Tour Auto 2020


A Rétromobile, Peter Auto faisait sa traditionnelle conférence de presse annuelle. L'une des annonces, c'était le Tour Auto. Bien sûr, Patrick Peter se voulait enthousiaste. A ce moment-là, mon envie d'assister à la présentation du Tour Auto 2020 était plutôt inhibée. J'avais l'impression que d'une année sur l'autre, on y croise les mêmes voitures, les mêmes personnes, les mêmes animations, réalisées par les mêmes partenaires...

Puis il y a eu le COVID. Mon agenda s'est retrouvé bien déplumé : salons annulés, courses à huis clos (et sans médias), présentation transformée en e-présentation... Le Tour Auto 2020, lui, fut déplacé, mais maintenu. Et ça serait bien l'un des seuls évènements parisiens de 2020. Je me devais d'y assister...

Ferrari Roma
Comme à chaque reprise, une fois passé l'entrée, mon regard est capté par le stand Ferrari.


La nouveauté 2020, c'est la Roma. En juin 1947, Franco Cortese imposa sa Ferrari 125 Spyder au Grand Prix de Rome. Le tracé faisant cette année-là le tour des Thermes de Caracalla et il était couru en "sport". Ce fut la toute première victoire de Ferrari. Même si la victoire de Raymond Sommer, au Grand Prix de Turin, en octobre, fut jugée plus significative.

Le dossier de presse parle de "Dolce Vita". Les journalistes ont tout de suite pensé au film éponyme. Federico Fellini et Marcello Mastrioni étaient des tifosi... Mais on ne voit point de Ferrari dans la Dolce Vita ! Même pas en arrière-plan.

En tout cas, cette robe argent est très belle.

Et comme chaque année, le stand est cerné par les anciens modèles de groupe FCA. Comme cette toute mignonne Autobianchi A112 Abarth.

Avec Stellantis, les Citroën, DS, Opel et Peugeot anciennes vont-elles rejoindre leurs consœurs autour du stand Ferrari ?

Cette année, je suis venu le matin. Certaines voitures n'avaient pas encore leurs peintures de guerre. Comme ces Dino 246 GTB.

Autrefois, cette Ferrari 308 GTB était naviguée par Jean-Paul Driot. Le fondateur de DAMS décédé, c'est son fils Gregory qui lui succède.

BMW
BMW fait face à Ferrari. Bien que présent aux Classic Days, durant le week-end, Ari Vatanen est là, dès l'ouverture des portes, pour tenir son rôle de porte-parole de BMW France. Et il a bien sûr accepté de prendre la pose, pour moi, avec la nouvelle M2 CS. 

C'est ce que l'on appelle du professionnalisme et de la générosité.


Outre nouveauté sur le stand : la M8 Grancoupé.


Pour la conférence de presse, on note la présence de François Chatriot.


Patrick Peter, lui, reçoit une BMW M1 au 1/18e pour fêter le partenariat entre la marque et le Tour Auto.


Le stand BMW est lui aussi cerné par les anciens modèles, ainsi que des Mini. Cette Innocenti 1300 Cooper est curieusement dans la zone BMW, alors que la marque a été rachetée par Fiat.

Porsche
Dire qu'il y a exactement les mêmes voitures d'une édition à l'autre, c'est inexacte. D'une part, il y a une thématique annuelle. Cette année, ce sont les prototypes Porsche qui sont à l'honneur. De la 550 A à la 908.


La 550 fut la première Porsche spécifiquement créée pour la compétition. Elle évolua en RSK, RS60... Même les F2 718 et 718 RSK, ainsi que la F1 787 en étaient dérivées ! La 718 et la F1 804, équipées d'un 8 cylindres, en furent les ultimes avatars.


Puis, en 1962, la 904 ouvrit un nouveau chapitre. Désormais, en endurance, Porsche ne visait plus la victoire de classe, mais le scratch. Avec la 906 Carrera 6, puis la 908, le constructeur avait une ambition exponentielle. Sur la route, Porsche s'était imposé comme LE spécialiste de la voiture de sport de moyenne cylindrée. Pour assoir sa notoriété, il se devait de s'imposer dans les grandes classiques, se mettant ainsi au même niveau qu'Aston Martin, Ferrari, etc.
Hans Hermann et Gérard Larrousse faillirent remporter les 24 heures du Mans 1969. Mais le constructeur commit l'erreur stratégique de ne pas changer les freins de la voiture. Le duo ne put résister au pressing de Jacky Ickx avec la "mamie" GT40 Gulf, dans le dernier tour ! Ce n'était que parti remise et la 917 permit à Porsche d'ouvrir son palmarès dans la Sarthe...

Les autres
Cette année, il y a 195 voitures au départ, soit environ 25 voitures de moins que d'habitude. La faute au COVID, qui empêche les concurrents étrangers de venir. Qui plus est, des partenaires comme Dunlop ou Motul sont absents. De quoi renforcer une impression de vide.

