Ferrari, Lotus, McLaren, Williams... Voici un bel échantillon des F1 marquantes de la période 85-95. Cinq fabricants venus de quatre pays ont voulu reproduire des F1 au 1/55e. En les additionnant, on obtient une grille quasi-complète.
En janvier, je cherchais
des Land Rover "Gamelle Trophy" miniature, ainsi que des informations dessus. Les algorithmes ont commencé à me proposer des produits liés de près ou de lien au Gamelle Trophy ou à Land Rover. Dont la Lotus/Honda au 1/24e de Bburago. Les prix des miniatures avec le nom du cigarettier étaient délirants. J'ai alors découvert que Tomica avait également reproduit cette F1. D'ailleurs, le fabricant Japonais avait reproduit tout une série de F1... Et de fil en aiguille, me voilà avec une dizaine de F1 !
Majorette
Gare de Laval, 1986. Le train de mon beau-père a un peu de retard. Pour me faire patienter, ma mère m'achète un coffret Majorette au Relais H : quatre F1. A savoir l'Alfa Romeo 185T 1985 d'Eddie Cheever, la Brabham/BMW BT53 1984 de Teo Fabi (?), la Ferrari 156/85 1985 de Michele Alboreto et la McLaren/TAG-Porsche MP4/2B 1985 d'Alain Prost. A cause des lois sur le tabac, le mot "rouge et blanc" était remplacé par une série de traits. Notez que seuls Motor Racing Development (Brabham) et McLaren International ont exigé une imprimatur.
J'ai perdu la Ferrari. Mais grâce à eBay, j'ai pu en trouver une autre et le quatuor est reconstitué ! La Ferrari est assez grossière. Majorette n'avait pas pris la peine de reproduire les radiateurs sur le flancs et l'arrière du capot est plus arrondi.
On reconnait néanmoins l'aspect brutal des F1 turbo, avec le poste de pilotage avancé et le long capot arrière. Sans oublier le nez large. Lorsque les voitures jaillissaient en haut de Sainte Dévote, on aurait dit des Apache ! Il ne manquait que le rotor et les nacelles sur les pontons !
Hasard ou coïncidence, trois de ces quatre F1 ont été signées par des designers légendaires : Gordon Murray pour la Brabham, Harvey Postlethwaite (assisté par Jean-Claude Migeot) pour la Ferrari et John Barnard pour la McLaren.
Norev ?
En 1986, Renault quittait la F1. Par la force des choses, son partenaire Elf partait lui aussi. Antar, filiale de Elf, s'offrit un baroud d'honneur avec une collection de miniatures au 1/55e. Elles représentaient les équipes qui ont successivement carburé à Elf : Matra, Tyrrell, Renault et Ligier. Lotus brillait par son absence... Alors que finalement, Elf restera partenaire de l'équipe jusqu'en 1989 !
A priori, c'est Norev qui réalisa ces miniatures. On reconnait vaguement la Ligier JS25 1985 de Jacques Laffite. Elle affiche des logos "Antar" sur l'aileron avant, en lieu et place d'Elf. Mais curieusement, point de marquage "Antar" sur le capot, où il était effectivement présent. Tout aussi curieusement, le nom et le logo du cigarettier sont écrit en toute lettre.
La JS25 marquait le retour de "Jacquot" après deux saisons oubliables chez Williams. Un retour fêté par une collection de podiums. Sauf erreur, c'est la seule Ligier F1 à cette échelle. Norev, pourtant sponsor de la JS7, n'avait pas reproduit d'autres F1. Les fans devaient se tourner vers Polistil, qui miniaturisa plusieurs Ligier, au 1/35e, puis au 1/25e.
Tomica
Les Japonais ont toujours été des passionnés de F1.
Tomica avait commercialisé quelques F1, à la fin des années 70. Mais avec le retour du Grand Prix du Japon, en 1987, ils se sont visiblement engouffrés dans la brèche.
Tout passionné de F1 sera forcément un tifoso, tôt ou tard. C'est une fausse jumelle de la Ferrari F1 de Majorette : il s'agit non pas d'une 156/85, mais d'une F1/86. Le principale différence, c'était l'intégration de l'arceau dans le capot. La Tomica est plus finement réalisée, même si les radiateurs latéraux ne sont toujours pas représentés.
Ce fut la dernière Ferrari d'Harvey Postlethwaithe et Jean-Claude Migeot. Car la F1/86 fut un bide. Enzo Ferrari recruta John Barnard et lui confia toute la partie développement (y compris le département moteur.)
