Red Bull, mensonge et vidéo

Red Bull est sur toutes les lèvres. En matière de spéculation sur du vide, c'est pire que les crypto-monnaies ou les NFT ! Que s'est-il passé dans le pantalon de Christian Horner ? Quelle est l'opinion de Max Verstappen ? Les Formulix sortent leurs théories plus fumeuses les unes que les autres. Joe Saward, lui, nous dit longuement : "Je sais, mais je ne dirai rien ! C'est très sale. Et pourtant, j'ai vu des pilotes de F1 gays, des pilotes coucher avec la femme du patron, néanmoins là... En tout cas, n'insistez pas, je ne dirai rien. Mais je sais. Parce que moi, j'étais dans la mailing list du corbeau. Je ne suis pas un formulix ! J'ai accès à tout et il y en avait, du croustillant. Mais je ne dirai rien."

Dieter Mateschitz, le mort
Comme tout bon polar, cela commence par un mort. 

On sait finalement peu de choses sur les 60 premières années de Dieter Mateschitz. On sait qu'il a accompagné Jochen Rindt et Helmut Marko -venus comme lui de Styrie- sur quelques Grand Prix. Qu'en 1982, pour soigner un décalage horaire, il bu un Krating Daeng. Etait-il à Hong Kong pour affaires ? Ou bien, c'était en Thaïlande, pour un stage de plongée ? En tout cas, il rencontra le fondateur de la boisson énergisante, Chaleo Yoovidhya et ils fondèrent Red Bull (traduction anglaise de "Krating Daeng".) Red Bull fut LE sponsor incontournable des sports extrêmes. L'entreprise créait de nouvelles disciplines et tournait ses propres vidéos et il abreuvait ainsi les chaines du satellite.
Côté autos, Red Bull débarqua chez Sauber, en mal de sponsor après le départ de Mercedes-Benz. Mateschitz tenta de jouer les managers (Norberto Fontana, Enrique Bernoldi, Christijan Albers...) Et bientôt, il voulu sa propre équipe. Après l'échec du projet Red Bull USA, il racheta Jaguar, fin 2004 et Minardi, en 2005. Red Bull Racing, c'est 7 titres constructeurs et 6 titres pilotes (autant que Lotus), ainsi que 114 victoires (autant que Williams.) Un palmarès impressionnant sur 20 ans... Même si Mercedes a fait encore mieux. Depuis 2009, l'écurie est constamment aux avant-postes. Sa pire saison fut 2015, où elle ne termina "que" 4e et ne remporta pas de victoire. Rarement présent physiquement sur les Grand Prix, Dieter Mateschitz faisait appel à son "brain trust" : Helmut Marko, Gerhard Berger et Niki Lauda.
En 2022, alors que Red Bull faisait main basse sur les titres pilotes et constructeurs, Dieter Mateschitz mourrait, sans avoir vraiment préparé sa succession. En prime, un deal avec Porsche vola en éclat. Pourtant, pendant une quinzaine de mois, tout semblait calme. L'épisode Horner est l'occasion de se battre pour le trésor du patriarche...

Christian Horner, accusé, levez vous !
Comme pilote, Christian Horner n'a pas laissé de souvenirs impérissables. Longtemps englué en British F3, il monta une équipe, Arden, avec son père, Gary Horner. Le père et le fils allèrent en F3000. Christian aurait réalisé qu'il n'avait pas le niveau pour piloter et il préféra diriger Arden. La F3000 était au bord du gouffre, avec un fort turnover. Cela poussa sans doute les Horner à tenter de racheter Jordan. En parallèle, Vitantonio Liuzzi -pilote Red Bull- devint champion de F3000 avec Arden.
En 2005, Red Bull Racing ouvrait ses portes. Helmut Marko était trop vieux pour être N°1. Gerhard Berger refusa. Alors Dieter Mateschitz embaucha Christian Horner... Et Gunther Steiner ! L'Italien ne resta pas longtemps et Horner prit petit à petit du grade. Avec la domination de Max Verstappen, le Britannique a rejoint Ron Dennis ou Ken Tyrrell parmi les team-managers légendaires. Sauf que contrairement à "Oncle Ken", Frank Williams, Eddie Jordan, etc. Christian Horner n'est pas le grand patron. Il aurait voulu profiter du vide après la mort de Dieter Mateschitz pour organiser une révolution de palais. Le mari de "Ginger Spice" Geri Halliwell serait un coureur de jupons. Il se serait montré trop empressant avec une collaboratrice. Le différent a probablement été réglé avec un gros virement. Mais un rival s'est saisi de l'occasion pour dynamiter l'ambitieux...

