25e Traversée de Paris


La Traversée de Paris, c'est l'évènement ancienne qui ouvre traditionnellement l'année. Du Château de Vincennes au Château de Vincennes. Et comme d'habitude, il y avait de belles mécaniques et une bonne ambiance, malgré le froid...

Plan A, B, C...

Cet alignement de plaques en témoigne : j'ai participé à de nombreuses Traversée de Paris. J'y ai été tour à tour simple passager, participant (via des voitures prêtées par des constructeur) et enfin, juste spectateur.

J'avais envie de passer de l'autre côté de la barrière. Devenir un participant à part entière. Pour cela, j'ai acheté une Peugeot 304 de 1975. L'humour fait parti de la Traversée de Paris. J'avais donc prévu quelques accessoires pour le second degré.

Au mois de décembre, ma sochalienne a été capricieuse. Mais j'ai effectué une révision très complète, chez un garage spécialisé. A trois jours du but, je récupérais ma voiture...

Hélas, le lendemain, le démarreur me trahissait. Le garage était surbooké : impossible de réparer dans les temps.

Mais j'avais un plan "B". Comme je l'avais discrètement sous-entendu, je me suis offert une "daily". Une Fiat 500 "30 juin 2024" neuve. Elle devait même livrée l'avant-veille de la Traversée de Paris. 

Malheureusement, la route entre Tichy et Paris (via je-ne-sais-où) fut plus longue que prévue. La remise des clefs a eu lieu avec une semaine de retard.

En théorie, le jour de la Traversée de Paris, j'étais propriétaire de deux voitures. Mais en pratique, j'en avais zéro sur ma place de parking. Solution : louer une voiture. Gag : Avis m'a refilé une Fiat 500 identique à celle que j'attendais !


J'y ai apposé les accessoires destinés à la 304 : une authentique queue de tigre Esso, une cassette des Pink Floyd (hommage à Mémoire des Stands N°1), une cassette de Sabrina, le "W" de la 304 et un bob subtilement customisé (hommage à Mémoire des Stands N°2.)

Les autres participants de la Traversée de Paris sonnt indifférents, voire moqueurs envers mon "ancienne". Mais beaucoup ont ensuite compati envers les caprices de ma 304.


Prologue
En ce dimanche 12 janvier, les températures sont glaciales et le jour n'est pas encore levé. Mais sur les voies désertes, des silhouettes d'autrefois convergent vers le Château de Vincennes...


Château de Vincennes
L'excitation du départ est palpable. Les participants doivent passer sous un podium.


Puis la file se divise en trois. Chaque participant reçoit une plaque et un road-book.

Au premier plan, ce n'est pas une Fiat 128, mais l'une des premières Zastava 1100.


Puis il faut y aller ! L'affluence est telle qu'il n'est pas question de flâner.


Les participants sont alors face à un dilemme. Faut-il respecter le road-book et s'engager sur une avenue Daumesnil qui promet d'être embouteillée ?


Ou bien, à l'instar de ce trio de 2cv, contourner le château et emprunter l'ex-RN34 ?


Pour d'autres, la question ne se pose même pas. Il s'agit plutôt de faire avancer cette fichue voiture. Sans quoi, la Traversée de Paris 2025 sera déjà terminée...


Nation
La troupe entre dans Paris. La place Felix Eboué ayant été "apaisée", il faut passer par les petites rues, pour atteindre Nation.

Notez au passage que la Dyane a pu repartir. En cote, avec le starter, forcément, ça fume bien !


Les possesseurs d'Américaines se sont visiblement donné rendez-vous aux colonnes de Ledoux.


Un duo de gros matous... Les plus vieux se souviennent que dans Téléchat, Groucha avait une Mercury Cougar. J'ai longtemps cru que cela faisait parti de sa parodie de films noirs (l'imperméable d'Humphrey Bogart, le débrief autour d'un cocktail...) Mais en voyant cette Merc', je comprends le gag : une voiture avec un félin pour un chat. Roland Topor et Henri Xhonneux ayant truffé la série de calembours, ce ne peut être une coïncidence...


Bien sûr, il y a une intruse dans le lot. En l'occurrence, une jolie DB Le Mans. Après la HBR5, DB conçu ce roadster. Sauf erreur, elle était produite à Romorantin. Après le départ de Charles Deutsch, René Bonnet poursuivi l'aventure seul. Equipé d'un moteur de Dauphine Gordini, la DB Le Mans devint René Bonnet Missile. C'est au volant d'une Missile que Jean-Pierre Beltoise remporta ses premiers succès sur quatre roues. Cruelle ironie, c'est également au volant d'une Missile que la femme de "Bebel" trouva la mort.


Et ensuite...
Les places de Nation, Bastille et République étant également "apaisées", la préfecture nous fait contourner Paris par Père Lachaise, Belleville et La Chapelle. Bienvenue dans le Paris moche. Celui des tags, des commerces fermés depuis longtemps ou bien remplacés par des kebabs et autres taxiphones. C'est juste sinistre. En plus, il y a un feu rouge tous les cent mètres. Le peloton s'étire et il y a de moins en moins d'anciennes en vue. Plus d'une fois, je pense à faire demi-tour et à rentrer chez moi.