Visez les sponsors : Fiat et [Rouge et blanc]. Enzo Ferrari était personnellement opposé à la présence des cigarettiers en F1 et il tenait à ce que l'appartenance de Ferrari à Fiat reste discrète. Il était donc particulièrement enragé par cette livré.
En tant que fabricant Japonais, Tomica a souhaité mettre en avant la présence japonaise en F1. Pensant sans doute que cela intéresserait davantage les petits Japonais.
Honda dominait justement la seconde moitié des années 80.
Tomica reproduisit donc la Williams/Honda FW11 1985, pilotée par Nigel Mansell et la
McLaren/Honda MP4/4 1988 d'Ayrton Senna.
Encore une fois, Tomica snoba les radiateurs latéraux. La McLaren est assez grossière. L'avant devrait être plus fin et les écopes plus reculées. Surtout, les pontons devraient être noir de carbone. Oui, mais cela reste un modèle légendaire.
Tomica a depuis complètement revu sa copie, concernant la McLaren. Il existe ainsi une MP4/4, plus réaliste et ayant davantage de détails, dans la collection premium. Mais il manque le nom du cigarettier dessus...

Voici l'ultime Lotus victorieuse, la 99T à moteur Honda, de 1987. Ayrton Senna s'imposa avec à Monaco et à Détroit. Le V6 turbo japonais était plus fiable que le V6 turbo Renault de l'année précédente. Ainsi, malgré une auto inférieure aux Williams et aux McLaren, le Brésilien termina 1987 avec une médaille de bronze...
Sauf que la voiture de Senna portait le numéro 12. La 11, c'était celle de Satoru Nakajima. Honda avait de l'embauche du Japonais une condition sine qua non à la fourniture de son V6 turbo. [Jean Joueur Spécial] tenait à ce que l'un des deux pilotes soit Britannique. Du coup, il claqua la porte au profit de [Chameau].
"Naka-san" arriva en F1 à 35 ans. Il était ainsi le cinquième plus vieux pilote du plateau ! Il possédait cinq titres en F3000 Japonaise, mais avec de très rares sorties en Europe (dont un incroyable podium en F2.) Qui plus est, il maitrisait exclusivement le japonais. Pour communiquer avec les mécanos et ingénieurs de Lotus, Satoru Nakajima avait besoin d'un traducteur.
Partant de là, on n'attendait pas grand chose du pilote Japonais. Le Grand Prix de Grande-Bretagne tourna au jeu de massacre, avec seulement neuf voitures à l'arrivée. Satoru Nakajima tint bon, doubla les deux Benetton et il put cueillir une 4e place. Il avait gagné sa légitimité, comme pilote de F1. Même s'il était bien incapable de suivre Ayrton Senna.
Satoru Nakajima fut le premier pilote Japonais à disputer une saison complète. Il fut rapidement adulé. Pour les visuels de
son jeu sur la F1, Taito reprit son effigie, avec son casque blanc cerclé de rouge. Quant au jeu
Rad Racer, il proposait une "F1 Machine" jaune, frappée d'un 11... Satoru Nakajima finit même par avoir
son propre jeu de F1 !
En 1987, le torchon brûlait entre Williams, Honda et Nelson Piquet. Le Brésilien accusait Frank Williams de favoriser Nigel Mansell. Le motoriste renchérissait en déclarant que cette rivalité interne avait couté le titre pilote en 1986 et qu'elle faillit faire rebelotte en 1987. Malgré le succès au championnat, Honda et Nelson Piquet claquèrent la porte. McLaren devint l'écurie "A" de Honda et "l'Indien" emmena le "1" chez Lotus.
Cette Lotus/Honda frappée du 1 méritait une seconde miniature ! Tomica s'est contenté de mettre à jour la livré. Alors que
la vraie Lotus 100T possédait un nouveau nez, plus fin que celui de la 99T.
Bizarrerie du catalogue, cette Arrows Footwork/Porsche A11C de 1991, pilotée alors par Michele Alboreto. Elle fut rééditée sans le "Porsche" sur le capot, afin de se faire passer pour les FA13 et FA14 à moteur Mugen-Honda d'Aguri Suzuki.
