L’automobile sous le socialisme
Samedi dernier, Arte a diffusé un documentaire intitulé L'automobile sous le socialisme (La liberté à quatre roues.) Un document à (re)voir sur le Replay ou sur YouTube.
En résumé, c’est une série de portrait de propriétaires de voitures de l’est. Chacun raconte son histoire, l’histoire de sa voiture et comment il l’a obtenu. Car dans l’ancien bloc communiste, pas question d’aller chez un concessionnaire et de repartir avec une voiture… Le tout entrecoupé d’images d’archives, comparant ces petites histoires, avec la grande histoire.
Sur la forme, les historiques sont approximatifs.La Zaz «Zaporozhets» 966/968 qui apparait au générique est à peine montrée. Par contre, il y a deux interviews de propriétaire de Zaz 965. Ainsi, on vous parle d’une voiture et l’on vous en montre une autre !
De plus, le commentateur « oublie » de préciser que les constructeurs de l’Est se sont appuyés sur l’Ouest. Soit par des transferts de technologie, voire des productions sous licence (cf. Lada, Dacia…), soit par de la copie pure et simple (comme les deux Zaz !) Tout juste concède-t-il que la Wartburg était produite dans une ancienne usine BMW.
Ce qui m’a fait sourire, c’était la « chambre de relaxation » de l’usine Moskvitch, où l’on diffusait des mantras particulier : « Détendez-vous… Il n’y a aucun problème de qualité… Tous les ouvriers sont à leur poste… Les fournisseurs livrent à l’heure… Vos membres flottent… Les délais sont respectés… » Remarquez, on devrait faire cela, dans les réunions projets, dans l’automobile !
Ce documentaire est avant tout centré sur l’östalgie. Il s’ouvre par Ronald Reagan. Il est tellement content d'une blagounette sur l’URSS, qu’il la répète deux fois !Reagan était symptomatique d'une analyse manichéenne de la situation. Pour l’occident, la problématique semblait simple. Dans les années 80, le Comecon se noyait dans d’insolubles difficultés économiques, sociales, politique et militaires (cf. l’Afghanistan.) Surtout, pour les peuples, le communisme ne représentait plus l’avenir, mais le passé. Les mécontents étaient de plus en plus nombreux et ils n’avaient même plus les moyens d’embastiller tous les meneurs !
Aussi, d’après les occidentaux, en sortant le communisme de l’équation, leurs voisins de l’Est seraient heureux.
Or, les régimes communistes possédaient leur classe moyenne : ouvriers qualifiés et fonctionnaires. Tous les gens étaient égaux, mais certains plus que d’autres… Cette classe moyenne se sentait redevable du régime pour sa progression sociale. Parmi leurs privilèges, il y avait l’accès à l’automobile.
L'automobile sous le socialisme est une production germano-bulgare. Ce sont deux des grands perdants de la chute du Mur. La Bulgarie est un pays rural, éloigné politiquement, culturellement et géographiquement, du cœur de l’Europe. Aujourd’hui, on n’en parle rarement. Et surtout, rarement en bien. Le seul point positif, c’est la production de lavande, qui a explosé ! Pour l’ex-RDA, c’est encore pire. Il était autrefois la locomotive économique de l’Est. Aujourd’hui, le pays n’existe plus. Dans les livres d’histoires, l’immédiat après-guerre n’est évoqué qu’à travers la RFA ; La RDA n’a droit qu’à un encart. Le Mur a été abattu depuis plus de temps qu’il ne fut hérissé. La RDA n’est plus qu’une parenthèse, comme les petits royaumes Européens du XIXe siècle. Les baby boomers de ces pays ont donc la nostalgie de cette époque où ils étaient quelqu’un.
Puis il y a ces Russes, trop jeunes pour avoir connu l’URSS. Ils ont néanmoins la nostalgie de ce pays décrit dans les discours de Vladimir Poutine.
Enfin, il y a John Haugland. Ce pilote Norvégien joue l’élément extérieur. Éternel représentant de Škoda en rallye, il assista en spectateur au printemps de Prague (et à sa répression.) Le plus étonnant à croire, c’est qu’à l’époque la Tchécoslovaquie était plus prospère que la Norvège (où l’on n’avait pas encore découvert du pétrole.)
(photos : ARTE)
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