Rétromobile 2020 : 12. McLaren F1

C'est désormais une habitude. A chaque Rétromobile, Richard Mille vient avec sa collection de McLaren et met en scène une rétrospective. Cette année, elle est consacrée à la première supercar de la marque, la F1.
En fait, la F1 est la deuxième supercar de la marque. La première, c'était la M6 GT. Bruce McLaren voulait que sa firme soit présente sur tous les fronts : F1, F2, Formule Tasman, Indycar, CanAm... Ne serait-ce que pour des raisons financières (accumuler les primes de départs, alors qu'il n'y avait pas encore de sponsor.) Le fait qu'il ait lui-même fait parti de l'aventure GT40 y fut sans doute pour beaucoup dans son désir d'aller en endurance.
Avec la M6A de 1967, le Kiwi avait fait les choses bien. McLaren en construisit deux. Trojan fut chargé de produire des M6B, destinées aux clients.

Pour 1968, Bruce McLaren songeait à une "street version", la M6 GT, afin d'obtenir une homologation auprès de la CSI. Le manque de capacités de Trojan, le nombre réduit de clients intéressés et la mort de l'homme-orchestre sabordèrent le projet après une poignée de M6 GT.
Une quinzaine d'années plus tard, Gordon Muray était un ingénieur de F1 semi-retraité. Il alla voir son ex-employeur, McLaren, avec une idée folle : construire l'ultime supercar. Ron Dennis avait taillé à la hache dans les programmes de McLaren, ne conservant que la F1, mais son côté mégalo fut sans doute flatté. Après avoir battu Ferrari en piste, il allait le battre en concession !

Son partenaire en F1, Honda, n'avait pas de moteur assez puissant ? Pas de problème, il fit le tour des constructeurs ! Le V12 BMW de la M8 (un projet mort-né) n'était pas satisfaisant, alors McLaren demanda aux Bavarois de lui créer un V12 sur-mesure !
Rien n'était trop beau ou trop fou : trois places de front, emploi du carbone et même de l'or (comme isolant thermique.) Le prix était astronomique pour l'époque et la production limitée à 100 unités.
Officiellement, toutes les F1 étaient vendues, merci, plus de questions.

En pratique, seule la moitié des voitures avaient trouvé preneur. En 1994, Ray Bellm, un gentleman-driver proche de Muray lui proposa d'en créer une version course, pour le BPR. Face aux 911 GT2 et autres F40 LM, elle avait toutes ses chances. Accessoirement, c'était un moyen d'écouler les stocks... Ainsi naquit la F1 GTR.
Bellm créa une structure, avec le soutien de Gulf et en confiant la préparation à David Price. Thomas Bscher en acheta deux autres. Et ainsi de suite.
Aux 24 heures du Mans 1995, McLaren débarqua avec le prototype de la F1 GTR, aux couleurs d'une clinique Japonaise de luxe. Yannick Dalmas, JJ Letho et Masanori Sekiya s'imposèrent. Une première pour une GT depuis les années 60.
Le BPR devint une véritable coupe McLaren.

Commissaire-priseur, gentleman-driver et amateur d'art contemporain, Hervé Poulain s'est fait compresser ses coupes par César. Jean-Luc Maury-Laribière fit peindre le résultat sur sa F1 GTR et il coura avec Poulain au Mans.
Notez que j'avais vu cette McLaren aux 1000km de Paris 1995 (avec Pascal Fabre au volant), juste avant qu'elle ne soit repeinte...
Ce fut la course à l'armement. Porsche lança la 911 GT1, un proto à la ligne évoquant vaguement une 911. Mercedes-Benz s'offrit la F1 GTR de Jean-Denis Deletraz et la fit lourdement modifier. Quelques mois plus tard, la CLK GTR (également issu d'un projet avorté de DTM) était prête pour la saison 1997. De son côté, McLaren présenta la F1 GTR 98. Bellm et Bscher faisaient cause commune, avec le soutien de McLaren, tandis que Bigazzi portait les couleurs de BMW (qui s'était rappellé qu'il motorisait la F1.)

On était loin de la compétition pour amateurs des débuts. Reste la très jolie livré mêlant Gulf, le sponsor de Bellm et le cigarettier en "David", apporté par Bscher...
Vous additionnez 100 McLaren F1 (chiffre officiel de production), vous additionnez les F1 GTR, la série limitée F1 LM de route (pour célébrer la victoire au Mans), les F1 GTR 97 et vous arrivez à... 100 unités (chiffre officiel de McLaren.)

Officieusement, la F1 fut un gouffre financier. Au moins, elle a convaincu Mercedes-Benz des capacités d'ingénierie de McLaren. Il lui confia la production de la SLR. Puis les deux parties se brouillèrent. Fidèle à lui-même, Ron Dennis décida de créer sa propre marque de GT !

Depuis 2011, McLaren construit des GT en moyenne série. De temps en temps, ils créent aussi des hypercar. Après la P1, voici la Senna.

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