Tour Auto 2021 : Grand Palais Éphémère

A cause du confinement, impossible d'organiser un Tour Auto en avril. C'est donc en cette fin août, soit une semaine plus tôt qu'en 2020, que l'édition 2021 démarre.

Grand Palais Éphémère

Comme d'habitude, je sors du métro à Champs-Elysées-Clémenceau. D'ordinaire, dès les abords du rond-point, il y a toujours un sponsor qui fait un show, des camions de traiteurs, un visiteur venu en anciennes, etc. Mais aujourd'hui, rien, ni personne. Le Grand Palais est masqué d'une palissade ; impossible d'y entrer.
Visiblement, la présentation n'a pas lieu ici. Je re-relis le courriel d'accréditation. "Rendez-vous au Grand Palais Éphémère."

Tout en marchant, je me rappelle le discours de Patrick Peter au Tour Auto 2020. Il disait que c'était le dernier dans l'enceinte du Grand Palais. Tout en me hâtant vers le nouveau lieu, je me remémore encore et encore les paroles du taulier. J'étais à un mètre de lui, je l'ai écouté sans l'entendre et maintenant, je suis condamné à marcher 1,6km. Ça m'apprendra !

La plupart des monuments Parisiens sont fermés pour travaux. Et le Grand Palais n'y a pas échappé. Il faut se contenter de cette structure en préfabriqué jusqu'à nouvel ordre.

Dans son discours, Patrick Peter revient justement sur les lieux de départ. En 1991, le 1er Tour Auto s'était élancé de la Coline de l'Automobile (NDLA : qui se souvient de ce musée, à La Défense ?) Puis il y eu le Trocadéro, la Concorde et enfin, le Grand Palais.
Le Grand Palais était déjà lié à l'automobile : de 1901 à 1962, il accueillit le salon de l'automobile. Cela n'avait sans doute pas échappé à Peter Auto.

Ari Vatanen, retire alors son masque, surgit des coulisses et traverse le stand BMW. Le grand champion Finlandais s'offrit alors un marathon de selfies, de dédicaces, de questions de fans, etc. 

Beaucoup de pilotes actuels feraient bien d'en prendre de la graine...

Les stars de 2021

Chaque année, il y a des voitures à l'honneur. Le Tour Auto était passé à côté du soixantenaire de la victoire de Bernard Consten, sur Jaguar MK2. Peter Auto se rattrape avec un hommage à la victoire de 1961. Plusieurs matous sont là, dont cette voiture ex-Consten, dans la livré de la victoire de 1963.
Consten remporta quatre Tour de France Automobile consécutif (de 1960 à 1963.) C'était l'archétype du pilote Français du début des années 60, qui courrait (et gagnait) en indépendant. Élu à la tête de la FFSA, il resta dans cet esprit gentleman-driver. Il relança d'ailleurs le Tour Auto en 1969. A cause de cet état d'esprit, il s'est fait dévoré par Jean-Marie Balestre. Dans les années 90, il réapparu, à la faveur de la mode "VHC". J'ai eu la chance de le croiser au Rallye du Cœur 2008. Ce jour-là, sur Type E, il avait défini le chrono de référence à Mortefontaine !

Lors de la renaissance du Tour Auto, en 1991, Matra était en pleine restauration de ces voitures. Il y eu ainsi des Matra à ce premier Tour Auto.

30 ans plus tard, Patrick Peter est fier d'avoir deux MS650, dont la cote s'est depuis envolée.
Celle de gauche s'est imposée en 1971, avec Gérard Larrousse et Johnny Rives. Ce fut un baroud d'honneur des MS650, remplacée par la 660. Pour 2021, elle se contentera de jouer les ouvreuses.
Celle de droite, elle courra. Il s'agit a priori de la voiture d'Henri Pescarolo et Johnny Rives, pour le Tour Auto 1970. L'épreuve avait débuté en plein Grand Prix du Canada. Du coup, Jean-Pierre Jabouille avait disputé les premières épreuves, en attendant que "Pesca" ne revienne.

D'autres voitures insolites

Le Tour de France Automobile est né en 1899... Mais la seconde édition n'eu lieu qu'en 1906. Arrêté en 1914, il reprend en 1922. C'était alors l'une des épreuves fétiche des cyclecaristes (avec le Bol d'Or.) Il n'arriva pas à survivre à la vogue des cyclecars.
En 1951, l'épreuve renaquit, grâce à l'Automobile Club de Nice-Côte d'Azur. Pour marquer la rupture, il s'appela "1er Tour de France Auto". Il fut remporté par Pierre Boncompagni, sur Ferrari 212. La famille Boncompagni s'était pas mal enrichie durant la Seconde Guerre Mondiale. Le rejeton craignait des représailles et il opta pour le pseudonyme "Pagnibon".
A priori, les Boncompagni ne furent pas inquiétés. Pilote richissime, au pied droit très lourd, Pierre Boncompagni remplaça la 212 (qui avait elle-même remplacé une Talbot-Lago) par une 340MM. Enzo Ferrari songea à l'aligner en Grand Prix. Hélas, il se tua peu avant ses débuts, en 1953.

André Trigano, lui, était au départ de l'édition 1951, avec cette Austin A90. Roi du camping et inamovible maire de Pamiers, Trigano courra, au début des années 50. Contrairement à Boncompagni, il ne rêvait pas de carrière internationale.


J'aime bien les colles. Ici, plus je m'approche de cette monoplace, moins j'y comprends quelque chose !

