Rétromobile 2020 : 10. CGE Tudor

Le salon a fermé ses portes, mais j'ai encore des photos en stock ! Alors pour moi, Rétromobile 2020 continue !

Le stand de la FFVE met à l'honneur l'électrique. C'est l'affluence avec à gauche, hors-champ, une journaliste en pleine interview, un ex-copropriétaire d'écurie de F3000, un ex-ministre (à qui l'on doit l'installation à Hambach de Smart) et à droite, hors-champ, un rappeur amateur de Mercedes-Benz ! Mais moi, mon regard est captivé par cette CGE Tudor. L'occasion de rendre hommage à Jean-Albert Grégoire et à Amilcar...
Jean-Albert Grégoire (1899-1992) fut un génie, que l'on a oublié depuis. C'était un ingénieur indépendant, qui travailla avec la même fougue sur l'aluminium, la traction avant, l'adaptation des turbines à l'automobile... A l'occasion, il jouait lui-même les pilotes d'essais (avec une victoire de classe aux 24 heures du Mans.) Lors de ses temps libres, il étudiait les champignons et écrivait des romans policiers.

Et donc, il expérimenta aussi l'électrique.
Amilcar avait été le leader des cyclecars, avec les produits les plus aboutis du marché. La marque disposait de deux usines. Ils avaient même vendu des licence de production en Allemagne, en Autriche et en Italie.
Au début des années 30, la mode des cyclecars est passée. Joseph Lamy et Émile Akar, les fondateurs, laissèrent place à André Briès et Marcel Sée. Ils tentèrent de relancer la marque en la convertissant en constructeur de petites voitures. Faute de volume, l'usine de Saint-Denis ferma. Il fallu attendre la grosse Pégase, à moteur Delahaye, en 1935, pour que la greffe ne prenne à peu près.
En 1937, Hotchkiss s'offrit la holding Sofia de Briès et Sée, devenant de facto propriétaire d'Amilcar. Dans un marché français de l'automobile en pleine concentration, Hotchkiss souhaitait se renforcer.

Hotchkiss ne voulait pas absorber Amilcar, mais bien la développer. Son arme, c'était la Compound, conçue par Jean-Albert Grégoire. Carrosserie aluminium, traction avant, suspension à quatre roues indépendantes : l'ingénieur s'est fait plaisir.
La Compound B38 sorti en 1938. L'accueil fut mitigé : son 1,1l était poussif, bien loin de l'image sportive de la marque. Une Compound B67, 1,3l, était prévue, mais l'entrée en guerre repoussa sine die le projet.
Lors de l'armistice de 1940, Hotchkiss négocia la poursuite de la production de la Compound, sous la forme de fourgonnettes des postes et d'ambulances.
En 1942, Jean-Albert Grégoire trouva un nouveau client : la CGE (aujourd'hui fondu dans Nokia.) Il s'agissait de concevoir et de produire une électrique.
Pour la base, il se tourna vers Hotchkiss. Le constructeur lui fournit des caisses nues de Compound, qu'il remplit à ras-bord de batteries CGE. Grâce à cela, il rallia lui-même Paris à Tours (225km) d'une traite, à 42km/h de moyenne. Ensuite, Hotchkiss produisit environ 200 voitures, baptisées CGE Tudor. La production s'arrêta à la Libération.

Hotchkiss fut l'un des grands oubliés du plan Pons. L'état Français favorisait les toutes petites voitures, destinées à motoriser le pays et le grand luxe, censé être exporté et faire rentrer des devises. Or, les Amilcar étaient trop grosses pour la première catégorie et les Hotchkiss, trop petites pour la seconde ! Hotchkiss finit par repartir, mais pas Amilcar. Objectivement, la Compound était de toute façon datée et le constructeur n'avait rien dans les tuyaux.
Jean-Albert Grégoire, lui, était alors occupé avec le projet AFG (qui devint la Panhard Dyna-X), mais il fut rappelé par Hotchkiss quelques années plus tard...

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