Wataru Ohashi a débuté sa carrière chez Nihon Onsou, en 1970. En une dizaine d'années, il gravit les échelons du transporteur Japonais. Dans les années 80, il organisa la fusion de Nihon Onsou avec d'autres transporteurs, sous le nom de Footwork Express. Tomica proposa d'ailleurs une camionette Isuzu aux couleurs de Footwork. En 1988, l'entreprise sponsorisa la F3000 Mooncraft d'Aguri Suzuki. Le pilote remportant le titre Japonais, s'ouvrant la voie vers la F1. Là, encore, Tomica commercialisa la F3000 Mooncraft aux couleurs de Footwork. A la même époque, Porsche voulait revenir en F1, comme motoriste. Wataru Ohashi racheta l'essentiel des parts d'Arrows et il allongea la somme nécessaire pour financer le V12 Porsche. Le fabricant de miniature sauta sur l'occasion. L'A11C de Tomica est en fait la Ferrari F1/86 repeinte ! Voilà pourquoi elle ressemble peu à la vraie.
L'aventure Porsche fit long feu. Le V12 Porsche rendait à priori 20ch et au moins 50kg aux moteurs Renault ou Honda. Après une série de non-qualifications, Footwork le remplaça par de bons vieux Ford DFV. En 1992, Footwork refit parler de lui, au Japon, lorsqu'il obtint l'utilisation du V10 Mugen-Honda. A cette occasion, l'équipe recruta Aguri Suzuki. Ce dernier ne parvint pas à inscrire le moindre point durant deux saisons. Mais les Japonais le suivaient avec attention. Outre Tomica, Tamiya reproduisit sa voiture. On la retrouvait dans le catalogue 1996, aux côtés de la FW11 et la McLaren MP4/4 !
Matchbox
En 1981, la FISA et la FOCA signaient la première mouture des Accords Concorde. Bernie Ecclestone devint ensuite N°2 de la FIA et il s'occupa de la couverture médiatique. La notoriété de la F1 grimpa en flèche. Voilà pourquoi les fabricants de miniature s'engouffrèrent dans la brèche.
La Grande-Bretagne connaissait des difficultés économiques récurrentes. Forcément, les Britanniques achetaient moins de jouets à leurs enfants. Mettoy (Corgi), Meccano (Dinky Toys) et Lesney (
Matchbox) firent quasi-simultanément faillite. Le Hong-Kongais Universal Toys mit la main sur Matchbox, puis Dinky Toys. Pour renouveler la marque, il lança notamment des F1 aux 1/55e.
En 1994, Matchbox passa à la vitesse supérieure avec les reproductions des voitures de plusieurs équipes : Williams, Jordan, Arrows, Sauber et Lotus. Un choix pour le moins étonnant !
Voici donc la Lotus 107C, à moteur Mugen-Honda, de Johnny Herbert. 1994 fut la dernière saison du Team Lotus "historique", mais ce n'est pas la dernière Lotus. En effet, dès le tiers de la saison, il fut remplacée par la 109. Ce n'était pas trop tôt, car la 107C dérivait de la 107 de 1992. Certains châssis furent utilisés plusieurs saisons !
Matchbox représentait les voitures avec pilotes (mais sans peindre le casque.) Il était également le seul à peindre les flancs des roues. A propos de flanc, le sponsor "Tommy Hilfiger" manque à l'appel.
Corgi
Sur eBay, cette Lotus 107B avait l'apparence d'un modèle au 1/55e, mais elle est au 1/43e !
Le fabricant Britannique s'était fait connaitre en 1965 avec la reproduction de l'Aston Martin DB5 de Goldfinger. Fort de ce succès, Corgi misa ensuite beaucoup sur les voitures de films et de séries TV (Batman, les Fous du volant, Starsky & Hutch, Magnum... Et bien sûr, tous les autres James Bond.) Les voitures étaient à l'échelle 1/40e et elles étaient réalisées en métal (du coup, elles étaient un peu lourdes.) Corgi manqua le virage des années 80. Les 8-12 ans préféraient les miniatures au 1/55e. Mettoy, la maison-mère, avait racheté Husky, devenu Corgi Junior. Mais le catalogue restait bien trop restreint. De plus, Corgi avait manqué le virage du 1/43e, comme Solido ou Dinky Toys. Ajoutez-y des modèles trop centrées sur la production Britannique (donc difficilement exportables) et un contexte économique morose.
En 1984, Mettoy fit faillite. Contrairement à Matchbox et à Dinky Toys, Corgi n'a pas vraiment rebondi depuis. A intervalles réguliers, Corgi effectue un come-back avec un nouveau concept. Au début des années 90, il songea ainsi à des F1 en zamac.
Si j'avais cru qu'elle était au 1/55e, c'est parce que la finition de cette Lotus/Ford 107B de 1993 est assez moyenne. Surtout par rapport aux F1 contemporaines réalisées par Onyx ou Minichamps. Le casque vert n'évoque aucun pilote en particulier. Et surement pas celui de Johnny Herbert, qui portait le dossart 12. Et la miniature serait trop fragile pour être un jouet d'enfants.
