Death Race 1-4

Aujourd'hui, on revient sur la franchise Death Race. Des films avec des voitures plus que de vrais films de voitures. Accessoirement, c'est un bel exemple de films creusant toujours plus profond. Vous allez dire "à force de creuser, ils vont trouver du pétrole !" et effectivement, dans le dernier épisode, ils en trouvent !

Acteur, réalisateur ? Personne ne veut vous donner votre chance ? Vous n'êtes pas regardant sur le script, ni la paye ? Alors pensez Roger Corman ! Pendant quatre décennies, ce producteur US a tourné des séries B fauchées à un rythme industriel.
Forcément, dans le lot, il y avait de futurs grands. De Francis Ford Coppola à James Cameron, de Jack Nicholson à Ron Howard, beaucoup ont ainsi fait leurs premières armes chez Corman. Et dés que quelqu'un devenait célèbre, notre Gégé adoré s'empressait de rééditer la vidéo avec le nom (et l'image - si c'était un acteur-) en grand.

En 1975, Roger Corman produisit ainsi Death Race 2000. Il a prit la nouvelle Le pilote d'Ib Melchior (20 pages) et la transforma en un genre de road movie gore post-apocalyptique. Orange mécanique (1971) l'inspira sans doute pour le côté ultra-violence et le nihilisme.
Peter Fonda déclina le rôle-titre, au profit d'un David Carradine post-Kung Fu. Corman donna un rôle secondaire à un Sylvester Stallone alors méconnu.

Death Race 2000 capturait les angoisses de l'époque. Surtout, en tant que "premier film de Stallone", il eu un succès certain en VHS, puis en DVD. 

Roger Corman finit par revendre sa New World Pictures. Dans les années 2000, on faisait pas mal de remake : Total Recall, Robocop, Blade Runner, Rollerblade, SOS Fantômes... Alors pourquoi pas Death Race 2000 ? D'où le Death Race de 2008.
Mécontent du résultat, Gégé produisit lui-même un Death Race 2050. The Asylum, volontiers adepte du clonage, pondit un Death Racer.

Là, il y a quatre films dans le coffret. Death Race 2000, le film de 2008, celui de Roger Corman et celui de The Asylum ? Non, il s'agit des suites du film de 2008. A chaque opus, Ib Melchior faisant toujours plus de sauts de cabris dans sa tombe...
Notez qu'ils n'ont même pas cherché à uniformiser les disques. Chacun possédant son contenu originel (bande-annonces, menus, etc.)


Death Race (2008)

Paul W.S. Anderson a produit, dirigé et écrit le premier film. Il avait auparavant réalisé Mortal Kombat ou Resident Evil.

La star du film, c'est Jason Statham (qui reprend Frankenstein, le personnage de Robert Carradine.) Il ne connait que deux modes de jeu : colère ou sidération. Pour la scène avec sa femme et son bébé, il atteint les limites de ses compétences. On s'attarde à peine sur les autres personnages, très stéréotypés (le maton sadique, la latina sexy, le noir tout en muscles, etc.)

Anderson a éliminé toute la pseudo-réflexion politique. La course a lieu à l'intérieur d'une prison et les participants sont des criminels de droit commun. Il pose sa caméra dans un entrepôt désaffecté. La majeur parti de l'action a lieu de nuit ou dans la pénombre, comme cela, on ne voit pas trop les images de synthèse. Visiblement, il y a d'emblée eu des problèmes de budget. D'où des scènes de parlotes, afin de faire du métrage.
L'action est archi-prévisible. Pour la course principale, W.S. Anderson opte pour un style très jeu vidéo (avec bonus, pièges, boss de fin de niveau...) et pour une action très gore. Chaque élimination de concurrent étant synonyme d'explosion du véhicule et de grands jets d'hémoglobine. Les voitures ont un côté post-apocalyptique sympa. Surtout la XJ-S et la 911 SC.

Les 111 minutes filent plutôt vite. C'est un actionner bourrin à peu près honnête. Mais à la fin, on se dit : "C'est ça, le meilleur des quatre ?" Et après visionnage des trois autres, on réalise que le "1" n'était pas si mal.

Death Race 2 (2010)
Death Race a généré 10 millions de dollars de profit. De quoi encourager Paul W.S. Anderson à poursuivre. Le Britannique cède tout de même la caméra à Roel Reiné pour se contenter de produire. Ce Néerlandais s'est fait une spécialité des suites ayant perdu leur acteur principal : The Marines 2, 12 rounds 2, Le roi scorpion 3, Hard Target 2...

Reiné a opté pour un préquel. On assiste ainsi à l'émergence de Terminal Island et des Death Race. Les voitures du "1" (qui n'ont été détruites qu'en images de synthèse) reprirent du service.

