F1 : et si c'était... Max ?


Le Grand Prix d'Azerbaïdjan relance un championnat pilote qu'on pensait plié. En plus du duopole Oscar Piastri-Lando Norris, un troisième homme émerge : Max Verstappen. Certes, il a quitté Bakou avec 69 points de retard sur l'Australien. Mais il y a trois semaines, après Zandvoort, son déficit était de 104 unités...

McLaren a un problème de riches : ils possèdent deux voitures capable de jouer le titre. La MCL39 est sans aucun doute la meilleure voiture du plateau. Néanmoins, les oranges ont trois défauts : l'expérience, l'expérience et l'expérience. Il faut se rappeler qu'il y a deux ans, l'équipe jouait la quatrième place du championnat, face à Aston Martin.
Aujourd'hui, McLaren possède autant de points que le deuxième et le troisième réunis. Mais la pression est immense. D'où des erreurs de stratégie, qui leur empêche de concrétiser un titre constructeur qui leur tend les bras.
Côté pilotes, Oscar Piastri semble être revenu de vacances remonté comme un coucou. Non seulement il va remporter le titre, mais il compte tuer le championnat, comme il l'avait fait en F2 ! A Zandvoort, l'Australien déroulait, avec un hat-trick. Mais en Italie, il a été clairement dominé par Lando Norris. Puis à Bakou, Piastri a carrément surconduit. Il s'est sanctionné lui-même : crash dans la Q3, le samedi et crash au premier tour du Grand Prix. Le pilote donne l'impression de manquer de maturité. Il est très rapide, mais à vouloir trop bien faire, il se grille. Sauf qu'à 24 ans et alors qu'il achève sa troisième saison, l'excuse de la jeunesse disparait. C'est peut-être pour cela que Zak Brown le considère comme un pilote N°2.
Quant à Lando Norris, il est sans doute plus constant d'un week-end à l'autre. Mais il a des difficultés à se sublimer... Il possède la confiance de Woking, qui en fait son leader. Il ne faut pas oublier que le Britannique est un "historique" de l'équipe. Après deux années comme pilote d'essai, il est arrivé à une époque où McLaren roulait dans le second tiers de la grille. Il a refusé des offres d'Alpha Tauri et il est l'un des artisans du retour au sommet. Pour McLaren, cela fait toute la différence avec Oscar Piastri, qui reste une pièce rapportée. En tout cas, ce n'est pas ça qui lui permet d'éviter les bévues dans la stratégie de l'équipe.

En 2024, Chalerm Yoovidhya a revendu ses 2% de Red Bull à un trust Suisse. A priori, ce n'était qu'une manœuvre comptable pour se vendre des actions à lui-même. Néanmoins, l'influence des héritiers de Chaleo Yoovidhya va descendo chez le limonadier. Or, Charlerm Yoovidhya était un soutien affiché de Christian Horner lors du "Hornergate". Le milliardaire Thaïlandais avait son propre projet. Ce dernier écarté, Oliver Mintzlaff avait les mains libres. Horner fut envoyé en "garden leave", au profit de Laurent Mekies. Cette nouvelle recomposition a permit de donner de la clarté au projet de Red Bull. Il n'y a plus deux visions qui s'affrontent.
Cela explique peut-être le regain de forme de Red Bull et de la RB21. Même Yuki Tsunoda semble avoir profité de cette atmosphère plus sereine. Quant à Max Verstappen, il peut se concentrer sur son pilotage. On redécouvre un Verstappen roulant avec le couteau entre les dents, comme à Monza. Il n'a rien à perdre et tout à gagner ! A Bakou, non seulement il a dominé le week-end, mais les McLaren se sont prises les pieds dans le tapis. Il reste sept Grand Prix et trois courses sprint. Pour conserver son titre, le Néerlandais n'aura pas le droit à l'erreur. Et il devra espérer une ou deux nouvelles bévues du camp McLaren. En tout cas, a priori, il continuera de souder jusqu'au dernier tour d'Abu Dhabi !

Rappelons qu'il y a des précédents. Les luttes fratricides, ça coute des points, qui manquent lorsque l'équipe dominante à un jour "sans". En 2007, McLaren avait dominé la saison jusqu'aux deux tiers. Puis le scandale du "spygate" explosa. L'ambiance à Woking devint épouvantable. Fernando Alonso préféra signer avec Renault pour 2008. De son côté, Lewis Hamilton trop empressé de s'imposer dès sa première année en F1, explosa en plein vol. Tout cela se paya cash à Interlagos, où les oranges (qui étaient alors gris) virent Kimi Raïkkönen s'imposer et remporter le titre, pour un point. C'est d'ailleurs le dernier titre pilote d'une Ferrari à ce jour. Il y eu aussi 1986, avec Williams. Nigel Mansell était le chouchou de l'équipe, mais Nelson Piquet était plus régulier. A Mexico, le Brésilien refusa de laisser passer le Britannique, pour la quatrième place. Lors de la finale, à Adélaïde, les pilotes Williams furent victimes des circonstances. Et c'est Alain Prost qui imposa opportunément sa McLaren et remporta le titre. Bis repetita en 2025, avec Max Verstappen en troisième homme ?
En tout cas, c'est aussi de bon augure pour Isack Hadjar. Sa promotion chez Red Bull, en 2026, avait l'air d'un casse-pipe. Aujourd'hui, les perspectives sont meilleures. D'autant plus que ces derniers mois, le Français a beaucoup muri. A Melbourne, il avait un côté ravi de la crèche, content d'être en F1. Helmut Marko le recadra. Il lui dit de poser le Kodak et de se focaliser sur sa voiture. Au-delà des points et du très beau podium de Zandvoort, on a surtout vu un Hadjar plus mature, plus ambitieux. Donc davantage taillé pour "monter" chez Red Bull.

