Rétromobile 2020 : 20. Lohner-Porsche

Comme Peugeot, Porsche utilise Rétromobile comme miroir de son présent. Or, le présent, chez Porsche, c'est la berline électrique Taycan.

D'où la présence de cette Lohner-Porsche de 1900.
Ferdinand Porsche passa peu de temps sur les bancs de l'école. Au temps du lycée, il aidait souvent son père, tôlier. A 18 ans, en 1893, il quitta sa Reichenberg (aujourd'hui, Liberec en République Tchèque) natale pour la capitale de l'empire Austro-Hongrois, Vienne. Béla Egger, un Hongrois, l'embaucha pour travailler sur des moteurs électriques et le jeune homme profitait de son temps libre pour assister à des cours dans une université technique.

Quelques années plus tôt, Ludwig Lohner avait pris la direction de l'entreprise de calèches fondée par son grand-père. Ce Viennois avait conscience que le temps de l'hippomobile était révolu. Place à l'automobile et faute de moteur thermique, il voulait construire des voitures électriques. Qui pourrait l'aider dans cette transition ?
En 1898, son ami Béla Egger lui recommanda Ferdinand Porsche. A 25 ans, le voilà bombardé chef de projet ! Quelques mois plus tard, une première Lohner-Porsche fut dévoilé. Biplace, elle possédait encore une allure de calèche sans chevaux. Originalité : les moteurs électriques étaient placés dans les roues avant, avec une puissance totale de 7ch. Aussi, ils étaient entrainés par un moteur thermique.
Un carrossier de Luton, en Grande-Bretagne, E.W. Hart, commanda une Lohner-Porsche. Il imposa que ce soit une 4 places (avec cette curieuse disposition dos-à-dos) et cette fois, c'est un moteur électrique qui alimentait les moteurs dans les roues. La voiture de Hart était nommés "La Toujours Contente" (par analogie avec La Jamais Contente.) Notez que Hart avait passé des accords avec d'autres constructeurs.

En novembre, le RAC organisa une épreuve pour voitures électriques. Onze voitures prirent le départ de la première manche. Il plu et le tracé se changea en piste boueuse. Une Kriéger fut la seule à voir l'arrivée, après avoir parcouru 100km en 5 heures. La plupart des véhicules renoncèrent au bout de 10km. Porsche, qui pilotait lui-même La Toujours Contente, alla jusqu'au deux tiers, avant d'être victime d'une crevaison. Grippé, il du être forfait pour les autres manches.
En 1901, Porsche remporta l'Exelberg Rally, en Autriche, avec une voiture cette fois équipée d'un moteur thermique pour entrainer les moteurs dans les roues avant.
En 1900, thermiques et électriques étaient au même niveau. Puis le moteur à essence connu des progrès aussi rapides que fulgurants. A contrario, la technologie des batteries et des moteurs électriques faisait du surplace. Lohner construisit 300 voitures jusqu'en 1905. Elles furent équipées de moteurs Panhard et Daimler. Il est vrai qu'il manquait de moyens techniques et financiers pour s'imposer comme constructeur automobile. Kriéger, lui, renonça en 1908.

Lohner se reconverti dans les utilitaires électriques, puis les tramways. L'entreprise construisit également des avions (à moteurs à essence, bien sûr.) A près la Seconde Guerre Mondiale, Lohner produisit des scooters, puis des motoneiges sous licence Ski-Doo. Cette licence fut un premier contact avec Bombardier, qui finit par absorber Lohner, en 1970.
Notez que le nom Lohner est réapparu via un vélo à assistance électrique.
En 1902, Porsche effectua son service militaire, où il conduisit l'archiduc François-Ferdinand. Il devint ensuite un proche du prince-héritier. Puis il reprit son poste chez Lohner. L'automobile Austro-Hongroise était balbutiante et les aventures du jeune technicien firent beaucoup parler.

En 1905, Ferdinand Porsche avait 30 ans, mais il commençait déjà à être incontournable à Vienne. Lorsque Paul Daimler quitta Austro-Daimler (l'actuelle Magna-Steyr) pour diriger le bureau d'études de Mercedes, Porsche fut tout naturellement débauché pour le remplacer. Le début d'une grande carrière...

Ludwig Lohner n'était pas peu fier de lui avoir donné sa chance. Et encore, il est mort en 1925, alors que Porsche venait d'entrer chez Mercedes-Benz. Il n'a donc connu que le début de l'ascension de son poulain...

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