Rétromobile 2020 : 7. Bugatti(s)

Bugatti possède un stand officiel à Rétromobile !

Les perspectives changent au fil du temps. Bugatti en est un bon exemple. Pour moi qui suit né en 1978, Bugatti a d'abord évoqué une marque disparue depuis longtemps, un peu oubliée. Le nom me fait surtout penser à des voitures parquées dans des musées. J'ai grandi avec un Les grandes marques : Bugatti (éditions Gründ, 1984), lequel expédiait rapidement l'après-guerre. Dans L'affaire Bugatti de Michel Vaillant (1991), la marque apparaissait comme une lubie de vieil homme. Je possède le numéro de Sport-Auto où José Rosinski essaye un prototype roulant de l'EB110 (encore nommée 110.) Le narrateur y faisait bien la distinction entre le "vrai Bugatti" et ce "nouveau Bugatti". Je suis d'accord avec Rosinski : tout ce qui est apparu depuis 1990 est une semi-imposture, sans liens historiques avec l'aventure d'Ettore Bugatti.
Pour quelqu'un né à la fin des années 80, le rapport serait différent. Lui, dès son enfance, il a vu des stands Bugatti au Mondial de l'auto. Il voyait une rubrique "Bugatti" dans les annuels. Il y avait une continuité entre "Bugatti SpA" et le Bugatti sauce VW. Le vide entre la Bugatti 101 "Exner" 1965 et les premières EB110 n'est plus qu'une parenthèse. Si on lui dit "Bugatti", il pense Veyron ou Chiron. Bref, c'est quelque chose de très vivant.
Bugatti a connu une agonie interminable. 68, 73, 101, 251, 252... Mis bout à bout et en comptant les 57 recarrossées, on atteint une quinzaine de voiture en près de 20 ans. En 1962, Roland Bugatti vendit à Hispano-Suiza (la société abandonna le nom "Bugatti" en 2016 et devint Safran Landing System.)

12 ans plus tard, en 1974, Ferruccio Lamborghini était contraint de vendre les dernières parts qu'il possédait de la firme éponyme. Un vrai crève-cœur. Il lui restait une firme de chauffage et une autre d'usinage. Lamborghini s'installa en Italie du Sud et il créa un complexe hôtelier au milieu des vignes. Mais il n'était pas question de rester sur un échec...
En 1984, il réunit une équipe, avec un nouveau projet de supercar. Pour exister face à Ferrari et Lamborghini, il fallait le nec plus ultra. Des partenariats avec Aérospatiale, Carbone Industrie et Michelin furent noués. Reste qu'en 1984, Lamborghini avait 68 ans et c'était un businessman de la vieille école. Paolo Stanzani, son fidèle bras droit, suggéra Romano Artioli, responsable de plusieurs concessionnaires dans le Nord. Artioli accepta de les rejoindre, mais très vite, il imposa ses idées. Comme le fait de déterrer le nom "Bugatti", ce qui ne plu pas à Lamborghini (qui n'avait pas vraiment de nom pour son projet.) Bugatti SpA vit le jour en 1987. La première EB110 de série sortit en 1991. La ligne était signée Marcello Gandini. 4 ans et environ 250 unités plus tard, ce fut la faillite.
L'aventure Bugatti SpA sentait le souffre. On était à l'époque de l'opération "mains propres" et toute entreprise transalpine était forcément suspecte. D'autant plus que Bugatti SpA coula quasiment du jour au lendemain.
Ferdinand Piëch s'empressa de racheter les droits de la marque. L'autocrate du Groupe VW voulait revenir en Alsace et immatriculer la société en France. Pourtant, il s'efforça de faire le lien avec Bugatti SpA. Les premiers prototypes étaient des évolutions de la berline EB112. Même si la Veyron marqua ensuite une nette rupture stylistique. Avec la Centodieci (2020), le constructeur s'apprête à rendre hommage à l'EB110.

La présence d'une EB110 entre une "Grand Prix" et une Veyron, sur le stand de Rétromobile, s'inscrit donc bien dans cette idée d'inclusion.
Un peu plus loin, on trouvait deux EB110S de course.
La grise a appartenu à Gildo Pastor et son Monaco Racing Team. L'héritier Monégasque s'était amusé à faire un massage cardiaque à un Bugatti SpA déjà mourant. Cette EB110S battit un record de vitesse sur glace. Puis elle couru sporadiquement en 1995 et 1996, en IMSA et en BPR. Le patron en partagea le volant avec Olivier Grouillard, Derek Hill (le fils de Phil Hill), Eric Helary et Patrick Tambay.
Le Monaco Racing Team réapparu en 1999, en GT-FFSA. Pastor courait cette fois avec Betrand Balas au volant d'un Z3M. Puis il s'offrit Venturi peu après.

Pastor la vendit en 2016, avec son EB112.
La bleue, elle, fut commandité par Michel Hommell et elle est antérieure à la grise.

Fin 1993, le patron de presse s'était mis en tête d'engager une EB110 au Mans. Synergie (composé d'anciens de Rondeau et qui créera la Furia) s'occupa de la préparation. L'usine suivant le projet de loin.
Eric Helary et Jean-Pierre Malcher qualifièrent la voiture aux 24 heures du Mans 1994. Mais ce sont Helary, Jean-Christophe Bouillon et Alain Cudini qui disputèrent la classique. Helary a donc piloté les deux EB110 de compétition !

Après la course, l'EB110 bleue rejoignit le Manoir de l'automobile de Lohéac. L'année suivante, Hommell tenta de faire de même avec une Aston Martin DB7. Mais la voiture fut non-qualifiée.

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