L'autre enseignement de Bakou, c'était un Lewis Hamilton très passif.

"LH44" est venu chez Ferrari avec l'objectif de garnir son palmarès. Mais à bientôt 41 ans, le poids des ans se fait ressentir. Pour la première fois de sa carrière, il pourrait effectuer une saison sans podium (nonobstant ses deux podiums lors de courses sprint.) Comme tout pilote, Lewis Hamilton voudrait partir sur un titre, au fait de sa gloire. Néanmoins, on le voit mal revenir aux avant-postes. D'autant plus qu'à la régulière, Charles Leclerc est devant.
Le Britannique a eu un effet positif sur le Monégasque. Il a gagné en maturité en piste et en dehors. Exit le Leclerc-Caliméro qui pleurnichait à la radio. Lewis Hamilton lui a aussi montré comment un pilote Ferrari devait se comporter en public ; Charles Leclerc a ainsi rangé le jogging et les bagouzes au vestiaire.
Une nouvelle génération de pilotes émergent en F1, avec Oscar Piastri et Isack Hadjar. Lewis Hamilton n'est plus aussi incontournable dans le paddock. Il n'est plus le premier choix des micros, ni le second. Même si les formulix l'appellent "le GOAT".
Lewis Hamilton voudrait décider de sa date de départ en retraite, mais il risque de n'être plus maître de son destin. Car Ferrari, c'est aussi Oliver Bearman. Pilote Haas, le Britannique effectue des débuts plus que probants. A l'occasion, il se montre plus rapide qu'Esteban Ocon. S'il confirme en 2026, il serait alors dimensionné pour un baquet chez Ferrari. Sachant qu'en parallèle, il y a Rafael Camâra, champion de FREC 2024 et de F3 2025. S'il poursuit sur sa lancé, en F2, il faudra le placer en F1, à l'horizon 2027. Et Lewis Hamilton serait donc le perdant de ce jeu de chaises musicales.

J'ai déjà raillé le faible enthousiasme autour de l'arrivée d'Audi. Mais à côté de Cadillac...
Pour voir une équipe Yankee, en F1, il faut remonter à Lola-Haas, voire à Penske (Haas n'ayant jamais mis en avant son identité US.) Ce qui est stratégique, à leur où la F1 lorgne sur les USA. Qui plus est, contrairement à Audi, Cadillac va construire une écurie ex nihilo. De l'inédit depuis Haas, il y a onze ans. Pourtant, personne ne s'y intéresse.
Cadillac communique très peu. Le programme est entièrement sous-traité à TWG Motorsport (qui a repris les activités d'Andretti et de Wayne Taylor), lui même filiale de TWG groupe (présent dans Zenvo ou les pneus Hoosier.) On pourrait s'attendre à retrouver du personnel d'Andretti dans l'organigramme de Cadillac F1. Mais TWG n'a fait qu'en phagocyter le programme. Adios, Marissa Andretti, place à Rob White, Jon Tomlinson et Pat Symonds. Il ne manquerait que Rory Byrne ! Ce n'est plus une écurie, c'est l'EPHAD d'Enstone !

Côté pilotes, ils souhaitaient un pilote Nord-Américain. Faute de mieux, ils se rabattent sur Sergio Pérez. A son actif, le Mexicain a 285 départs, 6 victoires (dont 1 avec Racing Point) et 39 podiums. Entre 2021 et 2023, il fut un porteur d'eau véloce de Max Verstappen... Mais au premier tiers de la saison 2024, il s'était complètement désuni. A 36 ans en 2026, il est clairement sur une pente descendante et sa plus-value est discutable.
A ses côtés, Valtteri Bottas. Si Pérez fut le porteur d'eau de Max Verstappen, Bottas fut celui de Lewis Hamilton. Remplacé fin 2021 par George Russel, il succéda à son compatriote Raïkkönen chez Alfa Romeo. Par rapport à Pérez, Bottas est davantage réputé comme pilote d'essai. Car, ce dont Cadillac aura besoin, c'est d'accumuler de l'expérience. Dans la grande tradition des pilotes Finlandais, Bottas n'est pas un bavard. Il a néanmoins acquis une image de pilote non-conformiste, via sa présence sur les réseaux sociaux. Pour autant, en terme de résultats purs, il a dépassé la date optimale d'utilisation.
Cadillac a donc opté pour un duo valable à court-terme, avec l'obligation probable de partir sur un nouveau duo dès 2027. Son joker s'appelle Colton Herta. Le Canado-Américain possède actuellement 35 points de super licence. Pour atteindre les 40 requis, il va se lancer en F2. On peut également supposer qu'il va effectuer des "vendredi" avec Cadillac. Pilote Wayne Taylor en IMSA et surtout, Andretti en Indycar, c'est un casting idéal pour TWG. Bryan Herta, son père, avait bien failli être pilote Minardi en F1. Colton a lui-même frayé avec McLaren. La motivation est là. Mais quid de la vitesse ? Il y a une dizaine d'années, il a couru en British F4, puis en Euroformula Open, sans marquer les esprits. En Indycar, il fut très vite une sensation des paddocks, mais les résultats n'ont pas suivi. Il a toujours manqué de constance pour jouer un titre. D'où de grosses interrogations sur sa capacité à réapprendre le pilotage pour s'adapter à l'Europe.

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