Lexus LS400 par Matchbox

Pour changer des voitures Chinoises miniaturisées, voici une Japonaise ! Ou plutôt, un Japonaise singeant les Allemandes pour mieux amadouer les Américains...

Les voitures miniatures Britanniques connurent un destin similaire à leurs grandes sœurs. A la grande époque, Corgi, Dinky et Matchbox tenaient le haut du pavé.
Dans les années 70, la Grande-Bretagne connu une crise économique. Les parents n'avaient plus les moyens d'acheter des petites voitures à leurs enfants. Et lorsqu'ils le faisaient, ils offraient plutôt des Hot Wheels.
Dinky ferma ses portes en 1979. Matchbox déposa le bilan en 1982 et Corgi, en 1983. Tous les trois enchainèrent les plans de reprise partielle. Soit par des passionnés bien incapables de gérer une entreprise. Soit par des industriels sans scrupules, placardant la marque un peu partout.

Matchbox appartient désormais à Mattel, qui a décidé de créer une gamme de miniatures "Européennes" au 1/64e.

La miniature est belle de loin... En fait, la carrosserie est en deux parties : le dessous, les bas de caisse et les boucliers d'un côté, le reste de l'autre. Les optiques et la calandre ne sont que des décalcomanies. Le vitrage est plus épais au niveau des montants, pour donner l'illusion qu'il est opaque.

On est face à une miniature trop détaillée (et trop chère) pour être un jouet, mais pas assez pour être en vitrine.

Avec la Mazda MX-5 et la Honda NSX, la Lexus LS400 est une voiture emblématique de la bulle économique Japonaise.

Essayez de les comprendre... A l'été 1950, Eiji Toyoda visita l'usine Ford de River Rouge. Le futur PDG fut impressionné par le volume : 8 000 unités par jour. UNE usine Ford produisait chaque jour le triple de la production totale de Toyota, depuis sa fondation, 17 ans plus tôt !
Le constructeur Japonais avait envoyé une délégation chez Ford afin d'obtenir des transferts de technologie. Globalement, les Japonais se sentirent longtemps complexé vis-à-vis des occidentaux. Côté Toyota, il y eu l'embauche de Carroll Shelby, pour transformer la 2000 GT en bête de course. La tentative de rachat d'Alpine et par dépit, la prise de participation au sein de Lotus (Lotus qui avait ri au nez de Honda, lorsqu'il lui proposa son moteur de F1.) Sans parler des cas de copie plus ou moins avérés.
Mais voici que dans les années 80, le rapport de force était inversé. C'étaient les Américains, les Britanniques et les Italiens qui faisaient la cour aux Japonais : "S'il vous plait, apprenez-nous à faire des voitures aussi bien que les votre ! Montons une usine commune ! Vendez-nous une licence de fabrication !" Les Japonais avaient laminé la concurrence dans les moyennes cylindrées. Avec un peu d'effort, ils pourraient balayer les grands noms du premium. Les Ferrari, Jaguar ou Mercedes-Benz se croient malin, mais ils ne perdent rien pour attendre !
En 1981, Eiji Toyota quitta la présidence de Toyota, mais il continuait d'en être PDG. Pour ses 70 ans, il lança le projet "Flagship 1". A l'origine, le constructeur songeait à des lignes futuristes. Puis il opta pour une franche "inspiration" de la Mercedes-Benz Classe S (W126), qui était alors la reine des limousines.

La Lexus LS400 fit ses grands débuts au salon de Detroit 1989 (où débutait également la Honda NSX...) La Lexus LS400 marquait la 420 SE à la culotte : dimensions identiques (4,99m de long, 1,82m de large et 1,40m de hauteur) et V8 4,2l 250ch (soit 26ch de plus.) Sauf que la Japonaise était à 35 000$ (contre 62 750$ pour l'Allemande !)
Aux Etats-Unis, Lexus faisait dans le clinquant, avec un logo doré. Les voitures étaient vendues dans un réseau distinct de Toyota avec des façades en béton singeant des temples grecs !