En tout cas, entre celle-ci et la Matchbox sus-citée, on voit qu'il y avait encore un intérêt pour Lotus, au début des années 90. Pourtant, l'équipe allait de mal en pire.
Les déboires de Lotus débutèrent au début des années 80. Colin Chapman fut l'un des plus radicaux de la FOCA ; il tenait à faire courir sa 88, bannie par la FISA. Lotus fut donc un dommage collatéral des Accords Concorde de 1981. Puis, à l'instar de Tyrrell (qui payait sa "traitrise"), l'équipe n'eu pas de turbo. L'accord avec Renault, puis l'arrivée d'Ayrton Senna permit de revenir aux avant-postes. Néanmoins, Colin Chapman était mort et son adjoint, Fred Bushell, était mis en examen. Peter Warr hérita des commandes de l'écurie de F1, mais il n'avait pas l'étoffe d'un Ron Dennis ou d'un Frank Williams. En 1986, General Motors reprit Lotus Cars, mais il n'avait que faire de la F1. Clive Chapman, fils de Colin, conserva la gestion du Team Lotus. Puis ce fut une série de mauvaises nouvelles. En 1989,les turbos furent bannis et Lotus dût faire avec le poussif V8 Judd, de quoi faire reculer l'équipe dans la hiérarchie. En 1990, Lotus obtint un V12 Lamborghini. Les finances étaient dans le rouge, [Chameau] claqua la porte et Clive Chapman vendit à Peter Collins et Peter Wright. L'équipe conservait des liens informel avec Lotus Cars et par ce biais, elle devrait profiter du V12 Isuzu. A cause de la crise économique Japonaise qui s'annonçait, Isuzu renonça. D'autant plus que son V12 aurait mérité de profondes -et couteuses- transformations pour être compétitifs. Ce fut la fin des espoirs de Lotus. L'équipe s'enfonça dans un cercle vicieux de budget restreints et d'embauche de seconds couteaux. D'où des résultats modestes, qui ne permettaient pas de convaincre de meilleurs partenaires.



Hot Wheels
Fin 1996, la FIA faisait signer aux onze équipes de F1 (Guido Forti ayant été rappelé, afin de signer pour Toyota) les nouveaux Accords Concorde. Entre autre choses, cela permettait à Bernie Ecclestone de contrôler la propriété intellectuelle de la F1. France 3 Bourgogne-Franche Comté fut ainsi condamné pour avoir filmé des images du Grand Prix de France (alors que TF1 en avait l'exclusivité.) Terminées, les miniatures, les jeux vidéos ou les vêtements avec des F1 dessus !
L'idée de "Mr E", ce n'était pas de bunkeriser la F1. Mais d'offrir des exclusivités à des partenaires, à prix d'or. A commencer par Leo Kirch, le roi de la télé câblée.
Mattel venait de signer un accord léonin avec Ferrari. Il fit de même avec la F1. En théorie, cet accord forçait Mattel à reproduire l'ensemble du plateau. Les écuries devaient d'ailleurs fournir des photos détaillées de leurs monoplaces, à la FIA. Mais a priori, seuls les top teams de la saison 1999 furent reproduits.
Voici donc la McLaren/Mercedes-Benz MP4-14 de Mika Hakkinen. Champion 1998, le Finlandais arborait ainsi le "1". Il défendit son sceptre. Pour éviter que l'aileron avant ne sont trop fragile, Hot Wheels supprima les mats. De plus, afin de fonctionner à taille constante, la F1 fut écrasée. Un effet encore plus visible sur les monoplaces ultérieures, au fur et à mesure qu'elles s'allongeaient.
Mattel espérait qu'avec ces F1, il allait percer en Europe. Visiblement, le jeu n'en valait pas la chandelle.
Hot Wheels préféra se réorienter sur les muscle cars. Elle laissa également mourir le contrat avec la F1. Pendant ce temps, Bernie Ecclestone signait un pacte faustien avec Leo Kirch. Lui confiant cette fois, les droits de la F1, au-delà des droits TV. Via une Formula One Holding nouvellement créée. Mais quelques mois plus tard, en avril 2002, KirchMedia faisait faillite. La FOH se retrouvait face aux créanciers de KirchMedia. Les négociations pour sortir du contrat durèrent une dizaine d'années. Repoussant d'autant les ambitions de Mr E.
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