Chalerm Yoovidhya, one night in Bangkok
Le Krating Daeng était déjà vendu en Asie continentale (dans des canettes dorées.) Chaleo Yoovidhya conserva ce marché, en plus de ses parts de Red Bull. Il mourut en 2012, laissant un petit empire industriel. Chalerm Yoovidhya est un héritier discret, depuis sa Thaïlande natale. Son nom est apparu dans les Panama Papers. Il y a surtout eu la virée "Pierre Palmadesque" de Vorayuth Yoovidhya, son fils ainé. De reports en possibles pots-de-vin, Vorayuth échappa à la case prison. Pire : le motard de police renversé par le "petit-fils de" fut accusé de s'être lui-même planté !
Chalerm Yoovidhya serait intéressé par Red Bull Advanced Technologies. Il voudrait le détacher du conglomérat Red Bull (dont il est actionnaire majoritaire.) D'après Joe Saward, il voudrait en faire un constructeur d'hypercars.
A Sakhir, Christian Horner arpenta ostensiblement le paddock avec Chalerm Yoovidhya et madame. Même si c'est surtout une alliance d'intérêt.

Helmut Marko, canal historique
A 80 ans, Helmut Marko est sans doute la personne plus âgée des personnes ayant encore un rôle actif dans le sport auto (avec Roger Penske.) Il eu plusieurs vies. Il a fait les 400 coups avec Jochen Rindt. Dans A week-end of champion, Jackie Stewart le grillait en train d'espionner le briefing de Tyrrell. Il remporta les 24 heures du Mans 1971. Le Centre International de l'Automobile diffusait une caméra embarquée d'époque, avec les commentaires d'Helmut Marko. Blessé grièvement à Charade, il dû abandonner le volant et il se lança dans l'hôtellerie... Mais au début des années 90, il fut manager de Karl Wendliger et donna un coup de main aux affaires de Gerhard Berger. Champion de F3000 avec Jörg Müller, il fut le découvreur de Juan Pablo Montoya.
Dieter Mateschitz, piètre détecteur, lui confia ses poulains, Vitantonio Liuzzi et Christian Klien. Puis il y eu le Red Bull Junior Team : Sebastian Vettel, Jean-Eric Vergne, Carlos Sainz Jr, Daniel Ricciardo, Max Verstappen, Pierre Gasly et plein d'autres sont passés entre les mains d'Helmut Marko. Sachant que le RBJ offre un suivi à géométrie variable. Il y a des pilotes à qui Red Bull ne fait qu'offrir des autocollants et d'autres qui disposent des infrastructures sans être pilotes Red Bull (comme naguère Yuki Tsunoda.) Helmut Marko est parfois très sec. Sébastien Bourdais s'était plein d'avoir été viré par SMS. Pierre Gasly fut le dernier pur-produit RBJ à s'insérer durablement en F1. Ces derniers temps, Helmut Marko a porté à bout de bras des pilotes moyens (cf. Juri Vips, Jak Crawford, Jonny Edgar...) forçant Red Bull et Toro Rosso/Alpha Tauri/Machintruc à recruter à l'extérieur.
Aujourd'hui, Doktor Marko fait figure de gardien du temple. Dieter Mateschitz et Niki Lauda ne sont plus. Gerhard Berger a (provisoirement ?) pris du champ. Marko est donc le dernier "historique" en place, alors que Christian Horner reste une pièce rapportée. Le Britannique voudrait l'envoyer à la retraite, mais l'Autrichien compte bien profiter de son pouvoir de nuisance...

Jos Verstappen, à poings fermés
"Jos the boss" fut un des espoirs de la F1 du début des années 90. Pilote "rouge et blanc" et vainqueur du Masters de Zandvoort, c'était néanmoins avec Benetton, qu'il débuta, en 1994. Bilan : deux podiums et surtout l'image effroyable de l'incendie du Grand Prix d'Allemagne. Très populaire aux Pays-Bas, Verstappen Sr pu compter sur des sponsors comme Philips Autoradio ou Ford NL pour trouver des baquets.
La face sombre de Jos Verstappen, c'était un tempérament colérique, voire bagarreur. Des soutiens comme Flavio Briatore ou Jan Lammers ont fini par s'éloigner. Sa fin de carrière en F1 fut chaotique et ses relations sentimentale se terminèrent en violence conjugales. D'ailleurs, c'est parce que papa voulait se faire oublier des juges, que Max Verstappen courra un temps en Asie.
Justement, grâce à ce dernier, Jos Verstappen retrouva les paddocks de F1. La F1 politiquement correcte des années pré-covid n'appréciait guère le personnage et ce qu'il représentait. Le fiston s'est lié à Kelly Piquet et le clan Piquet a écarté Verstappen Sr... Mais Nelson Piquet a multiplié les dérapages verbaux, jusqu'à devenir personna non grata dans les paddocks. On assiste au retour de Jos Verstappen, qui forcément, n'est pas tendre envers ceux qui l'ont écarté. A minima, il compte bien profiter de la lumière du fiston. Peut-être même voudrait-il jouer les managers (dans le cadre d'un contrat avec Mercedes...) En attendant, il joue les Tullius Détritus chez Red Bull.

