Chinese whispers, it makes no sense to me

Je reviens d'un voyage pro en Chine. Pour commencer une petite carte postale...

Deuxième voyage, en Chine, en solo, pour des audits. Je mentirais si je disais que j'avais eu zéro appréhension en embarquant à Roissy Charles de Gaulle. En tout cas, je suis nettement plus au fait du fonctionnement des trains Chinois (ou presque, j'y reviendrais...)

Notez qu'à chaque trajet, il y avait des travaux. Qu'il s'agisse d'une nouvelle LGV ou d'un agrandissement de gare. Sans oublier les terminaux logistiques cyclopéens, positionnés en bordure de Shanghai.

Pendant ce temps, en France, on a du zéro artificialisation. Un nouvel outil pour entraver le développement économique. Et lorsque la dernière usine aura fermée, on sera fier de s'être sacrifié pour Gaïa...

Et toujours, l'anime avec policière-kun qui menace d'un bonk (avec chute dans l'escalier lors de la garde-à-vue) les fauteurs de trouble. UwU !

La pratique est plus nuancée. A la gare de Jinhua Sud, il y a un retraité handicapé, probablement SDF et très alcoolisé. Il effectue un premier show au comptoir d'information, puis un second dans la salle d'attente, à quelques mètres de l'équivalent Chinois du SNPF. Jinhua Sud est une petite gare de province et le retraité est visiblement un habitué des lieux. Le chef de gare tente visiblement de raisonner l'homme et qu'il parte de lui-même. N'empêche, tandis que le vieil homme s'entêtait -et invectivait les voyageurs au passage-, les policiers s'agglutinaient autour de lui, façon GTA.

Techniquement, ce n'est pas un "road trip", vu que la plupart du temps, j'empruntais soit le train, soit l'avion. Mais à l'arrivée, on venait me chercher avec l'inévitable Master (NDLA : celui de GAC, pas celui de Renault), avec ses véritables fauteuils à l'arrière...

Je suis là pour travailler. J'évolue dans une Chine industrielle, loin des circuits touristiques. D'ailleurs, à ce jour, je n'ai toujours pas été voir la Grande Muraille.

Chez Audi, Dominique disait de rester vigilant jusqu'au bout. Car les ennuis arrivent toujours le dernier jour.

En Chine, c'est d'autant plus vrai ! La dernière fois, c'était un dernier jour que je me suis retrouvé sans argent pour payer mon taxi.

Cette fois-ci, mon dernier rendez-vous semble simple : départ de Shanghai d'un hôtel au pied de la gare, changement à Nanjing et arrivée dans le Jiangsu. Ce que je n'avais pas vu, c'est que j'arrivais à la gare de Nanjing Sud et que je repartais par la gare de Nanjing ∅... Lorsque j'arrive à Nanjing Sud, je vais aux correspondances, j'arrive au portique, je présente mon passeport (qui sert de billet)... Et là, tout s'allume en rouge ! Une policière m'écarte de la file. Une seconde policière m'explique sur un ton martial que je ne suis pas à la bonne gare. Il se passe deux bonnes minutes avant qu'elle ne me fasse remarquer qu'il y a deux gares à Nanjing. Donc, je n'ai pas à emprunter le couloirs "correspondance". Elle pourrait me laisser passer et je prendrais la sortie, qui est à dix mètres de là. Mais au lieu de ça, elle m'impose de revenir sur le quai et de prendre la sortie !

Ensuite, je vais aux taxis. J'ai plus de deux heures pour attraper mon train, donc zéro stress. Je monte dans un taxi j'indique "Nanjing", le chauffeur panique et pile net. Le chef de station de taxi arrive et me demande d'écrire ma destination... En chinois. Pendant ce temps-là, je montre du doigt ma réservation (que j'avais imprimé) avec le mot "Nanjing" écrit en caractères Chinois et une photo de train. Un policier arrive, puis un attroupement se forme. Apparemment, ils croient que j'ai manqué mon train et que je souhaite aller à ma destination finale -à cent onze kilomètres de là- en taxi ! Alors qu'à aucun moment, je n'évoque la ville où mon train ira ; je dis juste "Nanjing". Quand au chef de station, j'ai l'impression qu'il attend que je me mette miraculeusement à parler mandarin ! En tout cas, ils ne font tous absolument aucun effort. Jusqu'à ce qu'enfin, après avoir montré dix fois "Nanjing" et la photo d'un train, le chef de station ne comprenne mes intentions.

Mon impression globale des transports en commun chinois (et des hôtels), c'est que tout est très encadré et ils ont peu d'interactions avec des étrangers (y compris d'autres régions de Chine.) Donc, même à Pékin ou à Shanghai, dès que l'on sort des clous, c'est le drame des baobabs. Ils ne savent pas du tout faire face à l'imprévu et les Chinois s'imaginent tout de suite des scenarii catastrophiques. Donc ils se bloquent, c'est à vous de solutionner et de calmer votre interlocuteur.

Complètement par hasard, à l'aéroport de Pudong, je croise Madame Bellecuisse. Nous avions débuté ensemble comme acheteurs chez Renault. Il y a dix ans, déjà.

Sur le fond, on fait le même job : inspecter les entreprises Chinoises, évaluer le capacitaire, discuter de l'avenir ensemble, rapporter des échantillons... D'ailleurs, on va visiter la même entreprise, à un jour d'écart. Après, elle se focalise sur le prix. C'est l'atout principal de la Chine. Moi, j'essaye d'insuffler de la qualité chez mes fournisseurs. Par exemple, sur un moulage en plastique, vous avez toujours des bulles, de la matière qui vient se rajouter, etc. Derrière, avec un simple ébavurage de quelques secondes, vous gommez les défauts et votre produits aura un bel aspect.

Globalement, c'est très, très fructueux. C'est l'occasion de glaner des confidences. Le coup classique, c'est l'entreprise française qui vous fait payer au prix fort pour du made in France. Or, vous découvrez qu'en fait, il sous-traite tout ou partie de sa production en Chine. Le made in China au prix du made in France ! Quand je repense à X, qui m'expliquait -avec des trémolos dans la voix-, que si j'étais patriote, je devais accepter de payer plus cher, afin de sauvegarder les emplois... 

Douze jours, douze entreprises et neuf villes. A chaque fois, je prends une photo de ma chambre d'hôtel et parfois, le soleil n'est même pas levé lorsque je pars...

Après, je ne suis pas à plaindre et d'ailleurs, personne ne me plaindra. C'est toujours un plaisir de partir en Chine, avec son lot d'exotisme.

Sur le plan professionnel, madame Bellecuisse et moi sommes d'accord. Les Excel et les Teams, ça ne remplace pas complètement le terrain. Et après coup, il y a la fierté d'avoir mouillé la chemise et de ramener le petit "plus" qu'on n'aurait pas obtenu depuis son bureau.

Il y a près de vingt ans, Guy Delisle avait raconté en BD son expérience professionnelle de la Chine. Notamment les chambres d'hôtels, avec leurs nombreux interrupteurs.

Aujourd'hui encore, les tables de nuit des hôtels Chinois sont surmontées d'une batterie d'interrupteurs...