Jason Statham ayant jeté l'éponge. Il est remplacé par Luke Goss, dans le rôle de Frankenstein N°1. La production a pu s'offrir Danny Trejo et Sean Bean. A la fin du film, il y a quelqu'un qui débarque de nul part, juste pour tuer Sean Bean, afin de respecter le meme.
Pour le reste, il a fallu faire appel à des sosies... Et plutôt du fond de panier de sosie : sous-R. Lee Ermey, sous-Marion Cotillard, sous-Michael Clarke Duncan, etc. Au moins, les personnages secondaires sont mieux soignés.
Le principal défaut de Reiné, c'est que sur les scènes d'actions, il place la caméra dans une mixeuse à peinture. Et comme en plus, elles se passent dans la pénombre... En même temps, quand on est limité en nombre de figurants, cela permet d'en réutiliser discrètement quelques uns.

Eu égard au réalisateur, aux acteurs et au budget, c'est plutôt une bonne surprise. Death Race 2 est un film conscient de ses limites et on l'apprécie pour ça.

Death Race 3 : Inferno (2013)
Le menu du DVD possède des pictogrammes. C'est dire le QI des spectateurs attendus !

C'était la suite du "2". Apparemment, Roel Reiné comptait les filmer les uns à la suite de l'autre. Faute de budget, il fallu attendre trois ans. En prime, l'argent vint d'Afrique du Sud, où il fallu déménager l'action.

Côté casting, la plupart des personnages vivants reprirent du service, avec les mêmes acteurs. On note l'apparition d'un sosie de Gary Oldman à qui on a dit : "Tu dois jouer comme Gary Oldman dans Les ailes de l'enfer - Mais c'était Steve Buscemi ! - Alors imagine que le Gary Oldman de Léon ait joué Les ailes de l'enfer !" Quant à Danny Trejo, il apparait surtout de dos ou dans la pénombre.

Cette fois, la prison de Terminal Island envoi Frankenstein et ses potes en Afrique du Sud pour une Course à la mort en extérieur (donc plus conforme au film de 1975.) Du moins, pendant le premier quart d'heure, l'ami Reiné meuble avec des images du 1 et de looongues discussions.
Côté voitures, le Mustang devient un protruck maquillé, la 911 laisse place à un vieux sand rail. Le faux Gary Oldman a lui droit à une X-Type façon monster truck.
Côté explosions, cela oscille entre les images de synthèse façon jeu PS1 et les flammes filmées en fausse perspective.

C'est un film complètement loupé. La maigreur du budget en est risible (d'autant plus que le film se prend au sérieux.) De plus, Reiné est incapable de placer sa caméra. Côté scénario, le film multiplie les MacGuffin. On suit un personnage, il semble échafauder un plan... Et on ne le revoit plus jamais ensuite ! Enfin, le final est complètement capillotracté, afin de se retrouver au début du "1".

Death Race 4 : Beyond Anarchy (2018)
Paul W.S. Anderson et Roel Reiné ont quitté le navire. Don Michael Paul, l'homme des suites 0 scrupule (Un flic à la maternelle 2, Jarhead 2, Tremor 5...) prend les commandes. Le "3" a placé la barre très bas, mais Don Michael Paul accepte le challenge !

Dès la première image, ça sent le faisandé : un Frankenstein avec tresses rasta tente de semer une BMW série 5 (E60) et une Chrysler Sebring jackytunées. Puis l'on voit un sous-Slipknot jouer live devant une foule d'au moins vingt figurants.

Danny Trejo s'offre une apparition, mais on ne le voit pas avec le reste du casting. Danny Glover, trop vieux pour ces conneries, vient pour payer ses impôts. Les autres sont de parfaits inconnus ; ils jouent tous des punks d'opérette.

Jusqu'ici, les pilotes étaient prêts à s'entretuer contre une libération. Cette fois-ci, Frankenstein se fait volontairement incarcérer dans une vaste ville-prison, afin d'en être le leader. Et alors que Frankenstein était mutique, le nouveau-venu (dont on ne voit jamais le visage) fait de grands discours.
Don Michael Paul filme un mélange de Hunger Games et de Mad Max, avec le kitsch d'un post-apocalyptique Italiens des années 70. C'est criard, c'est vulgaire, c'est fauché et bien sûr, l'action est archi-prévisible. Du jmenfoutisme à l'état pur. C'est pour cela qu'avec le recul, le "1", c'était du grand cinéma ! Le spectateur s'amusera à repérer les erreurs de raccord et de continuité (comme la Camaro 4 qui se change en Camaro 5.)

Signalons qu'il a été filmé en Bulgarie. D'où la présence d'une Volga façon monster truck, ainsi que de camions Soviétique, en arrière-plan.

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