Dans ce blog, j'ai toujours voulu proposer des sujets originaux, sur le fond, comme sur la forme. Voici justement de l'inédit : un salon automobile pour professionnels du secteur, en Malaisie.
En 1971, le salon de Francfort était annulé au dernier moment. Messe Frankfurt, le propriétaire des halls, eu l'idée d'organiser un salon pour garagistes et stations services. Ainsi naquit le salon professionnel Automechanika. Messe Frankfurt eu l'idée de décliner le salon à travers le monde. Dernier né : Automechanika Kuala Lumpur. Ma curiosité était piquée, d'autant plus que le salon annonçait une orientation "tuning-sport auto". Du tuning Malaisien ? Voilà qui s'annonçait exotique à souhait !
Le salon a lieu au Kuala Lumpur Convention Center (KLCC), à un jet de pierre des tours Petronas. Un lieu très modernes. Pas moins de cinq halls sont dédiés à Automechanika.
On est accueilli par cette Mini Cooper 1300 tunées. Une voiture rare en Malaisie, où les importations sont surtaxées.
Les salons Asiatiques ont la réputation d'être moins pudibonds que les Européens. D'emblée, sur le stand Valvoline, deux race queens attirent le chaland.
Notez l'Aston Martin F1 en arrière-plan, alors que l'on est à deux pas du QG de Petronas (donc Mercedes GP.) Néanmoins, ça n'a pas l'air de gêner qui que ce soit.
Petronas, marque nationale d'un pays hautement patriote, se contente d'un unique totem. Consternation.
Automechanika Kuala Lumpur, c'est surtout du sous-traitant Chinois générique. Des centaines d'entreprises autour de Shanghai et de Canton proposent des pièces basiques pour VP, VU et PL. Le tout à des prix souvent très bas.
Même en France, vous ne pouvez pas travailler avec un sous-traitant uniquement en échangeant des mails. Ne serait-ce que pour approfondir la relation et être mieux considéré par votre sous-traitant.
Avec la Chine, la visite est obligatoire. A minima, il faut dissiper les quiproquos éventuels. Les sous-traitants ne comprennent pas aussi bien l'anglais qu'ils le prétendent et vous non plus. Ensuite, il s'agit souvent de valider que votre sous-traitant est bien le fabricant et si c'est une centrale d'achat, qu'elle est réellement compétente. Vous avez même des multicartes indépendants, qui distribuent de fausses cartes de visites, prétendant être "sales manager". Bref, il y a quantités de détails à examiner. C'est mon métier, alors je ne vais pas vous révélez gratuitement mes astuces !
Les Chinois aiment afficher des photos de leurs clients étrangers. Et sur leurs murs, vous trouverez sans doute des entreprises françaises vous faisant payer un prix "made in France"...
Ce stand propose des pièces compatibles pour des poids-lourds Chinois... Qui ne sont pas distribués en Malaisie. Donc forcément, les clients ne se bousculent pas.
Bien sûr, il pourrait fabriquer des pièces pour vos camions. Mais ce serait un dossier à suivre de près. Et attentions aux MOQ (minima de commande/de production), des questions d'outillage, etc.
Trop de PME et d'ETI Françaises signent des bons de commandes en Chine, sans rien suivre. J'ai même croisé une entreprise Chinoise qui se vantait de bien vivre, au dépend d'un carrossier industriel français...
Le constructeur était la première "marque pure" en terme de volume. Surtout, elle était la seule à proposer une gamme complète. Ses voitures étaient mieux finies, mieux équipées et mieux motorisées que la concurrence. Enfin, il pesait plus de la moitié des exportations Chinoises de VL.
Puis il y eu une suite d'erreurs. Initiateur d'un glissement vers le milieu de gamme, Chery se rata complètement sur sa marque access premium Qoros. Le législateur Américain déclara que Malcolm Bricklin restait seul distributeur de Chery, quelle que soit la marque utilisée. Chery fut le premier à disposer d'une vraie chaine d'assemblage au Brésil. Il y subit un marché atone, face à des crises récurrentes. Enfin, il manqua le coche des gros SUV, puis de l'électrique.
Pour prendre une métaphore cycliste, Chery a attaqué trop tôt, il s'est fait rattraper et maintenant, il roule dans le grupetto.
Un prix étonnant : cette marque de filtres de climatisation auto à reçu un "muslim choice".
Côté tuning, il y a de quoi se dégourdir les zygomatiques. Ici, ce stand d'impression vous propose du covering pour capot, avec mugs et tee-shirts assortis.
