Matracien
Je m’apprêtais à m'insérer sur l'autoroute. La bretelle d'accès est loooooongue. Mais d'expérience, mieux vaut garder le pied léger sur ce genre de voie, car il y a souvent une zone de danger mobile, mobile au bout... Au moins, vous avez le temps de profiter du paysage. Sur ma droite, un point jaune vif attire mon attention. De loin, je le reconnaitrait entre mille : un Renault Espace 2 (mon père a longtemps été un fidèle du monospace de Matra...) Mais l'arrière est non-conforme ! Lorsque je passe à proximité, je vois qu'effectivement, il en manque un bout !
Véhicule accidenté ? Proto ? Je veux en savoir plus !
Quelques jours plus tard, je suis dans le même coin. Peut-être que le véhicule a été déplacé. S'il est accidenté, il est probablement parti à la casse... J'arrive dans une mini-caverne d'Ali Baba, quelques européennes des années 70, des muscle cars... Mais ce qui m'intéresse, c'est l'Espace citron, au fond !
C'est un pick-up. D'après Google, il y a plusieurs pick-up Espace. Au temps de Matra, l'Espace possédait une espèce de châssis. Qui plus est, sa carrosserie en fibre de verre se prêtait davantage aux remodelage. On pouvait donc relativement facilement le transformer. Curieusement "mon" pick-up n'apparait nul part. Il semble pourtant être une création ancienne. J'imagine que la calandre "tuning" (avec losange post-92) date de la transformation, tout comme la plaque d'immatriculation.
Par rapport aux autres pick-up, il y a un vrai soin. Les portes arrières ont complètement disparu. Alors que même les ambulances (Sanicar, Baboulin et Tissier) conservaient les portes arrières. La "bulle" derrière l'habitacle est également soignée... Seuls les montants "C", tronçonnés , trahissent le côté artisanal.
L'idée d'un Espace pick-up fut au moins trois fois sur la table des designers de Matra.
A la fin des années 70, Philippe Guédon voyageait aux Etats-Unis, où il découvrit les vans. Matra venait de lancer le Rancho et pour le PDG de Matra Auto, l'étape suivante, c'était un van. Le constructeur étant lié à Simca, le P16 reposait sur une base de Talbot Horizon. D'ailleurs, les premiers dessins n'avaient que deux portes (comme un van.) Entre temps, Peugeot avait racheté Simca. Après le P16, il y eu le P18. Le projet alla très loin, mais vers 1981, Talbot commençait déjà à être marginalisé. Matra proposa un ultime P18 fourgon tôlé, ainsi qu'un pick-up.
Après une brève tentative d'approche de Citroën, avec le P20, Matra se tourna vers Renault. Ce fut le P23. La firme au losange se tâtait. De nouveau, outre le monospace que l'on connait, Matra soumit un fourgon tôlé et un pick-up. La capacité de chargement de l'Espace n'était pas terrible. On peut penser qu'en plus, Renault n'avait pas envie de concurrencer le Trafic, lancé en 1980. Il en conserva néanmoins un plancher plat.
L'Espace fut lancé en 1984. Mais les débuts furent poussifs, avec 2 432 immatriculations en France. Or, déjà, entre le demi-succès des R9/R11 et le démarrage laborieux de la Supercinq, Renault n'avait guère les moyens de s'offrir une danseuse. Pour vendre l'Espace coute que coute, Matra ressorti les versions utilitaires. Mais dès 1985, les ventes explosaient. Bientôt, la demande était telle que Romorantin était saturée et l'usine Alpine de Dieppe dut produire des Espace...
A partir de 1985, l'Espace était un succès en soi et il n'était plus question d'en faire un utilitaire. Au contraire, Renault refusa, dans les années 90, qu'il ait des portes coulissantes (comme ses concurrents.) Parce que justement, cela "faisait utilitaire".
Depuis la création de ce blog, il n'y a eu que très peu de Matra (NDLA : faute d'en avoir croisé.) Et là, j'en ai vu deux en quelques semaines !
Lors du lancement de l'Avantime, la production était de 15 unités par jour. A des années-lumières des 200 envisagées. Matra Auto rappelait alors à Renault qu'en 1984, Romorantin produisait 11 Espace par jour...
