Chatenet, mon ex-futur projet

Il y a une semaine, le toujours excellent Michel Holtz signait un papier sur le désamour des micro-citadines. Un bémol sur son édito : il a à peine évoqué les causes. Le rapport avec cette Chatenet ? Je vais y venir...
Pourquoi est-ce que les gens boudent les micro-citadines ? Longtemps, c'était des voitures au rabais. Mais certaines ont une présentation plus que correcte, comme la Toyota Aygo. La Twingo et la Smart Forfour ? Accordez-moi un devoir de réserve dessus... En tout cas, le souci ne vient pas de l'offre, mais de la demande. Par définition, une micro-citadine, c'est pour rouler intra-muros. Se faufiler dans les ruelles et se garer dans une micro-place. Sauf qu'aujourd'hui, la ruelle est devenue piétonne et le stationnement en surface disparait. Dans les grandes villes, vous quittez une place de parking privative, vous roulez sur une avenue 2x1 voies et vous vous garez dans une place de parking souterrain. Le parking Indigo ne fera pas de différence entre une Smart et un Hummer ! Donc, pour la mobilité, notre citadin préfère le scooter ou l'Autolib. La deuxième clientèle, c'est le couple de banlieue avec deux voitures. Une grosse pour monsieur, qui sert aussi l'été et une petite pour madame, pour faire des courses et amener les enfants à l'école. Sauf que de plus en plus de pavillons n'ont qu'une seule place de garage. Surtout, de plus en plus de cadres vont au boulot en RER. J'en ai même vu improviser un meeting, debout, dans une voiture de RER A, en pleine heure de pointe ! Notre couple a pris un SUV. Madame se sent à l'aise à son volant et il est adéquat l'été, pour faire de la route.
A mon avis, les micro-citadines sont condamnées. Hormis peut-être les citadines chics comme la Fiat 500. L'avenir, ce sera peut-être des citadines  "down-sizées" pour se distinguer davantage des compactes. En revanche, il y a une clientèle de personnes qui veulent de la mobilité, mais qui sont revenues des scooter et des Autolib. Ou bien, des jeunes retraités qui ne se voient pas faire trois changements pour aller faire leurs courses. Des "born-again automobilistes". Sauf qu'ils n'ont pas forcément le permis et qu'ils n'ont pas envie de payer 500€ pour refaire un bouclier. Ils s'orientent vers les VSP.
En 2011, j'ai rencontré Louis-George Chatenet et il m'a paru très volontaire pour développer sa marque. Ca m'avait donné envie de devenir concessionnaire Chatenet. Je croyais en l'homme et en ses produits. J'ai commencé à chercher un local et à faire une étude de marché. Derrière, MG me disait qu'ils allaient arriver en France vers 2014. Donc moi, j'ouvrais ma concession Chatenet, je me faisais les dents dessus et en 2014, je décrochais un panneau MG. J'avais bien vu qu'en Grande-Bretagne, MG courrait après les concessionnaires indépendants et il risquait d'avoir le même problème dans l'hexagone. Au point d'accepter un branquignole qui vendait des sans-permis... Le hic, c'est qu'ayant peu de moyens, il me fallait une affaire d'emblée rentable. Aucune banque ne vous prêtera de l'argent avec un business model à l'équilibre dans 3 ans (quoi qu'elles en disent dans leur pub.) Or, ma petite étude de marché m'a permis de voir qu'un concessionnaire de VSP vend une à deux voitures par mois. Pas de quoi payer un local et des salariés, même en réduisant au strict minimum. Donc exit le projet Chatenet. Dommage, car en voyant ce vieux modèle, je reste persuadé que le potentiel est là.

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