Par ailleurs, en cette veille de rentrée scolaire, il faut signaler le nombre d'enfants. On leur dit que les voitures sont d'effroyables machines à tuer les ours polaires et à rouler sur les cyclistes. Pourtant, on les voit tirant leurs parents, exigeant des selfies, s'interrogeant à voix haute sur tel ou tel modèle... Ils sont déjà davantage mordus que leurs parents !


Cette Pichon-Parat Dolomite de 1955 a disputé le Tour de France 1954 (?) Bernard Pichon et André Parat ont ouvert boutique en 1947. Ils ont d'abord oscillé entre la carrosserie traditionnelle pour Salmson, Talbot, etc. et un travail de styliste (cf. un cabriolet Fregate ou une 4cv coupé.) En 1952, ils créèrent une berlinette 4cv, l'Isoard. A partir de 1954, ce fut la Dolomite. C'était une évolution plus sportive de l'Isoard et basée cette fois sur la Panhard Dyna Junior. En 1957, ils demandèrent à Raymond Loewy de signer un coupé sur base BMW 507 (en fait, les lignes étaient à 99% du Pichon-Parat) et ils exposèrent cette "BMW Loewy" au salon de Paris. Rebelote en 1959 avec une Cadillac. Pour autant, le marché de la carrosserie de luxe était inexistant. Pichon-Parat joua alors les exécutants pour le sport auto, avec Talbot-Lago, puis Matra. Ils furent également prototypistes pour Renault et BMW. Ils ont ainsi réalisé la future série 3 (E30) break, juste avant de fermer boutique.

Certains constructeurs avaient invités des journalistes. Melina Priam de l'Auto-Journal pilote ainsi une Opel GT, naviguée par l'ex-copilote de WRC Anne-Chantal Pauwels.


Une Citroën CX 2400. D'une édition à l'autre, on voit toujours plus de "popu" sur le Tour. Au début, c'était rigolo d'en voir une ou deux. Comme le fait d'entendre une kitscherie à une soirée. Néanmoins, lorsque cela fait une heure que le DJ enchaine la playlist de Bide & Musique, plus personne ne rigole.
 

Pour la défense de Peter Auto, il y a une différence de perception. Les GT du Tour Auto ont entre 50 et 60 ans. Ces dernières années, leur valeur a été décuplée. On n'ose plus sortir sa 275 GTB/4, de peur de la plier. Et je ne parle même pas d'une Daytona ou d'une DB4...


Cette Porsche 911 exhibe fièrement son badge Meznarie.


Autre hommage : une Porsche 356 ex-Georges Sevin. Il fut l'un des pionniers du VHC, remportant le tout premier Tour Auto, en 1992 (avec une 911 Meznarie.) Il fut aussi le créateur du logo du 356 Porsche Club de France et un membre actif du Porsche 911 Club.

Celle-ci, elle ne court pas ! Une Alpine A310 V6 gendarmerie, comme dans le Joe Bar Team... La gendarmerie l'a sortie de son musée.

Également dans le team gendarmerie, une Matra Djet V S Gendarmerie 1968. Une voiture reproduite au 1/18e par Ottomobile. En 1965, la gendarmerie se dota d'une brigade d'intervention rapide (BRI) et la première dotation fut ces Djet. Mais ces bolides artisanaux ne supportèrent pas une utilisation intensive et elles cédèrent leur place à des A110.


Comme chaque année, Jean-Louis Dauger présente ses Michel Vaillant Art Strips. J'avais envie d'immortaliser cette case agrandie de Spa (vu que le Grand Prix a eu lieu le week-end dernier.) A ce moment-là, la batterie de mon Lumix me lâche. Puis mon portable me propose un tutoriel sur l'utilisation des modes. Après une dizaine de "skip", j'ai enfin pu prendre ce cliché.
Dans ce genre de cas, j'ai tendance à soupirer et avec le masque, ces soupirs se transforment en buée sur les lunettes. Ce qui a fait rire le dessinateur.

Le COVID affecte et va affecter durablement le monde de l'ancienne. Au présent, ce sont des jauges pour limiter les visiteurs, donc les recettes. La conséquence directe de la pandémie, c'est une économie fragilisée. Les propriétaires de voitures n'ont plus les moyens de participer à telle ou telle épreuve. Les partenaires cherchent à faire des économies et souvent, c'est le budget com' qui est la première variable d'ajustement. Sans parler des épreuves annulées en 2020, qui sont autant de pertes sèches pour les promoteurs. Il ne faut donc pas s'imaginer qu'en 2021, tout le monde sortira la tête de l'eau...

En attendant, Peter Auto nous donne rendez-vous en avril 2021 pour un nouveau Tour Auto. Le Grand Palais sera en travaux et l'épreuve s'installera donc sur un autre site.


En attendant, profitons des voitures VIP, une Jaguar Type E "lightweight" de Rebellion et une BMW 2002 Turbo...

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