Fast and Fierce: Death Race

Pour cause de Covid (donc de fermeture des salles aux USA), la sortie de Fast 9 a été reportée sine die. Oui, je sais, moi aussi, je suis très attristé. Heureusement, pour se consoler, il y a Fast and Fierce : Death Race !

La jaquette promet "un film d'action, façon Fast & Furious, gavé à la nitro". Déjà, lorsqu'un film rédige sa propre critique élogieuse, c'est mauvais signe...


The Asylum

Commençons par une présentation de The Asylum, l'asile [psychiatrique]. Apparemment, c'est là que ce studio Américain compte envoyer les services juridiques d'Hollywood !

Sa spécialité, ce sont les "mockbusters". A savoir des films singeants les blockbusters et sortant en même temps, pour mieux les parasiter. Top Gunners, Battle Star Wars, Triassic World, Transmorphers... The Asylum n'a aucun scrupule. En fouillant dans un bac à DVD ou en zappant un peu vite sur Netflix, ça passe ni vu, ni connu...

Dès que le studio entend parler d'un potentiel carton en cours de tournage, c'est le branle-bas de combat !

Ici, donc, c'est Fast 9, le lièvre. Mark Atkins (30 000 lieux sous les mers, Halloween Night...) et Marc Gottlieb (Planète des requins) rédigent en un temps record le scénario de Fast and Fierce : Death Race. Puis Jared Cohn (Atlantic Rim 2, Alien Predator...) tourne avec un budget équivalent à la bande-annonce de F&F...

Le jour J, le film est prêt. Par contre, la sortie de Fast 9 est donc repoussée. Que faire ? En profiter pour tourner de meilleures scènes (ou au moins, refaire celles loupées) ? Non, coco, on le sort malgré tout !

A force, The Asylum a attiré aussi les déviants. Les amateurs de films bâclés. Et avec Fast and Fierce : Death Race, on a un beau casting. L'excitation est à son comble, avant même de glisser le DVD dans le lecteur...

Rapide et Furieux

La "Death Race", c'est les Outlaw 1000. Une course illégale entre Navojoa (nord du Mexique) et Los Angeles, soit environ 1 400 km. Le gagnant remporte 5 millions de dollars (4,1 millions d'euros.) De quoi motiver... Trois concurrents. Une Buick GSX-R, une Mazda RX-7 (FD) et une Nissan 370Z.

Ne cherchez pas la Toyota GT-86 sur la jaquette, c'était une ruse de The Asylum.

Bien sûr, ils nous font le coup des boites manuelles de 18 vitesses...

Qui plus est, dès les premiers kilomètres, Mick (Nate Walker) enclenche la nitro. Ce qui est une riche idée. Il aurait pu, par exemple, l'utiliser pour le sprint final !

Mais voilà qu'au premier point-stop, Jack (Michael DeVorzon) a une passagère clandestine : Bianca (Paulina Nguyen), qui grimpe dans sa Buick.

Une jeune latina, douée en informatique, avec un sweat à capuche, qui s'incruste dans la muscle-car d'un homme plus âgé... Homme qui doit libérer un otage et se fait surveiller via une caméra dissimulée dans le rétroviseur... Bref, c'est le synopsis de The Gateway.
Et ce n'est que le début d'une litanie de lieux communs...

Pour leur défense, Mark Atkins et Marc Gottlieb n'avaient que quelques semaines, voire quelques jours, pour rédiger le script.

Pendant ce temps, Nelson (Jack Pearson), le frère de Jack, est pris en otage dans le bar des méchants, à Navojoa.

La continuité est hyper bien respectée. Parfois, il fait nuit à Navojoa et jour, plus au nord, où la course a lieu (et vice versa.)

La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, n'est gardée que par quelques planches ! Une voiture lancée à pleine vitesse, peut les briser sans problème ! Mais que fait Donald Trump ?

Pour le final à Los Angeles, tourner en plein centre-ville, c'était trop cher et trop compliqué. Alors ils ont apparemment opté pour une démo de jeu PS2...

¡Hola! ¿Qué tal?

Évidemment, pas question de tourner non plus au Mexique. Comment sait-on qu'un restaurant ou un bar est situé au sud du Rio Grande ? Facile : il y a des drapeaux mexicains géants à l'intérieur !

Certes, la première partie du film se passe au sein du milieu des fugitifs Américains. Mais pourquoi ne voit-on aucun hispanique ? Le tournage a été réalisé à Los Angeles, où près de 40% de la population est composée d'hispaniques ! C'était si compliqué que cela de dénicher un ou deux figurants ?

Les seuls à parler espagnol ce sont ces deux policiers et leur texte, c'est "¡Hola! Dos tacos y una cerveza." Je possède un accent plus convaincant et pourtant, j'ai fait allemand en LV2 !

Notez au passage la voiture de police "mexicaine" et son autocollant "911" (elle sera recyclée plus tard en voiture de police du FBI.) Et surtout, le cadrage serré du camion à tacos, pour qu'on ne voit pas le centre commercial derrière...