Les scènes vraiment cocasses sont rares. Comme ces trois propriétaires de Rover de différentes époques, qui voyagent ensemble. Ou cette Dauphine suivant une Škoda 105. La 105 descendant de la 1000, accusée par Boulogne-Billancourt d'être une copie de la Dauphine (hors carrosserie.)


Montmartre
A l'approche de Clichy, la Traversée de Paris retrouve des couleurs.


Puis c'est la traditionnelle boucle de Montmartre. Entre ceux qui y vont et ceux qui en viennent, la rue Colaincourt est complètement saturée. C'est l'occasion d'échanger quelques mots avec les infortunés. L'un d'eux parle de "plus belle embouteillage du monde". Effectivement, à chaque feu rouge, c'est un tableau incroyable.


Puis c'est l'arrivée sur la Butte Montmarte, un lieu ô combien photogénique.

En théorie, les rues sont bloquées à la circulation à partir de 10h30. Mais pour une fois, les idylles sont magnanimes et les barrières restent ouvertes bien au-delà de 11h.


Redescente vers la rue Caulaincourt. Cette fois, il n'y a plus d'anciennes venant à contresens...


La ruée vers rien
Après cela, retour sur des boulevards sans intérêt. La préfecture a clairement favorisé la fluidité du trafic à la beauté du parcours. Circulez, il n'y a rien à voir !


Au dernier moment, le tracé a été modifié. Personne ne comprend rien au nouveau road-book. Sur le rajout, vous avez un parcours en bleu et un parcours en rouge, la couleur universelle de l'interdiction. Donc, le tracé à suivre est le tracé... Rouge, logique. 


En prime, le road-book nous propose de sortir par l'avenue de Wagram... Qui est fermée pour cause de travaux.

La troupe se disperse donc dans l'ouest Parisien, au gré des nombreux carrefours.


Concorde
La place de la Concorde n'était pas au programme du nouveau tracé. Mais on y est quand même ! Et par "on", j'entends des centaines de passionnés de voitures. Je soupçonne certains propriétaires d'anciennes (en particulier celles de l'entre-deux guerres), de s'être rendu directement place de la Concorde, sans passer par la case départ.

Jusqu'ici, la Traversée de Paris s'était un peu faite sans les badauds. Y compris à Montmartre. Autour de l'obélisque, il n'y a que cela. Du touriste de passage à l'authentique passionné, en passant par les influenceurs qui improvisent un podcast... C'est une ambiance bon enfant. Les propriétaires racontant volontiers l'historique de leur voiture. On se presse pour se photographier avec. D'autres propriétaires sont venus en groupe et ils sortent les paniers de pique-nique.

Certes, il y a du parking sauvage, de la double-file, voire de la triple-file. Heureusement, les sulfateuses à PV sont rangées...


De 1965 à 1968, le Belge IMA construisit des break sur base Mercedes-Benz W111 (alias Heckflosse.) 2 754 Universal ont été produites. Cette 220 S est donc très rare. 

IMA créa également des Universal sur base W110 et W115.

L'essai fut tout de même jugé concluant par la firme à l'étoile, qui lança en 1977 son premier break, sur base W123.


Toute aussi rare : une Ginetta G4.


On ne compte plus les Volkswagen Coccinelle avec des kits "anciennes" (ailes différentes, petits feux arrières, etc.) Ici, il s'agit bien d'une vraie Coccinelle 1958-1967 (la taille de la vitre arrière en témoigne.) Mais les passants la prennent sans doute pour une énième 1300 customisée...


Et oui, il y a une OSI rouge ! A croire que les trois propriétaires Parisiens m'espionnent et se synchronisent pour être présents à chacune de mes sorties !


Invalides
C'est davantage un lieu de passage, qu'une halte.

Personnellement, je suis frigorifié et j'ai faim. J'ai surtout envie de rouler non-stop vers le Château de Vincennes, chauffage à fond ! Quelques clichés, puis je repars...


Le retour
Le parcours suit un drôle de tracé, Rive Gauche. On contourne ainsi les grandes places du centre de Paris. Cela renforce mon impression que la préfecture a sciemment voulu éviter toute possibilité d'attroupement.
Cachez ces voitures que je ne saurais voir ! De nouveau, on croise des étourdis roulant à contre-sens.

On se croirait revenu au temps du covid. Où sont passés les Parisiens ? On est en début d'après-midi, pourtant, les brasseries du boulevard Saint-Germain sont vides. Les devantures des cinémas d'Odéon sont désertes. Aucun étudiant boulevard Saint-Michel. On débouche sur Jussieu. Le temps gris et le froid pénétrant n'expliquent pas tout. Partout, ce n'est que trottoir vides et magasins à l'abandon. Même l'avenue de France, un quartier encore en construction, semble déjà en désuétude.


Château de Vincennes
La ligne d'arrivée ! Pour rappel, il n'y a rien à gagner. Mais certains sont fiers d'être arrivés jusque là. En particulier les passagers des tracteurs agricoles, congelés. Certains s'offrent une pause devant le château.


Notez la présence d'une Ford Torino. Du moins l'une des rares qui n'a pas été peinte aux couleurs de Starsky & Hutch.


Voilà, une nouvelle plaque. Bientôt, il faudra que je bâtisse un autre mur pour pouvoir les accrocher !


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