Des trains pas comme les autres
D'ordinaire, je ne suis pas du genre à m'extasier sur des trains. En tant que Francilien, le train m'évoque surtout des galères. Mais en Chine, toutes les actions du quotidien sont différentes. Y compris de prendre le train !
La première chose choquante, c'est la taille des gares : elles sont toutes petites ! Vous débarquez dans une ville de plusieurs millions d'habitants et vous tombez sur une gare de campagne, avec deux voies.
En France, il y a 1,8 milliards de trajets en train, par an. A titre d'exemple, en juin, j'ai pris le RER jusqu'à Gare de Lyon, puis le TGV jusqu'à Perrache et retour. Cela compte comme quatre.
En Chine, il y a 1,4 milliards d'habitants. Donc, il devrait y avoir des dizaines de milliards de trajets, non ? En fait, le total est de 3,56 milliards de trajets. Pour le nouvel an Chinois, il y a eu un pic de 2,6 millions de passagers uniques en une journée. Alors que l'été dernier, 24 millions de passagers ont pris un train grande ligne en France !
Notez que les prix sont "chinois". Un Shanghai-Suzhou en LGV, en première classe, pour demain matin vous coutera sept euros. Il n'y a pas de plateforme officielles, il faut faire confiance aux sites privés. Lors de la réservation, vous devez indiquer votre nom complet et votre numéro de passeport. Lors du passage du tourniquet, point de billet papier ou de QR code : votre passeport sert de sésame.
Et notez bien votre numéro de train, car l'affichage est presque exclusivement en caractères Chinois.
Les LGV sont propres et elles offrent le confort d'un TGV.
Des messages de prévention, façon manga, rappellent les bonnes manières. Ça dit grosso modo : "Oni-chan faisait du bruit avec son téléphone. Puis il a été pas gentil avec stewardess-kun. Alors la police est arrivée et lui a mis un gros bonk. UwU !"
Au début des années 90, il y avait encore des locomotives à vapeurs, en circulation, en Chine ! Moins de dix ans plus tard, la Chine dévoilait son premier train à grande vitesse... Qui dut attendre 2004 pour avoir une voie digne de ce nom. Le pays se lança dans des travaux pharaoniques. Il voulait 12 000km de LGV à l'horizon 2020. Mais Xi Jinping ordonna un coup d'accélérateur, dans le cadre du programme "Nouvelles Routes de la Soie". Aujourd'hui, il y a ainsi 42 000km de voies (sachant que le Fuxing, le TGV Chinois, ne circule pas forcément sur des LGV...)
Et ce n'est pas fini. La revue de la CRH (China Railway High-Speed) annonce de nouveaux projets.
Mais on l'a vu plus haut, les Chinois voyagent peu. Les Fuxing roulent à vide, quant à rembourser les travaux de construction... La dette cumulée de la CRH à dépassé les 800 milliards d'euros. Dire qu'on se plaint des 24,4 milliards de dette de la SNCF...
Est-ce pour remplir les caisses que certaines voitures sont sponsorisées ? Les hommes d'affaires occidentaux connaissent bien cet alcool. Très prisés lors des toasts, il est synonyme de maux de têtes le lendemain...
Autre stratégie : créer le besoin.
La culture des escapades d'un week-end arrive petit à petit. La revue de la CRH tente d'attirer le chaland avec les nouvelles destinations desservies par le train. Sauf que les infrastructures touristiques, hors des très grandes villes, sont rares. Elle n'est pas belle, cette ville, avec son écomusée et son musée de l'armée ?
J'adore les poses complètements spontanées et pas du tout rigides des mannequins...
Dans le hall de gare, presque toutes les publicités sont des partenariats avec des célébrités. Ici, un scooter fabriqué par AVIC, l'Airbus Group chinois (d'où la comparaison avec un avion de chasse.)
Dans les années 80, AVIC était scindé en deux entités, AVIC 1 et AVIC 2 (exactement comme Nord Aviation et Sud Aviation), tournés vers le militaire. Dans les années 80, l'état Chinois forçait les complexes militaro-industriels à investir dans l'industrie civile. AVIC 2 se lança ainsi dans l'automobile avec Hafei et ChangHe.
Mais à la fin des années 2000, alors que les ventes décollaient, nouveau paradigme. AVIC 1 et AVIC 2 furent fusionner pour créer un avionneur Chinois capable de produire intégralement des avions de ligne. Hafei et ChangHe furent longuement livrés à eux-mêmes, puis soldés à ChangAn (qui lui venait des armes à feu.)
C'est donc étonnant de voir AVIC revenir à la construction extra-aéronautique.
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