Oui, mais l'Espace était un concept cohérent. Des monospaces (hors utilitaires), il y en a eu bien avant l'Espace : l'Alfa Romeo destinée au comte Ricotti (1913), la Tropfen-Auto de Rumpler (1921), la Buckminster Fuller (1933), la Fiat 600 Multipla (1956) et quantité de concept-cars des années 60, 70. Matra n'a rien inventé. Ce qu'il manquait à toutes ces voitures, c'était une identité. Trop futuristes ou trop rustiques, les autres tentatives s'étaient plantées. C'est là que Matra tapa juste : une voiture pour baba-cools embourgeoisés. Des nostalgiques des virées en combi VW, qui voulaient un salon roulant.
A contrario, l'Avantime ne savait pas trop à qui elle s'adressait et ce qu'elle proposait.
A quelques mètres de là, il y a un Espace 2 "stock".
L'Espace 5 (ou 6, suivant la chronologie Matra) risque bien d'être le dernier de son espèce. Un à un les constructeurs ont remplacé les monospaces par des SUV. A l'instar de l'Opel Zafira Life, l'offre se limitera sans doute à des fourgons vitrés, avec une banquette arrière.
Le JFC n'apporte pas grand chose de plus que le Grand Scenic et le Koleos, avec lesquels il partage la plateforme CMF 1. Ce n'est d'ailleurs plus vraiment un monocorps...
Il y a un dernier marché où les monospaces se portent très bien : la Chine. C'est le règne des shuttle, avec captain seat et écrans pour chaque passager. Des écrins de luxe pour transporter les VIP (délégués du Partie ou cadres dirigeants) en goguette. Avec le Buick GL8 (dont la première génération n'était qu'un Pontiac Trans Sport maquillé), GM a gagné des petites fortunes. D'ailleurs, le GL8 actuel n'est proposé qu'en Chine et il n'a même pas de cousins vendus ailleurs, sous d'autres badges. Néanmoins, comme souvent, les Chinois savent ce qu'ils veulent. A savoir des portes coulissantes à ouverture électrique (les hôtes étant souvent d'un âge canonique) et un moteur de grosse cylindrée (cylindrée affichée en dorée, sur les ailes avant.)
En l'état, le JFC, avec ses grandes portes arrières et ses moteurs de mobylette, c'est bu yao ! C'est d'ailleurs pour cela que les Espace 3/4 et Scenic 1 n'ont pas dépassé la pré-série, en Chine... La firme au losange rêve de percer au Pays du Milieu, via les véhicules hauts. Osera-t-elle créer un Espace taillé sur-mesure pour les Chinois (via sa joint-venture avec Jinbei, l'un des rois du secteur) ? Ou bien, va-t-elle une fois de plus vouloir imposer ses idées ?
Véhicule accidenté ? Proto ? Je veux en savoir plus !
Quelques jours plus tard, je suis dans le même coin. Peut-être que le véhicule a été déplacé. S'il est accidenté, il est probablement parti à la casse... J'arrive dans une mini-caverne d'Ali Baba, quelques européennes des années 70, des muscle cars... Mais ce qui m'intéresse, c'est l'Espace citron, au fond !
C'est un pick-up. D'après Google, il y a plusieurs pick-up Espace. Au temps de Matra, l'Espace possédait une espèce de châssis. Qui plus est, sa carrosserie en fibre de verre se prêtait davantage aux remodelage. On pouvait donc relativement facilement le transformer. Curieusement "mon" pick-up n'apparait nul part. Il semble pourtant être une création ancienne. J'imagine que la calandre "tuning" (avec losange post-92) date de la transformation, tout comme la plaque d'immatriculation.
Par rapport aux autres pick-up, il y a un vrai soin. Les portes arrières ont complètement disparu. Alors que même les ambulances (Sanicar, Baboulin et Tissier) conservaient les portes arrières. La "bulle" derrière l'habitacle est également soignée... Seuls les montants "C", tronçonnés , trahissent le côté artisanal.
L'idée d'un Espace pick-up fut au moins trois fois sur la table des designers de Matra.
A la fin des années 70, Philippe Guédon voyageait aux Etats-Unis, où il découvrit les vans. Matra venait de lancer le Rancho et pour le PDG de Matra Auto, l'étape suivante, c'était un van. Le constructeur étant lié à Simca, le P16 reposait sur une base de Talbot Horizon. D'ailleurs, les premiers dessins n'avaient que deux portes (comme un van.) Entre temps, Peugeot avait racheté Simca. Après le P16, il y eu le P18. Le projet alla très loin, mais vers 1981, Talbot commençait déjà à être marginalisé. Matra proposa un ultime P18 fourgon tôlé, ainsi qu'un pick-up.
