Ford, Honda ou Mercedes, s'étaient planté ?

Mais de toute façon, après coup, c'est toujours facile de pointer les trous dans la cuirasse...
La TS050 des 24 heures du Mans 2017. Encore une édition où la victoire semblait gagnée... Kamui Kobayashi a déclaré que lorsqu'il a vu Vincent Capillaire lui faire signe, il l'a pris pour un commissaire de piste qui lui déclarait que la voie était libre. Puis, lorsque le feu au bout des stands était rouge, il a calé et il s'est emmêlé les pinceaux dans la procédure de redémarrage...

Il existe des agences de communications de crise spécialisée dans le sport. Les enjeux financiers sont tels qu'il faut rassurer au plus vite clients et sponsors. Le signe de Vincent Capillaire, c'est le cas typique du story-telling d'une agence de com'. Une excuse qui permet à Toyota de se dédouaner.
1) Ce n'est pas sympa pour Capillaire. C'est un "petit" pilote et il risque de passer toute sa vie pour celui qui a fait perdre Toyota. 2) Le risque, c'est que suite à cela, l'ACO ponde un règlement interdisant de "déconcentrer les pilotes". Et ça pourrait aller jusqu'à interdire les banderoles et les calicots.
 Que de symboles, sur cette voiture... Didier Auriol avait remporté le championnat du monde de rallye 1994 (on ne parlait pas encore de WRC.) En 1995, la Celica avait plus que dépassé la date de péremption. A mi-saison, le Toyota Team Europe dévoila une nouvelle voiture. Les ingénieurs ont bricolé le turbo pour que l'air passe autour de la bride. Une écurie a cafté auprès de la FIA et Toyota fut banni. Auriol se retrouva en porte-à-faux. En 1996 et 1997, Juha Kankkunen, Armin Schwartz, Freddy Loix et Rui Madeira pilotèrent des Celica "privées". La FIA, qui se débattait avec un championnat avec six voitures usines, fermait les yeux. Mi-1997, la punition prenait fin. Toyota revint par la grande porte avec la Corolla. Un petit jeune nommé Marcus Gronholm l’étrenna en course. En 1998, Auriol frôla le titre. La saison suivante, tout se jouait au RAC (la finale) entre Tommi Makinen (Mitsubishi) et Carlos Sainz. Le Finlandais avait l'avantage. Il abandonna le premier jour (et à l'époque, point de super-rallye.) Sainz n'avait plus qu'à dérouler. Il renonça dans la dernière spéciale. Makinen décrocha son quatrième titre. Toyota n'eu pas de troisième chance : l'état-major avait décidé de se reconvertir dans le circuit (voir plus haut.)

On note aussi le "Movistar" sur l'aile. En 1997, l'état espagnol privatisait Telefonica et sa branche mobile, Movistar. Avec l'explosion d'internet et des portables, l'entreprise devint vite un colosse. Juan Villalonga, le PDG, voyait grand. Il commença par sponsoriser Carlos Sainz. Seat rêvait de l'Espagnol. Grâce à Telefonica et Repsol, elle pu s'offrir Auriol ! En parallèle, elle sponsorisa Marc Gené et Gaston Mazzacane en F1 (l'opérateur étant très implanté en Amérique latine.) Villalonga rêvait d'une écurie de F1 Telefonica. Minardi se proposa... Ainsi que Williams ! Villalonga quitta femme et enfants pour s'installer avec une ex-miss Mexique à Miami. Telefonica paya une fortune des participations dans Endemol et dans Lycos. Il fut accusé de délit d'initié (et de mauvaise gestion.) A l'été 2000, il quitta Telefonica. Hasard ou coïncidence, Mazzacane et Seat arrêtèrent respectivement la F1 et le WRC peu après...

Autre anecdote. En 1998, la FFSA finança une manche de WRC avec une Corolla privée pour un jeune débutant. Son nom ? Sébastien Loeb...
Le Toyota Hilux de Nasser Al-Attiyah au Dakar 2017. Ces Hilux ont beaucoup de succès. Mon petit doigt me dit qu'en 2018, on verra des pilotes Chinois sur Hilux.

Al-Attiyah, à mon avis, il sera chez Peugeot. C'est bien simple, c'est la seule équipe pour laquelle il n'a pas roulé ! Chaque année, il change de monture. Depuis que j'assiste au Dakar, je l'ai vu sur une MINI, un Hummer, un buggy privé (avec Sainz sur un deuxième buggy) et donc, sur un Hilux...
Ce Rendez-vous Toyota, ce sont surtout des rendez-vous manqués ! Avec la FT-86, Toyota a peut-être trop réfléchi. Le développement s'est éternisé. Ensuite, la version sportive est restée au placard. Idem pour le cabriolet. Toyota avait peut-être peur de concurrencer frontalement la MX-5 (bien que ce soit une 2+2.) Dommage.
Et pour finir, la Yaris R1A. J'avoue que je ne suis plus le rallye depuis des années. Toyota aurait mieux fait de s'engager en RX.

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