Oliver Mintzlaff, l'héritier
Contrairement aux autres, ce n'est pas un ancien pilote ou patron d'écurie. C'est un marathonien et un homme de marketing. La galaxy Red Bull, ce sont des boissons, deux écuries de F1, mais aussi une multitudes de sociétés, dont des équipes de football. C'était justement au pôle football qu'Oliver Mintzlaff entra chez le limonadier.
Mark Mateschitz, fils de Dieter, devint N°1 à sa mort. Néanmoins, c'est Oliver Mintzlaff qui s'imposa comme nouveau capitaine. L'inimité avec Christian Horner est connue. L'Allemand s'est invité au Grand Prix d'Arabie Saoudite. En théorie, "CH" a été blanchi. Néanmoins, grâce à un corbeau, l'affaire feuilletonne et Mintzlaff pourrait clairement s'en servir pour dégager Horner. Il mettrait alors un yesman à la tête du Red Bull Racing.

Adrian Newey, d'accord avec le vainqueur
En 20 années d'existence, le Red Bull Racing a connu une existence assez paisible, avec un organigramme stable. Cette crise a d'ailleurs d'autant plus de résonnance qu'elle est inédite et qu'il y a un black out sur l'information. A contrario, chez Ferrari ou Alpine, chaque saison est ponctuée de mouvements. Surtout, on y lave son linge sale en public (voire on attend que les caméras soient là pour claquer la porte.)

La déflagration pourrait emporter les cadres, comme Adrian Newey. Comment résumer sa carrière en quelques lignes ? Ingénieur de Lola, il fut affecté à Mario Andretti, puis à Bobby Rahal en CART. Embauché par March, il dessina les fines Leyton House. Au naufrage de l'écurie, il fut recruté par Williams, où il fut l'artisan des cinq titres constructeurs avec Renault. Débauché par McLaren, il signa le retour au sommet de l'équipe. Bobby Rahal, devenu patron de Jaguar, tenta de l'enrôler. Ce vrai-faux transfert, digne d'un pilote, se transforma en siège éjectable pour Rahal. Finalement, en 2006, il rejoignit Red Bull, l'écurie née sur les cendres de Jaguar ! Newey est comptable des titres. Même si, dans la F1 d'aujourd'hui, un ingénieur ne peut plus dessiner l'intégralité d'une monoplace.
Dans les années 70-80, les designers étaient des stars (cf. Gérard Ducarouge, Harvey Postlethwaite, Mauro Forghieri, Gordon Muray, John Barnard, Jean-Claude Migeot...) D'un coup de crayon, ils pouvaient réussir (ou louper) une F1. Adrian Newey est le dernier des dinosaures. D'autant plus que c'est un passionné de l'histoire de la F1.
Contrairement à d'autres, Adrian Newey n'a pas cherché à monter son entreprise de design et il ne s'est pas intéressé aux voitures de série. A 65 ans, il semble proche de la retraite. En cas de mise à l'écart de Christian Horner, il pourrait en profiter pour mettre les voiles...

Max Verstappen, reviens gamin !
Max Verstappen pourrait être l'autre dommage collatéral. Le pilote a eu une carrière météorique. Pour ses débuts en auto, en F3, il brilla et recruté par Red Bull. Pilote de F1 à 17 ans, il remporta un Grand Prix un an plus tard. Très vite, il s'imposa comme le premier des "non-Mercedes", avant de vaincre Lewis Hamilton, à 24 ans. Max Verstappen a connu une trajectoire linéaire et il n'a eu que des bonnes saisons. Jusqu'ici, les clans Verstappen, puis Piquet, maintenaient un cordon sanitaire autour du pilote. Il s'est peu exprimé, ce que d'aucuns interprétaient comme de la distance, voire de l'isolement.
La déflagration peut-elle aller jusqu'à percer la bulle de Verstappen Jr ? Lui qui n'a connu que le succès, pourrait-il être déstabilisé par une écurie où ça tire à vue ? Lui qui est très attaché à sa famille étendue, pourrait-il partir si Christian Horner, puis Adrian Newey s'en allait ? (NDLA : alors qu'il est proche d'Helmut Marko.)
C'est le pari de Toto Wolff et des tabloïds Anglais. Ils n'hésitent pas à jeter de l'huile sur le feu, dans le but d'atteindre le bientôt quadruple champion du monde. A contrario, s'il résiste, le Néerlandais pourrait ressortir renforcé et plus mature de cette épreuve.

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