Carte postale Malaisienne

Qui dit voyage, dit spotting. Et en marge d'Automechanika Kuala Lumpur, j'ai immortalisé un échantillon du parc Malaisien. Dépaysement garanti...

J'ai connu cette époque lointaine où vous n'aviez pas d'écrans dans les avions. Sur un long-courrier, vous deviez vous taper deux films minables. Quant à la stéréo dans l'accoudoir, elle diffusait une dizaine de stations façon compile que l'on vous donnait en station-service après trois pleins d'essence.

Maintenant, même sur ce Singapour-Kuala Lumpur, vous avez votre écran multimédia. Dans les "recommandations", il y a une série de documentaires appelés "F1 Legends" : Alan Jones, Jack Brabham et Emerson Fittipaldi. Va pour "Emmo".

Par contre, sur un vol aussi court, Singapore Airlines ne fournit pas d'écouteurs. Pas de problèmes, le Brésilien est suffisamment expressif.
BskyB est venu l'interviewer chez lui, en 2012. Le Brésilien est rayonnant lorsqu'il évoque ses années chez Lotus, puis chez McLaren. Les victoires, la Lotus 72 et la McLaren M23, mais aussi la célébrité. Etre pote avec Pelé, Jackie Stewart ou George Harrison...
Les traits se tendent lorsqu'il évoque la Copersucar. Les images part d'elle-même : le peloton qui passe et au bout, la voiture grise...
Puis les yeux s'écarquillent pour évoquer l'Indycar. Le retour au sommet, les retrouvailles avec Teddy Mayer... Fittipaldi le Carioca tenta même de convaincre Ayrton Senna le Pauliste de le rejoindre. Il le cite parmi ses pilotes préférés, avec Ronnie Peterson et François Cevert. Curieusement, Christian Fittipaldi, Nelson Piquet, Roberto Moreno ou Max Papis n'étaient pas évoqués.


Fast & Furious, KL Drift

A la sortie de l'aéroport, je me rends aux taxi. Les vrais, pas les "hello sir, taxis ?" Dans la file, il y avait ce "magnifique" Toyota Innova tuné. Hélas, j'ai du me contenter d'une berline Hyundai.


Par la suite, j'ai effectivement croisé nombre de voitures tunées. Les Malaisiens ont un rare goût pour le tuning à la fois cheap et clinquant : faux silencieux, faux carbone, covering crados qui se décolle, clignotants fumés en panne...

Proton

Du reste, bien sûr, les Proton représente l'essentiel du parc. La marque ayant longtemps appartenu à l'état Malaisien. De quoi retracer l'historique de la marque.

Voici d'abord la Saga, toute première Proton. Lancée en 1985, ce fut longtemps un best-seller... D'autant plus qu'elle fut longtemps l'unique voiture disponible sur le marché.

Ici, une Saga pose devant le Palais du Sultan Abdul Samad et les tours jumelles Petronas, les deux monuments de la capitale.

Puis Proton mis d'autres modèles sur le marché. Malgré tout, la Saga conservait des fidèles, reliftée plusieurs fois, cette Mitsubishi Lancer ne prit sa retraite qu'en 2008 !

En 1993, Proton lança un second modèle, la Wira.

Très proche de la Lancer contemporaine, elle prit ses distances avec une version 5 portes. Une Wira 5 portes qui fut très brièvement importée en France par Inchape.

Notez que Proton songea à disputer le WRC avec une Mitsibishi Lancer Evo rebadgée. La crise financière Asiatique de 1997 mit fin au projet.

Proton tenta de produire d'autres modèles de Mitsubishi (mais curieusement, jamais de Pajero.) La Perdana, dérivée de la Galant, fut une tentative de grosse Proton.

La Waja remplaçait de facto la Wira. Proton ne voulait plus assembler exclusivement des Mitsubishi. Surtout, il souhaitait avoir davantage de valeur ajoutée. La Wira fut l'une des premières vraies créations.

Présent en Grande-Bretagne depuis les années 90, Proton tenta sa chance en BTCC avec la Waja. Au tournant du siècle, les constructeurs étaient partis et le BTCC faisait tout pour ne pas finir en coupe monotype d'Astra Triple Eight. La Waja courra trois saisons, sans succès. Notez que ce fut aussi un premier partenariat avec Norwich, via Lotus.

Proton avait tenté sa chance dans les citadines avec la Tiara. Il s'agissait d'une Citroën AX assemblée en CKD.

Face à la montée en puissance de son frère-ennemi Perodua (voir plus loin), Proton retenta sa chance avec la Savvy. Curieusement, elle disposait d'un moteur Renault. Second bide.

Proton s'offrit Lotus en 1996. Non pas par amour des voitures de sport, mais pour pouvoir muscler son bureau d'étude. Si la Waja disposait de sa propre plateforme, la Gen-2/Persona inaugurait un moteur inédit, le Campro. Tout cela, grâce à Lotus.

Proton rêvait de devenir un constructeur d'envergure mondiale. D'où de gros efforts sur l'export, notamment au Moyen-Orient.

