Land Rover Freelander Bburago "Gamelle Trophy"

Suite (et fin ?) de cette série de miniature sur le "Gamelle Trophy". Voici un Freelander miniaturisé par Bburago au 1/24e. Une réplique du véhicule de l'édition 1998, disputée en Terre de Feu.

Le modèle réduit était vendu sans sa boite et rien ne prouve que Bburago a effectivement commercialisé un Freelander aux couleurs du Trophy. D'un autre côté, il est trop propre pour être une création de modéliste amateur. A t-il été créé par un représentant local de [Chameau] ?

En tout cas, il respecte peu l'original. Pour commencer, le véhicule utilisé était un 5 portes. En plus, il disposait des aménagements classiques (galerie de toit, phares additionnels, pare-buffle, etc.) Ici, c'est une Freelander Bburago standard, avec quelques autocollants.

Pour lutter face à Maisto, Bburago a du multiplier les lancements (au détriment du développement) et réduire les coûts (au détriment de la finition.) Il y a un côté bâclé. Et lorsque l'on parle de coûts, c'est par rapport au prix vendu aux grossistes. Le consommateur final, lui, il payait toujours le même prix...

Au moment du lancement du Discovery, Land Rover s'est dit : "On a le XL avec le Range Rover et maintenant, le M avec le Discovery. Il nous faut un Land Rover taille S !" Jusque là, Land Rover et Rover Freight (le Leyland Sherpa) formaient une entité ayant vocation à être vendue ensemble. GM ne voulu pas de ce binôme, puis Rover Freight fusionna avec Daf pour créer LDV. Land Rover revint dans le giron d'Austin-Rover, devenu Rover Group. Le nouveau paradigme étant d'avoir un généraliste (Rover) et deux spécialistes des voitures de niche (MG et Land Rover.) Le Land Rover "S" (alias CB40) devint ainsi un 4x4 destiné à un public plus large.
Esthétiquement, le Freelander était quasiment gelé, mais comme d'habitude, l'argent manquait. En janvier 1994, BMW prenait le contrôle de Rover Group. Le projet disposait enfin d'un financement. Clairement, le Toyota Rav4 (1993) servit de modèle.

Le Freelander fut dévoilé au salon de Francfort 1997. Comme le Rav4, le Freelander était un franchisseur de trottoirs. C'était le premier Land Rover monocoque et il ne disposait pas non plus de rapports courts. Par contrôle, il fut le premier tout-terrain équipé d'un Hill Descent Control. Le Freelander fut d'emblée commercialisé en 3 et 5 portes (le 3 portes ayant un toit souple) et avec trois moteurs (le 2,0l TD BMW, le Rover "K" et le le KV6.)
Les puristes hurlaient. Mais le public, lui, appréciait ce quat'quat des villes. En 1997, tout nouveau 4x4 devait montrer patte blanche. Le Freelander participa ainsi à l'édition suivante du "Gamelle Trophy".

Le "Gamelle Trophy", c'était une affaire qui marchait bien. Fin 1993, RJ Reynolds arrêtait tout ses autres sponsoring (F1, IMSA, Dakar...) pour se concentrer sur le seul Trophy. Une ligne de montres et de vêtements badgés [Chameau] et s'inspirant de son univers était commercialisée.

Côté destination, le Trophy évitait l'Afrique. Un moyen de se différencier du Dakar. Le Trophy, ce n'était pas une course de voitures, mais une série d'épreuves (dont de l'escalade, du kayak, etc.) Le Trophy préférait la jungle d'Asie du Sud-Est. Puis il y avait l'Amérique Latine... Il ne faut pas oublier que les responsables du trophée étaient des baroudeurs. Le continent connaissait de grands bouleversements. Les autocrates passaient la main et les guérilleros déposaient les armes. Cela donna des pays en voie de normalisation, mais encore très sauvages. Les organisateurs adoraient cet entre-deux. Un terrain propice aux aventures. Rappelons qu'en 1990, la Trophy avait ainsi visité une URSS crépusculaire. Accessoirement, on pouvait soupçonner RJ Reynolds de vouloir mettre une cigarette dans la bouche de ces gens qui commençaient tout juste à mettre le nez dehors...
Pour 1998, cap donc sur la Terre de Feu, située dans un Chili post-Pinochet. Le dictateur étant encore chef suprême des armées.


Le Gamelle Trophy devait beaucoup à Land Rover et vice versa.
Le constructeur avait donné du cachet, à ce qui n'était à l'origine qu'une opération publicitaire. Faute de partenaires, les autres créations de cigarettiers firent long feu. Le Gamelle Trophy était devenu un raid connu et reconnu, de quoi faciliter le démarchage des médias. Et sur les visuels des vêtements et des montres, il y a presque toujours un Defender 110.
De même, en 1981, Land Rover était en lambeau. British Leyland avait implosé ; le tandem Land Rover-Rover Freight attendait un hypothétique repreneur. Land Rover avait zéro budget en communication, alors que partout, il reculait. Le Gamelle Trophy lui offrit de la visibilité à peu de frais. Il put ainsi percer dans des marchés où il était jusqu'ici absent (à commencer par l'Allemagne, puis le Japon et la Russie.) Sans le Trophy, Land Rover aurait sans doute été balayé par les 4x4 Japonais.

Mais à la fin des années 90, des tensions apparaissaient dans le couple.
Côté Land Rover, le plus évident, c'était d'être associé à un cigarettier. La publicité - même indirecte - pour le tabac était désormais interdite en Europe. Les cigarettiers avaient une image de plus en plus sulfureuse.
Aussi, Land Rover voulait modifier son image. Il ciblait une clientèle plus jeune et plus féminine. Depuis 1995, les femmes étaient acceptées sur le Trophy. En 1998, les équipages étaient mixtes. Mais cela restait très viriliste. 

Le Gamelle Trophy se retrouvait désormais face à des compétitions de sports extrêmes. Les équipementiers de sport (Quicksilver, O'Neill...) produisaient des images que les TV s'arrachaient... Comme elles s'arrachaient les images du Gamelle Trophy, dix ans plus tôt ! Pour lutter, l'édition 1998 comporta du VTT, des courses d'orientation (à pied)... Land Rover râla car les tout-terrains passaient au second plan. Précisons que même avec des pneus TT, le Freelander se noyait dans une flaque de boue. Du coup, pour les épreuves de franchissement, les concurrents disposaient d'un Defender 110. Lors des liaisons, l'un des concurrents conduisait le Freelander et son binôme, le Def' !

Land Rover et [Chameau] divorcèrent peu après.
Le cigarettier voulu organiser un raid de sports de plein-air, sans 4x4. Cela commença par une tournée avec du VTT, du ski, de l'escalade, etc. Puis, en 2000, il y eu un Trophy sur des îles du Pacifique. Les concurrents montaient sur des canots pneumatiques pour aller d'une île à l'autre, où des épreuves les attendaient. Le succès fut mitigé. Peu après, RJ Reynolds vendit les droits pour le textile à une firme Allemande. Cette dernière créa la marque [Chameau] Active, ce qui interdisait de facto tout nouveau Gamelle Trophy.
De son côté Land Rover mit en place le G4 Challenge. Un raid itinérant, avec davantage d'équipages et plus "féminin". Néanmoins, l'organisation était très lourde. La première édition était prévue en 2003. La seconde, en 2006. La troisième, prévue pour 2009, fut annulée, alors que Ford revendait Land Rover à Tata.

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