Après une brève tentative d'approche de Citroën, avec le P20, Matra se tourna vers Renault. Ce fut le P23. La firme au losange se tâtait. De nouveau, outre le monospace que l'on connait, Matra soumit un fourgon tôlé et un pick-up. La capacité de chargement de l'Espace n'était pas terrible. On peut penser qu'en plus, Renault n'avait pas envie de concurrencer le Trafic, lancé en 1980. Il en conserva néanmoins un plancher plat.
L'Espace fut lancé en 1984. Mais les débuts furent poussifs, avec 2 432 immatriculations en France. Or, déjà, entre le demi-succès des R9/R11 et le démarrage laborieux de la Supercinq, Renault n'avait guère les moyens de s'offrir une danseuse. Pour vendre l'Espace coute que coute, Matra ressorti les versions utilitaires. Mais dès 1985, les ventes explosaient. Bientôt, la demande était telle que Romorantin était saturée et l'usine Alpine de Dieppe dut produire des Espace...
A partir de 1985, l'Espace était un succès en soi et il n'était plus question d'en faire un utilitaire. Au contraire, Renault refusa, dans les années 90, qu'il ait des portes coulissantes (comme ses concurrents.) Parce que justement, cela "faisait utilitaire".
Depuis la création de ce blog, il n'y a eu que très peu de Matra (NDLA : faute d'en avoir croisé.) Et là, j'en ai vu deux en quelques semaines !
Lors du lancement de l'Avantime, la production était de 15 unités par jour. A des années-lumières des 200 envisagées. Matra Auto rappelait alors à Renault qu'en 1984, Romorantin produisait 11 Espace par jour...
Oui, mais l'Espace était un concept cohérent. Des monospaces (hors utilitaires), il y en a eu bien avant l'Espace : l'Alfa Romeo destinée au comte Ricotti (1913), la Tropfen-Auto de Rumpler (1921), la Buckminster Fuller (1933), la Fiat 600 Multipla (1956) et quantité de concept-cars des années 60, 70. Matra n'a rien inventé. Ce qu'il manquait à toutes ces voitures, c'était une identité. Trop futuristes ou trop rustiques, les autres tentatives s'étaient plantées. C'est là que Matra tapa juste : une voiture pour baba-cools embourgeoisés. Des nostalgiques des virées en combi VW, qui voulaient un salon roulant.
A contrario, l'Avantime ne savait pas trop à qui elle s'adressait et ce qu'elle proposait.
A quelques mètres de là, il y a un Espace 2 "stock".
L'Espace 5 (ou 6, suivant la chronologie Matra) risque bien d'être le dernier de son espèce. Un à un les constructeurs ont remplacé les monospaces par des SUV. A l'instar de l'Opel Zafira Life, l'offre se limitera sans doute à des fourgons vitrés, avec une banquette arrière.
Le JFC n'apporte pas grand chose de plus que le Grand Scenic et le Koleos, avec lesquels il partage la plateforme CMF 1. Ce n'est d'ailleurs plus vraiment un monocorps...
Il y a un dernier marché où les monospaces se portent très bien : la Chine. C'est le règne des shuttle, avec captain seat et écrans pour chaque passager. Des écrins de luxe pour transporter les VIP (délégués du Partie ou cadres dirigeants) en goguette. Avec le Buick GL8 (dont la première génération n'était qu'un Pontiac Trans Sport maquillé), GM a gagné des petites fortunes. D'ailleurs, le GL8 actuel n'est proposé qu'en Chine et il n'a même pas de cousins vendus ailleurs, sous d'autres badges. Néanmoins, comme souvent, les Chinois savent ce qu'ils veulent. A savoir des portes coulissantes à ouverture électrique (les hôtes étant souvent d'un âge canonique) et un moteur de grosse cylindrée (cylindrée affichée en dorée, sur les ailes avant.)
En l'état, le JFC, avec ses grandes portes arrières et ses moteurs de mobylette, c'est bu yao ! C'est d'ailleurs pour cela que les Espace 3/4 et Scenic 1 n'ont pas dépassé la pré-série, en Chine... La firme au losange rêve de percer au Pays du Milieu, via les véhicules hauts. Osera-t-elle créer un Espace taillé sur-mesure pour les Chinois (via sa joint-venture avec Jinbei, l'un des rois du secteur) ? Ou bien, va-t-elle une fois de plus vouloir imposer ses idées ?
Cet espace pick-up est la depuis des années, à chaque fois que je passe pour faire les courses il est toujours là, à perdre sa teinte et son vernis au soleil, il n'a pas bouger depuis longtemps et c'est bien triste, un modèle aussi original mérite d'être retaper !
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