A mon sens, la Gen-2/Persona est la plus jolie Proton. Après, cela restait très loin des standards occidentaux, en terme de finition. Le moteur Campro était asthmatique, avec un 0-100 en 10 secondes.

Il y a encore pas mal de Gen-2/Persona qui circulent. Les versions taxis ont été converties au GNL.

Cette Gen-2 possède des badges Europestar. Pourtant, il s'agit bien d'une Gen-2 et non de sa curieuse cousine Chinoise Lotus L5...

La première Satria n'était qu'une Colt rebadgée. La Satria Neo n'était en apparence qu'une Satria reliftée. Pourtant, il s'agissait bien d'un modèle inédit. C'était une de ces compactes à cheval entre les segments B et C, typique de l'Asie.

On se souvient surtout des Satria Neo S1600, qui coururent en championnat Asie-Pacifique et en championnat Britannique. Elles y font une apparition dans l'épisode de Top Gear où le trio affronte leurs homologues Australiens. Sans oublier la Satria Neo S1600 privée du Japonais Cuzco, entourée en permanence de race queens.


La Prevé fut une fin de race. L'état Malaisien se gargarisait d'avoir créé une voiture moderne. Les yesmen lui juraient que ça allait être un carton à l'export. Jean Alési, porte-parole Lotus, fut expédié pour poser avec la Prevé.

En pratique, le distributeur Britannique baissa le rideau. L'Australie, autre débouché traditionnel, jeta l'éponge dès 2015. Ce fut un échec très couteux.

En 2017, Proton, miné par la corruption et le népotisme, fut racheté par Geely. Concrètement, Proton remplaça ses modèles par des Geely rebadgées. Ce X70 n'est ainsi qu'un Boyue.

Perodua

A peine Proton lancé, l'état Malaisien voulu créer un second constructeur : Perodua. Cette fois-ci, c'était Daihatsu, le partenaire. Les Perodua sont nombreuses, mais on n'a jamais assisté à une vraie motorisation de masse de la Malaisie.

L'une des plus craquantes, c'est la Kenari. Il s'agit d'un copier/coller de la Move Custom, y compris la calandre à quatre phares, mais avec un équipement dépouillé.

Puis il y a la Kelisa. Vous aurez reconnu une Trevis avec une nouvelle calandre. La Trevis était une micro-citadine sympa et lookée, très, très inspirée par la Mini. Perodua lui a enlevé jusqu'à la dernière molécule de fun.
Elle tenta sa chance en Grande-Bretagne. Dans le DVD Heaven and hell, Jeremy Clarkson en acheta une, puis la détruisit tout en déclarant à la caméra à quel point elle était nulle. Perodua UK accusa "Jezza" d'être responsable de la chute subite des ventes, en 2006.

En gros, dans la circulation, des millésime 1985 à 2005, il n'y a que des Proton et des Perodua.

Gros distributeurs Malaisien, Naza a fait du CKD. Il a surtout assemblé des Hyundai, comme ce Getz. Mais on se souvient de ses Hafei Lobo et de ses Peugeot 206 4 portes (dont les kits provenaient de Thaïlande.) Naza fut également impliqué dans l'aventure Team Lotus/Caterham F1...

Des voitures antérieures à 1985, on en aperçoit. Tel ce vendeur à la sauvette en Toyota Corolla, qui stocke ses sorbets dans le coffre de sa voiture. Coffre qui ne dispose d'aucun système de réfrigération, alors qu'il fait plus de 30° dehors...

Petronas

L'autre pilier de l'industrie automobile Malaisienne, c'est Petronas. La compagnie de PETROle NASionale. LE monument de Kuala Lumpur, ce sont les tours jumelles Petronas. Elles sont tellement visitées qu'il faut réserver son billet une semaine à l'avance.

Petronas est fier de sponsoriser Mercedes GP. Une maquette à l'échelle 1 trône dans l'entrée...

La boutiques souvenir vend des quelques produits à l'effigie de George Russel et Lewis Hamilton.

Les tours jumelles sont le siège de Petronas. De nombreux employés portent des chemisettes ou des polos de l'équipe. Mais dès que l'on quitte les abords des tours, l'engouement n'est pas vraiment palpable. Au fake market de Chinatown, j'ai vu une unique chemisette.

Plus incroyable, dans le centre commercial des tours, on trouve par contre des vêtements à l'effigie de la Scuderia Ferrari...

Et une biographie de Max Verstappen dans la librairie.

Puisqu'on est dans la page "F1", voilà un drôle de tee-shirt "Montréal" avec des F1 du début des années 90.

Au Suria KLCC, le stand des Tesla est pris d'assaut. Il y a pourtant peu d'électriques en Malaisie.

Par contre, à quelques centaines de mètres de là, sur le stand Peugeot...

Partir durant ses congés, c'est un luxe pour de nombreux Malaisien. Alors pour promouvoir sa tente de toit, Decathlon utilise cette simili-MINI :

Une boutique Gucci. La mondialisation, c'est quoi ? C'est être en Malaisie, voire une boutique Italienne avec un mannequin Chinois assis sur une voiture Allemande (en l'occurrence, une Mercedes-Benz SL "R107".)

