Les incontournables

J'ai écris un premier article pour râler sur le niveau actuel des formules de promotion. Je comptais en écrire un second, puis j'ai changé d'avis : écrire plutôt un article positif sur des talents éclatants. Des pilotes qui ont triomphé contre toute attente et avec panache.

Je n'en ai rencontré aucun. Mais en tant que rédacteur "monoplace" pour Le Blog Auto, puis AutoNewsInfo, j'ai pu suivre leurs exploits.

Bien sûr, la liste n'est pas exhaustive.

Lando Norris, le trou noir de la monoplace

British F4, Toyota Racing Series, Eurocup FR 2.0, FR NEC, European F3 : de 2015 à 2017, Lando Norris glana cinq titres. Aussi, il n'a jamais effectué deux saisons complètes dans la même discipline. A chaque fois, il n'était pas favori. Avec son format de cinq courses en cinq week-ends, la TRS favorisait théoriquement les pilotes chevronnés. En Eurocup FR 2.0, il était face à des pilotes ayant déjà une ou deux saisons d'expériences et avait peu roulé sur le continent. En F3, il était pilote Carlin, alors que Prema était un faiseur de roi.
Mais rien n'arrêtait Lando Norris. Il gagnait la toute première course de la saison, puis il squattait la plus haute marche du podium. Si un adversaire reprenait du poil de la bête, il le neutralisait avec un doublé. Ainsi, l'outsider s'imposait avec maestria. Souvent dès l'avant-dernière manche.
En 2016, le McLaren Autosport Awards lui avait entrouvert la porte de Woking. L'équipe s'empressa de lui proposer un test avec une vraie voiture, puis un second. En 2018, il enchaina les vendredi. La question n'était plus de savoir s'il allait aller en F1, mais quand il y irait. Son parcours était limpide et il méritait sa place dans la catégorie-reine.
En 2018, Lando Norris était devenu un trou noir, au sens scientifique. Il ne cessait de grandir et d'absorber la lumière. Équipiers et adversaires étaient vaporisés. Pour certains, la perte du titre fut synonyme de fin de carrière en monoplace.
Champion de GP3 2017, George Russell débarquait en F2 en même temps que lui. L'autre Britannique avait compris qu'il fallait mettre les bouchés doubles, sous peine de disparaitre. Pas le temps de s’acclimater à la F2. La bagarre fut épique. Lando Norris était peut-être trop absorbé par 2019 et la McLaren qui l'attendait. Cette fois-ci, c'est Russell qui fit la course en tête et bétonna son avance en fin de saison. Grâce à cela, lui aussi avait gagné une stature de pilote de F1. Et forcément, ensuite, c'était plus facile de négocier avec Williams...


Charles Leclerc, je disperse façon puzzle

Début 2016, Charles Leclerc et Giovanni Alesi rejoignirent la Ferrari Driver Academy. Les Rosso se cherchaient un pilote digne de la Scuderia. Raffaelle Marciello, qui s'était pris les pieds dans le tapis, en GP2, venait d'être remercié. Le pilote de pointe, c'était désormais Antonio Fuoco, qui fit plusieurs tests F1, sans vraiment convaincre. D'ailleurs, Ferrari préféra embaucher Antonio Govinazzi, comme troisième pilote, pour 2017.
Il y avait une fenêtre de tir, pour les audacieux. Charles Leclerc commença par remporter le GP3, en 2016. Son premier titre en auto. Le tableau était contrasté : un début de saison tonitruant, mais une toute fin de saison carrément en roues libres. Il participa tout de même à plusieurs séances d'essais libres, en F1, avec Haas.
Pour 2017, le GP2 devenait F2 (la nouvelle voiture n'arriva qu'en 2018.) Charles Leclerc et Antonio Fuoco y faisait équipe chez Prema. Au sein de la Ferrari Driver Academy, le Monégasque était alors en deuxième ligne, derrière les Italiens Fuoco et Giovinazzi. Pour triompher, il fallait faire encore plus fort qu'en GP3...
Charles Leclerc effectua donc un carpet bombing. Maudit à domicile (panne dans la course 1 et accrochage dans la course 2), il ne fit pas de quartier ailleurs, avec 7 victoires. Sachant qu'en Hongrie, on lui retira sa pole et qu'en Belgique, on lui enleva sa victoire a posteriori. Titré dans la course 1 de Jerez -qu'il gagna-, il poursuivit son effort et remporta la dernière épreuve de la saison, à Yas Marina.

Pour Ferrari, il était désormais évident qu'elle tenait un pilote dimensionné pour la F1. Et que ce pilote, c'était Charles Leclerc. Après plusieurs "vendredi" chez Sauber, le Monégasque doubla Antonio Giovinazzi pour la course au baquet "Ferrari Junior", chez Sauber, pour 2018.


Théo Pourchaire, révélation 2019

Tout championnat possède une respiration. C'est d'autant plus vrai en F4, où la faible puissance et les courses en grille inversée nivellent la performance, empêchant un pilote de s'échapper. La différence se fait sur la psychologie.

