Tu te Moke ?

Une Mini Moke. Plus précisément, une Cagiva Moke, produite au Portugal.

La Moke eu tout, sauf une histoire facile. Au début des années 60, BMC vient de lancer la Mini. Le constructeur a une idée : créer une Mini ultra-dépouillée, pour l'armée. C'est le bourricot (Moke, en anglais.) Il est même possible d'y greffer un second moteur, sur l'essieu arrière, afin d'en faire un 4x4 (façon 2cv Sahara.) On parle alors de Twinny Moke.
A l'époque, le chouchou de l'armée, c'est le Land Rover [Defender]. Or, Rover et Austin sont encore deux marques appartenant à deux groupes concurrents. Les tout-terrains Champ et Gipsy n'ont guère convaincu l'armée britannique et la Moke est la troisième tentative pour aiguillonner la Land'.
En 1962, les résultats des tests sont désastreux. La Moke a une garde-au-sol déplorable et elle est trop lourde pour être parachutée.
Austin tente alors de la vendre comme utilitaire auprès des artisans. C'est un flop. En revanche, elle a un petit succès comme voiture de plage et la filiale Australienne de British Leyland, commence à en assembler. En 1967, Le Prisonnier rend célèbre la Moke. BL choisit donc... D'arrêter la production en Grande-Bretagne ! La version Australienne, elle, poursuit son bonhomme de chemin et elle est exportée jusqu'en Europe. Hélas, en 1977, BL Australia baisse le rideau.
BL possède également des joint-ventures en Europe. L'Espagnol Authi et le Portugais IMA sont la copropriétés de leurs gouvernements. Avec les changements de régime respectifs, ces filiales sont dans la tourmente. Authi est vite revendu à SEAT. IMA, lui, réussit à vivoter. En 1980, il récupère l'outillage des Moke Australiennes et la production reprend. En 1984, Austin-Rover rachète IMA et la Moke a droit à une usine toute neuve et la Moke est vendue à travers l'Europe. En 1990, lors d'une énième cure d'amaigrissement, Austin-Rover vend l'ex-IMA, l'usine et l'usufruit de la Moke à Cagiva. Le constructeur de motos poursuit la production jusqu'en 1993. Là, il tente de déménager l'usine en Italie. BMW, qui vient de racheter Rover Group, bloque l'opération. L'outillage et l'usufruit de la Moke partent dans la nature.
Je suis trop petit pour avoir connu Le Prisonnier. La Moke, pour moi, c'est d'abord Attention les enfants danger de Michel Sardou. C'est l'époque "top 50" du chanteur. Il enchaine les titres, avec des clips à gros budgets, où il se met en scène (Sardou Jr tentant alors une carrière d'acteur.) Attention les enfants danger parle visiblement de divorce. Une voix d'enfant lit à voix haute une lettre pour sa grand-mère, où il dit à voix haute que papa s'est trouvé une jeunette. Il fait le kakou avec elle (la Moke faisant parti de la panoplie du "j'essaye de faire jeune".) Sauf qu'au second couplet, elle est partie et le papa, désabusé, dépose son gamin chez sa grand-mère.

Il y a aussi L'enquête Corse. Christian Clavier sillonne l'île de Beauté en Moke. C'est une adaptation de BD. L’œuvre originale est trop courte pour un film et les scénaristes (dont le dessinateur originel, Pétillon) meuble comme ils peuvent.

Il y a aussi Tora Torapa de Spirou. Les méchants du Triangle roulent dans de curieuses Moke (avec phares sur les ailes avant et pot d'échappement latéraux.) Un album plein de fantaisie, bien que Fournier s'y est peut-être un peu dispersé, en voulant caser plusieurs thèmes (le retour de Zorglub, l'aventurisme de Zantafio, le Triangle, les Polynésiens...)
Et puis, la Moke, c'est déjà l'aventure, en soi ! Imaginez qu'on vienne vous chercher à l'aéroport ou à la gare avec...

Ca me rappelle l'escapade basquo-landaise, avec Cochonou. Sympa, le patron de Vintage Car Club est venu me chercher à l'aéroport de Biarritz. Et là, sur le parking, je vois cette 2cv limousine, aux couleurs du saucisson... Là, je comprends que ça va être un week-end particulier. Dès les cinq premières minutes...

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