De loin, j'avais l'impression que cette monoplace est une Gordini. Mais sur le placard, il y a écrit "Simca-Julien" et elle est datée de 1949.
Justement, je connais un "Julien" actif à cette époque ! Ancien ingénieur de Citroën, Maurice Julien se lança dans les voiturettes au lendemain de la guerre. Son entreprise ne décollait pas et il embaucha alors Josef Ganz. 1949, cela correspondait au chant du cygne de Julien : un motocar carrément calqué sur le D3 du leader du marché, Rovin. Aurait-il investi ses dernières billes dans une voiture de course ? Oui, mais Julien (comme Rovin) se fournissait auprès de l'industrie motocycliste. A moins qu'il ait simplement apposé son nom sur l'une des nombreuses monoplaces Françaises (dont beaucoup ne virent jamais la piste)...
Coup de théâtre, c'est une création non pas de Maurice Julien, mais d'Henri Julien. Un nom qui évoque AGS et... Les années 70. Ça serait comme voir une voiture créée par Jean Rédélé dans les années 30 !
Natif de Gonfaron, Julien fut d'abord un pilote amateur et il créait ses propres "spéciales". La JH1 fut très inspirée des Gordini contemporaines. D'ailleurs, pour le moteur, Julien s'est fourni auprès d'Amédée Gordini ! Il y eu ensuite une JH2, une JH3 et une JH4. Comme pilote, Julien n'a jamais percé. Faute de résultats, il décida d'acheter des F3 clef-en-main.
En 1969, au lancement de la Formule Renault, Julien créa une nouvelle monoplace, la JH5. Cette fois, il se contenta de la construire et de l'aligner en course. A cette occasion, il créa Automobiles Gonfaronnaises Sportives (AGS), mais c'est une autre histoire...

Les VIP

Jean-Pierre Gagick est un habitué du Tour Auto. Cette année, l'animateur d'Auto-Moto pilote une Autobianchi A112 Abarth. Notez la présence de Jérôme Chon, à droite.

Comme l'an dernier, François Allain pilote une Peugeot 204. Une voiture apparue dans Vintage Mecanic.

Juste à côté de François Allain et sa 204, on trouve la Volkswagen Golf GTI de Grégory Gallifi...

L'intéressé faisant un reportage pour Direct Auto, à quelques mètres de là...

Instantannés

Fournisseur en voitures, BMW en profite toujours pour mettre en valeur une nouveauté. La star de 2021, c'est l'i4 M50, la première "M" électrique.

Mais ce n'est pas la première électrique du Tour Auto : pour le passé, il y eu des i8.

BMW fête d'ailleurs -avec un peu d'avance-, les 60 ans de la Neue Klasse. Grâce à la 700 de 1959, la firme à l'hélice sorti des microcars. Avec la berline 1500, il voulu monter en gamme. Notez au passage le saut, en terme de cylindré, afin d'éviter l'espèce de trou noir autour de la Coccinelle.
Avec la Neue Klasse, BMW réussit à percer dans les moyennes cylindrées. Là où Borgward, DKW et Glas échouèrent. La 1500 fut vite épaulée d'une 1800. Puis, en 1966, la 1600-2 (2 portes) ouvrit le chapitre des "02". A l'origine, la "02" reposait sur une plateforme raccourci de Neue Klasse et elles se partagèrent les mêmes mécaniques. A la génération suivante, l'écart se creusa, avec les séries 3 et 5.
Ce que je remarque surtout, c'est l'aspect collet monté des BMW des années 60, avec leurs lignes très raides et leurs chromes...

J'ai aussi l'impression qu'il y a davantage de Lotus (suite à l'actualité récente de la marque ?) Et surtout, davantage de Lotus qui ne sont pas des Elan. A l'instar de cette Europa.

Alors que j'immortalisais cette Porsche 904, un groupe de jeunes passe et s'écrit : "C'est la voiture de Patricia !" La jeune fille, interloquée, dit aux autres : "Comment ça, "la voiture de Patricia" ? Vous les connaissez ?"
Effectivement, la voiture appartient à Jean-Marc et Patricia Bussolini (qui navigue.) Par contre, d'où est-ce que les jeunes la connaissaient, mystère.

Comstock était une écurie canadienne des années 60. Charles Rathgeb Junior tissa des liens avec Carroll Shelby et Ford Canada. Les 12 heures de Sebring 1966 devaient marquer l'expansion "internationale" de l'équipe. Bob McLean se tua au volant de l'une des deux GT40 et Rathgeb en fut affecté. Il ferma l'écurie l'année suivante.

P1000, la GT40 de McLean s'enroula sur un poteau avant d'exploser. A priori, il n'en restait plus grand chose. Pourtant, c'est bien P1000, qui est inscrite au Tour Auto 2021 !
L'équipe a l'air trop affairée pour que je leur pose des questions... La présentation du Tour Auto, ce n'est pas une exposition statique ! C'est le moment du stickage, des réparations de dernière minute. Dans une allée, il y avait un belle flaque d'essence. J'imagine que le règlement interdit simplement de lever les voitures ou de démarrer. En tout cas, j'aime ce côté "vivant".

Du côté des partenaires du Tour Auto, on trouve cette mignonne Vespa 400. Elle a été produite par l’éphémère usine Française de Piaggio. Et elle marqua les débuts du roi du scooter sur 4 roues...

Jean-Louis Dauger dévoile ses derniers "art strip" de Michel Vaillant. On y voit une case du Fantôme des 24 Heures avec le héros attendant seul, au pied de l'horloge. L'angoisse c'est d'être dans ce lieu immense, d'ordinaire si animé et là, complètement vide et silencieux...

Sinon, le prochain album évoquera Pikes Peak.

Commentaires

Articles les plus consultés