Apparemment, dès 1990, la Lexus LS400 fut disponible en France. Mais l'objectif prioritaire des Japonais, c'était les Etats-Unis. D'où une voiture avec des suspensions "à l'Américaine" et quasiment aucun budget de communication. Cette péniche aux faux airs de Merco fut donc très discrète...

Aux Etats-Unis, en revanche, ce fut un séisme. Mercedes-Benz aurait repoussé de quelques mois le lancement de la Classe S (W140) afin de réajuster les prix. La nouvelle limousine fut moins chères et avec davantage de dotation de série. Comme la Lexus LS400 n'était proposée qu'en V8 4,2l, la firme à l'étoile axa son marketing sur ses nouveaux V12. Mais l'Allemande était détrônée. Elle devra attendre le décollage du marché Chinois pour retrouver sa place de N°1.
La légende voudrait que Cadillac s'offrit un exemplaire et la disséqua. La conclusion de l'équipe technique était sans appel : Cadillac serait incapable de fabriquer une voiture aussi bien finie. Sans même parler du prix de vente...

La LS400 était devenue un marqueur du CSP++ "Européanisé" des deux cotes.
Il fallait battre le fer pendant qu'il était chaud. En parallèle de la LS400, Lexus lança l'ES250, une Camry "lexusisée". En 1991, elle fut remplacée par l'ES300 -qui n'avait plus de panneaux communs avec la Camry-. Toujours en 1991, il y eu le coupé SC400. Giugiaro avait proposé à Jaguar la Kensington, sans succès. Toyota leva la main et Giugiaro lui vendit son projet, qui devint la GS300, en 1992.
A cette date, le Japon était plongée dans une crise financière abyssale. La plupart des entreprises de l'archipel étaient sur le gril. On reprochait à Toyota une opacité de sa comptabilité, avec des participations croisées dans des filiales (un moyen commode pour gonfler la capitalisation et masquer les dettes.) A 83 ans, Eiji Toyoda dut prendre sa retraite, tandis que son cousin Soichiro Toyoda prit du recul. Lexus réclamait des modèles, afin de s'aligner sur la gamme de Mercedes-Benz et on lui répondait que ce n'était pas le moment...
La seconde génération de Lexus n'arriva qu'à la fin des années 90 et les Japonais laissèrent passer l'opportunité de tuer les Allemands.

La Lexus LS400, c'est aussi le bonus stage de Street Fighter 2 ! Le personnage doit défoncer une voiture, jusqu'à ce qu'elle explose. La voiture n'est pas explicitement citée, mais on reconnait bien la Lexus.

Pour moi, le personnage le plus emblématique de Street Fighter 2, c'est Chun Li. J'ai cherché la plus petite Chun Li possible. Et la plus habillée (NDLA : je vous déconseille franchement de lancer "figurine Chun Li" sur Google.)

Les consoles de jeu de Sega et Nintendo avaient un univers très enfantin. On parlerait aujourd'hui de "casual gaming". Il y avait bien des supports typés gamers (Amstrad CPC, Atari ST, Amiga 500, NEC, SNK...) Mais les prix étaient délirants (et ils étaient vendus dans des petites boutiques d'informatique.) Déjà, quand on vous offrait une NES ou une Megadrive, cela faisait noël, l'anniversaire et un bout du noël prochain !
Mais forcément, avec l'age, vous vouliez faire autre chose que de sauter sur des plateformes... Et voilà qu'en 1992, un jeu de baston débarquait sur consoles "normales". Street Fighter 2 proposait des graphismes et une jouabilité inédite (avec les fameux quarts de tour...) Vous pouviez même choisir votre personnage, avec de réelles différences d'un personnage à l'autre. Sans oublier les animations en arrière-plan. C'était une vraie claque !

Commentaires

  1. Bravo pour cet historique ! (et les figurines Chung-Lee remarquées dans les boutiques de jeu vidéo sans avoir fait le rapprochement).

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