Actor's studio

Forcément, pas question d'embaucher Vin Diesel et The Rock. The Asylum fait appel à des troisièmes couteaux. En regardant leurs fiches IMDB, on voit qu'ils ont tous fait beaucoup de figuration. Fast and Fierce : Death Race est souvent leur plus grand rôle.

Au début, on a donc un peu de peine pour eux. Toutes ces années à apprendre à jouer la comédie, tous ces sacrifices, tout ça pour un sous-Fast & Furious en guise d'apothéose...
Mais ensuite, on comprend pourquoi ils n'ont pas percé...


Michael DeVorzon est le héros du film. Il a l'air sous Tranxene. Ici, l'un de ses proches vient de mourir dans ses bras après lui avoir confié un secret. Gros plan sur le mourant, puis contrechamp sur notre homme. Voici comment il exprime la tristesse et la contrariété :

Paulina Nguyen, sa partenaire, ne sait jouer qu'une seule expression. A savoir le "surprised Pikachu" :

Veronika Issa est Gillian, la "sexy bitch" de service. A savoir la copine du méchant. En l'absence de ce dernier (on y reviendra), elle est chargée de tenir le repaire des méchants et de motiver les participants de la course.

Tour à tour bimbo écervelée, copine dévouée ou chef surexcitée (après un rail...), c'est bien l'un des personnages les plus complexe du film. Elle tente même de draguer Nelson, le petit-frère du héros, hésitant à passer dans le camp des gentils...

Par contre, d'ordinaire, Veronika Issa joue les "filles de l'est" de service. Donc là, elle joue avec un faux-accent évoquant davantage Varsovie que Mexico...Tylko jedno w głowie mam koksu pięć gram odlecieć sam W krainę za zapomnienia W głowie myśli mam kiedy skończy się ten stan Gdy już nie będę sam Bo wjedzie biały węgorz


Les courses-poursuite, les cascades et même les effets spéciaux, ça coute trop cher ! Alors ils meublent avec des dialogues dans les restaurants et bars. Car toutes les 5 minutes, nos pilotes s'arrêtent !

Becca Buckalew est "Six Speed Nina", une pilote qui fait des stories de ses moindres faits et gestes sur Instagram. Dans un rare moment de lucidité, Jack lui dit : "Mais si tu dis à tes followers où tu es et où tu vas, on va se faire choper par les flics !"
Par contre, les scénaristes ne lui ont pas précisé si son personnage est Mexicain ou pas. Donc parfois, elle a un accent hispanique de Prisunic et parfois, non.

Vedettes Américaines

DMX joue le grand méchant. Que vient-il faire dans cette galère ?

Wikipédia nous informe qu'il est accro au crac, qu'il doit payer les pensions alimentaires de quinze (!) enfants, qu'il s'est fait pincé pour fraude fiscale, que son dernier album date de 2012 et qu'il s'est vendu à 17 000 exemplaires. L'interprète de Party up (up in here) et de X gon give it to ya en est réduit à organiser des galas en Serbie et en Bulgarie !
Je crois que la question, elle est vite répondue...

DMX reste cher pour The Asylum. Il apparait au tout début et à la fin, grâce à un artifice de scénario. Il faut y ajouter une scène où il a un capuchon sur la tête et où il est muet (de là à en déduire que ce n'est pas lui sous le capuchon...) Donc il n'est probablement apparu que sur une unique journée de tournage.
Le rappeur n'a jamais été un colosse. Il a beau jouer les gros durs, on y croit pas trop. D'autant plus que par deux fois, il s'écroule au premier crochet du droit...

Et Fre$h ? Qui ça ? Le deuxième nom, sur la jaquette !

Fre$h est un rappeur dont les vidéos sont vues par 6 000 personnes en moyenne, sur YouTube.

En fait, il n'a qu'un plan. Lorsque DMX affronte le frère du héros au poker, il est le troisième joueur. Le frère a un bad beat, DMX montre son pli et la caméra s'arrête une seconde sur Fre$h.

Conclusion

Faire un clone de Fast & Furious, bon sang de bois, ce n'est pas si compliqué ! Pourtant, ils arrivent à rater lamentablement chaque scène, chaque dialogue, chaque effet spécial... Ce n'est pas assez rythmé, les acteurs sont empotés, les intrigues sont convenues, la caméra tremblante est loupée... A un moment, on ne sait plus si c'est du au manque de budget, à l'incompétence de l'équipe ou tout simplement, à un jmenfoutisme collectif.

En tout cas, au second degré, c'est hilarant ! Le jeu, c'est de repérer les erreurs. Par exemple, sur la 370Z de Nina, on voit son compte Instagram en évidence sur la portière... Sauf que c'est celui du véritable propriétaire de la voiture !

(Captures d'écran de Fast and Fierce : Death Race.)

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