C'est un peu creux, comme réflexion. N'empêche, Cédric Klapisch a réalisé deux films avec ça !

Food-truck

Les food-trucks sont visiblement très populaire en Malaisie. Ils ont adaptés la formule à la sauce locale. La base favorite, c'est l'Inokom Lorimas (Hyundai Porter.)

Les Chinois ont posé un orteil en Malaisie. D'où des food-truck ChangAn et cet original Jinbei-Shineray Haixing.

Jinbei était une entreprise chinoise de la veille école. Elle disposait d'un atelier d'assemblage de pick-up générique, Jinbei-Mianyang. Il était situé à Chongqing, loin de son fief du nord-est. Jinbei-Mianyang assemblait aussi les fameux vans DongFeng Yu'an, à double-haricots... Le tremblement de terre dans le Sichuan -et ses conséquences économiques- a ruiné le petit atelier.

Quelques années plus tard, le constructeur de motos Shineray débarqua. Il utilisa Jinbei-Mianyang comme une coquille vide. Cette fois-ci, il s'agissait de produire des vans inédits. Mais pour faire le lien avec les anciens Yu'an en CKD, ils ont gardé les double-haricots. Ils n'ont aucun rapport avec les minivans de Jinbei "tout court".
En 2021, le groupe Brilliance a connu une énième réorganisation. Shineray a pris le contrôle de l'usine de Chongqing et elle porte désormais l'enseigne SVM.

Qui dit food-truck, dit Citroën Type H. Même les Malaisiens n'y coupent pas !

Enfin là, il s'agit d'une très, très mauvaise imitation.

Ce Mazda Bongo rouillé est en fait un Ford Econovan. Dans les années 80-90, Ford Australia avait complété sa gamme avec des Mazda rebadgées. Certaines étaient produites en Malaisie, pour des raisons de coût de main d'œuvre. C'était donc le cas du Bongo/Econovan.

Un Weststar Maxus. C'est à dire non pas le Maxus V80 de SAIC, mais l'ancien LDV Maxus. Il était assemblé en CKD par HICOM, qui fut propriétaire de Lotus.

LDV était dans une situation financière précaire. Son fourgon originel, dérivé du Sherpa des années 60, se faisait, très, très vieux. GM n'avait pas racheté la branche utilitaire de Daewoo. Les Coréens conçurent un fourgon et LDV se greffa dessus. Finalement, Daewoo CV fut repris par Tata. LDV fit ce qu'il put, avec un budget proche du néant. 

Notez que Kuala Lumpur possède un métro. Avec cinq lignes, le réseau est très dense. Il y a non pas des tickets, mais des jetons. Le prix est fonction du nombre de stations. Comptez 40 cents (2 roupies malaisiennes) pour une traversée du centre-ville. Bien sûr, la propreté et le comportement des gens laissent rêveur le Parisien que je suis.

Cette offre de transport explique sans doute le faible nombre de deux-roues. Tant pis pour ceux qui voulaient voir ces scooteristes ayant l'instinct de survie du dodo, qui font le bonheur des vidéos de dash cam Asiatiques.

Globalement, la circulation est très propre. Nonobstant une tendance au parking en double-file, surtout chez les bus et les autocars.


Les cyclos Yamaha 50cm3 sont surtout l'apanage des livreurs Grab Eat. Si possible avec covering Repsol ou Movistar.

Dans le temps, en France aussi, il y a des cyclos. C'était une spécialité des constructeurs Méditerranéens (Derbi, Morini, Malanca, puis Aprilia...) De réputation, ils étaient très facile à débrider. Mais ils tombaient tout le temps en panne.
Mais au moins, quel look ! Ca vous posait davantage son caïd qu'une mobylette ou un scooter. Dire qu'aujourd'hui, les marlous ont des trottinettes électriques...

Voilà, il est temps de rentrer. Cette fois-ci, je tombe sur un documentaire consacré aux Wheldon père et fils, The Lionheart.

Le reportage -tourné en 2021- retrace la vie de Dan Wheldon. De ses débuts en Formule Ford, jusqu'au funeste Grand Prix de Las Vegas. Il n'hésite pas à montrer les rapports complexes du Britannique avec Tony Kanaan, Dario Franchitti et Bryan Herta. Tour à tour amis, puis rivaux -en piste, comme durant le mercato-. Comment Dan "Well Done" a signé chez Ganassi au lendemain de son titre avec Andretti ou comment Chip Ganassi l'a dégagé fin 2008. Sans oublier un récit complet du catastrophique Grand Prix de Las Vegas. Et en parallèle, il montre la vie actuelle de Susie, sa veuve et de ses fils Sebastian et Oliver. Deux fils qui tentent de percer en karting, avec des résultats en dents de scie.
Notez que depuis, Sebastian est passé à la monoplace. Il est actuellement 3e de l'US F2000.

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