La Malaisie n'a pas encore été convertie au
GAC Master. Le roi des shuttle, c'est le Toyota Alphard/Velfire. Un équipementier vous propose ces masques, pour maquiller votre AH30 en AH40.
Dans une autre vie, j'ai été brièvement chef de projet A380 chez Safran Seats, à Meru. J'ai eu l'impression de reconnaitre les produits... Sauf qu'il s'agit de sièges arrières pour Alphard/Velfire. L'inspiration business class est évidente.
Notez les ouvertures pour installer écrans, tablettes, cendriers, etc.
Quelques exposants autour de l'univers BMW.
Vous trouvez que les calandres actuelles de béhème sont trop discrètes ? Optez pour des double-haricots lumineux !
Ailleurs, un logo inspiré de l'emblème de Motorsport, dans les années 70.
Avec ses vitrines blanches, ce revendeur se donne des airs de stand BMW. Entre ses polos Puma "Vintimille" et ses chaises issues du pire fake market, il perd vite de la crédibilité...
Entre l'Alpina C2 2.7 et ces deux charmantes jeunes femmes, j'en ai oublié d'examiner les produits de ce stand !
Contre toute attente, la race queen de droite s'y connaissait très bien en E30.
Grand classique du salon du tuning : l'Honda Civic avec maxi-sono. Dans le temps, elle aurait fait la couverture d'ADDX...
Justement, à quelques mètres de là, un stand propose d'authentique éléments carbone en fibre de verre pour Honda Civic...
Signe des temps, le salon possède son propre studio TikTok. Deux Tiktokeuses Malaises s'extasient devant des inserts pour tableau de bord en "carbone forgé".
Personnellement, tout média qui voudrait me faire croire que l'on forge du carbone perdrait irrémédiablement sa crédibilité.
Certains s'émeuvent de voir potentiellement Autobianchi ou Innocenti renaître sous pavillon Chinois. Cela fait pourtant plusieurs années que des fabricants de hifi vidéo bon marché ont ressuscité des marques comme Thomson ou AEG. Une autre entreprise Chinoise a récupéré le nom Lucas, pour en faire une marque de pièces détachées (les fameuses "boites vertes".)
Les voitures électriques sont très, très rares en Malaisie. drivEV propose des formules de leasing de VE, essentiellement Chinois. Il a fourni une BYD à un vendeur d'outillages pour garages, afin de se faire de la pub.
Plus vous vous attardez sur cette VW Beetle "935", plus vos yeux saignent...
Et c'est déjà le bout ! Le hall 5 se prépare à accueillir une soirée, avec DJ. Ambiance concentration, avec une Lamborghini Huracan couverte de strass, une Morris Minor Mk3 (qui joue le rôle d'une Merc'49 avec top chop !), une Cadillac Eldorado 1959, une Ford Capri Mk1 et une Toyota Celica.
Pour les bornes d'arcades, apparemment, ils n'ont trouvé que Moto GP.
C'était une première édition. Frankfurt Messe a voulu taper le plus large possible. Malgré tout, il avait beaucoup de m² disponibles. Les exposants ciblaient le marché Malaisien, mais la promotion, elle, était faite auprès des visiteurs d'Automechanika Frankfurt.
J'allais oublier... Bien sûr, il y a des mannequins en pagaille. Il y a même davantage que de voitures ! Certaines se contentent de faire des shows à heures fixes avec un pouce levé géant (ici, Facebook reste un outil professionnel.) Brembo possède ainsi quatre filles qui se relayent ! Ailleurs, elles distribuent des catalogues, des sacs ou assurent l'accueil.
On note les tenues directement inspirées des race queen japonaises (minijupe en skaï, haut blanc...) avec une beauté à la fois chinoises (avec les mentons pointus) et sud-est Asiatique (le maquillage de camion volé.)
Tout se passe de manière très bon enfant. Pas de gestes déplacés des visiteurs et les filles posent volontiers devant les caméras. Il n'y a même pas besoin de vigiles. La Malaisie est pourtant un pays plutôt traditionnaliste. Les jeunes couples osent à peine se promener main dans la main. Près de deux tiers de la population est musulmane et les fillettes sont voilées parfois dès la sortie du berceau.
Ouf ! Toutes ces informations si détaillées finissent par donner le tournis ! Heureusement qu'il y a cette collection d'indigènes de type femelle pour terminer ...
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