Pour l'ouverture de la F4 ADAC 2019, on attendait un duel entre le redoublant Gianluca Petecof (Prema) et Dennis Hauger (Van Amersfoort), protégés respectifs de Ferrari et de Red Bull. Le Brésilien remporta la toute première course, à Oschersleben. Le Norvégien, troisième de la course 1, décrocha la pole de la course 2 (où il fait choux blanc.)
Sur le Red Bull Ring, Hauger obtint cette fois deux poles. Il s'imposa dans la course 1. Il récidiva le lendemain matin, avant d'être pénalisé a posteriori. Le méconnu Théo Pourchaire (US Racing) hérita du succès. A Hockenheim, la F4 roulait en prologue de la F1. Dennis Hauger triompha le samedi. Mais avec deux podiums, Théo Pourchaire devint leader du classement. Le Français récidiva à Zandvoort, alors qu'Hauger, son principal rival, pataugeait. Il est intéressant de voir que Pourchaire était davantage cité dans les communiqués -et photographié-, tandis que Gianluca Petecof, en déroute complète, était oublié. Sur le Nürburgring, le Français s'offrit un doublé. Dennis Hauger répondit avec un triplé pour le retour à Hocknheim.
Arriva la finale. Dennis Hauger portait la pression de Red Bull sur ses épaules : il devait gagner. A contrario, Théo Pourchaire était leader, alors que cinq mois plus tôt, c'était un parfait inconnu. Quoi qu'il arrive, sa saison était réussie. Le Français décrocha les deux poles. Clairement, il avait un avantage psychologique. Dans la course 1, Michael Belov (R-Ace GP) trompait le Français et s'imposait. Le principal, c'était que le tricolore terminait devant Hauger. Le dimanche matin, Pourchaire triomphait devant son rival. Gianluca Petecof se rappelait aux bons souvenirs avec une troisième place. Une 4e place dans la course 3 suffirait à Pourchaire, quel que soit le classement d'Hauger, pour être titré. Ce dernier roula avec le couteau entre les dents, terminant 2e, sur les talons de Joshua Dürksen (Mücke.) Après un très mauvais départ, le Français remonta à la 6e place, qui devint une 5e place lorsqu'Oliver Rasmussen (Prema) envoya Sebastian Estner (Van Amersfoort) dans le décor. Après coup, Joshua Dürksen fut déclassé pour avoir laissé filer un safety-car. Voilà Hauger victorieux. Mais derrière, Alessandro Ghiretti fut disqualifié pour non-conformité et Rasmussen, pénalisé pour l'incident sus-cité. Ce qui faisait remonter Théo Pourchaire à la 2e place, synonyme de titre.

Cela marquait l'éclosion du Français, peu après son 16e anniversaire.


Sacha Fenestraz, le come-back kid

Fin 2018, Sacha Fenestraz se faisait sortir de la Renault Sport Academy. Le Français avait décroché trois podiums (dont un succès) en F3 Européenne, mais il y avait surtout beaucoup de déchet. En plus, la filière lui reprochait un comportement trop indépendant, voire insolent. Un podium à Macao ne permit pas de changer son destin.

Rétrospectivement, la Renault Sport Academy a été dure avec le Français. Surtout, qu'ils ont été bien moins regardant avec d'autres. En attendant, le Français se retrouvait à pied, allant jusqu'à refuser des baquets qu'il jugeait non-compétitifs.
Faute de mieux, il atterrit en championnat Japonais de F3, profitant du rapprochement entre Motopark et B-Max. Le Français n'avait alors jamais roulé au Japon. Le championnat de F3 possédait une grille clairsemée, mais il n'attribuait des points que jusqu'à la 6e place. Ses principaux rivaux étaient Ritomo Miyata (Tom's) vice-champion 2018 et Enaam Ahmed (B-Max), un autre réfugié du championnat Européen. Compte tenu de son palmarès et du faible nombre de pilotes valeureux, Sacha Fenestraz devait viser le podium final. C'était le seul moyen pour espérer faire repartir sa carrière. De "bons" pilotes, il y en a treize à la douzaine. Pour convaincre écuries et sponsors, il faut des exploits. A fortiori après une saison 2018 très moyenne.
L'objectif était ardu. Néanmoins, le Français fit encore mieux que prévu, en remportant cinq des six premières courses. Moins à l'aise lors des deux rendez-vous de Sugo, il parvint à contenir Miyata. Un doublé à Motegi lui permit de décrocher le titre, avant la finale d'Okayama.

Le contrat était rempli. De nouveau, son portable sonnait !

Sasha Fenestraz fut le dernier champion Japonais de F3. Le championnat se scinda ensuite entre la Super Formula Light, inspirée par l'Euroformula Open et la Formula Regional Japan.

Miki Koyama connu des débuts laborieux. Après des apparitions en F4 Japan en 2015 et 2016, elle put enfin disputer un saison complète, en 2017. En 2018, elle arriva enfin à glaner quelques points. Mais pas de quoi inquiéter le futur champion Yuki Tsunoda.
Appelée en W Series, la Japonaise profitait d'un calendrier très léger pour s'entrainer en F3 Asian (qui employait des voitures identiques.) Curieusement, alors qu'elle tenait son rang en Asie, face à d'anciens animateurs de la F3 Européenne, Miki Koyama était assez moyenne en W Series. Alors qu'une grosse partie du peloton n'avait qu'une expérience limitée de la monoplace ou n'avait plus roulé depuis plusieurs saisons. Au point d'être exclue de la série pour 2022 !

Miki Koyama retourna au Japon, optant pour la Formula Regional Japan. Le peloton était essentiellement composé de gentlemen-drivers (courant en catégorie "Master".) D'ailleurs, seuls cinq pilotes disputèrent l'intégralité de la saison.
Comme Sacha Fenestraz, la Japonaise surclassait l'opposition -sur le papier- et elle se devait de triompher. Au pied du Mont Fuji, elle obtint ses trois premiers podiums en monoplace. Puis elle enchaina cinq victoires consécutives. Au final, elle termina toutes les courses sur le podium, en remporta sept et décrocha le titre avec une belle avance sur le second.

Comme prévu, cette belle performance lui a permis de retourner sur les écrans de radar. Désormais pilote Toyota, elle a effectué un test en Super Formula avec Tom's.

(Crédits photos : Volkswagen, Volkswagen, Ferrari, Sacha Fenestraz et Miki Koyama.)

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