Driven to crime
Crispian Bailey est banquier d'affaire Londonien, également pilote amateur. Il possède donc une expertise certaine en matière de délinquance financière.
Le sport auto réclame en permanence des sommes importantes. Des sommes immédiatement transférées au bout du monde. C'est donc un terreau fertile pour la délinquance financière.
Certains pilotes ou écuries pouvaient être tenté de franchir eux-mêmes le Rubicon, afin de se maintenir. La variante, c'est le sponsor devenu accro à la lumière et qui va se lancer dans une activité illicite, afin de rester présent dans les paddocks.
Dans l'urgence, pilotes et écuries pouvaient accepter des investisseurs douteux (mais présentant bien.) Investisseur qui aura tôt fait de partir avec la caisse, une fois qu'il a les clefs.
Il y a enfin des cas où le délinquant utilise le sport auto comme couverture. Qu'il s'agisse d'un trafiquant cherchant à blanchir des l'argent ou d'un escroc mettant en place une pyramide de Ponzi. Dans ce cas, le financier véreux avait tout intérêt à payer ses échéances en temps et en heure. L'écurie ou le pilote seront autant de personne qui diront du bien du délinquant...
Le premier point commun des délinquants, c'est leur côté ostentatoire. Lorsque quelqu'un obtient des sommes colossales de manière illicite, il pourrait se contenter de payer ses dettes, de mettre le reste de côté et faire profil-bas... Non, c'était tous des Pieds Niquelés, qui s'offraient immédiatement trois villas, dix Ferrari, un yacht, tout en laissant quantité d'ardoises à droite et à gauche. Sans oublier de tout raconter à leur épouse, avant de divorcer ! A se demander comment certains ont pu poursuivre leurs méfaits pendant plusieurs décennies...
Vic Lee se fit coincer par un commissaire de piste bénévole (et douanier dans le civil.) Il s'étonnait de voir le transporteur de l'équipe arriver régulièrement de Zandvoort... Quant à Achilleas Kallakis, c'est Ross Brawn qui a tiré le signal d'alarme (alors qu'il était pressé de trouver un repreneur pour Honda F1...) sur ce pseudo-armateur Grec, déjà "connu" aux USA.
Le second point, c'était l'absence totale de scrupules et d'empathie envers les victimes.
Lorsqu'Angela Harkness organisa la faillite frauduleuse de son écurie de Nascar. Elle ne fit rien pour disculper Wired Flyer (annoncé comme sponsor principal, alors qu'il ne faisait que payer les frais de déplacement.) Des fans déçus firent une campagne de cyberharcèlement, poussant le fondateur de l'agence de voyage en ligne au suicide.
Quant à Scott Tucker, il proposait des micro-crédits avec un taux d'intérêt allant jusqu'à 400% !
Dedans, il y a pas mal d'affaires connues : Sulaiman al-Kehaimi (ex-futur actionnaire de Tyrrell), David Thieme (Essex), Randy Lanier (pilote et trafiquant), Vic Lee (et ses écuries de BTCC stupéfiantes), le Prince Malik (dont l'escroquerie fut un coup fatal à TWR), Callisto Tanzi (Parmalat)... Autant d'histoires que j'avais moi-même raconté au Blog Auto.
En fait, Crispian Bailey et moi, nous nous sommes beaucoup appuyé sur les défunts sites GrandPrix.com et F1 Rejects, ainsi que le blog de Joe Saward.
Il y a tout de même pas mal d'histoires peu évoquées.
Forcément, en tant qu'anglo-saxon, il s'est appuyé sur des sources anglo-saxonnes. D'où une surreprésentation d'acteurs de pays anglophones. Forcément, sur les autres pays, il a fait ce qu'il a pu. Sa biographie d'André Guelfi est carrément hors-sujet.
Driven to crime traite de toutes les judiciarisations d'acteurs du sport auto. Qu'ils soient coupable ou victime et que l'affaire soit en lien avec le sport auto ou pas. En bon anglo-saxon, Crispian Besley a un côté faussement puritain et franchement voyeuriste, lorsqu'il s'agit d'évoquer les affaires de mœurs.
On peut d'ailleurs s'étonner de l'absence de Gary Brabham ou de Pascal Pessiot...
C'est un premier livre. Son auteur a voulu être exhaustif. Chaque chapitre est illustré d'au moins une photo couleur.
Il se veut accessible pour la personne qui n'y connait rien, avec en plus un glossaire des acronymes. Il y a également un index et une table des matières pour une recherche plus aisée. Le lecteur n'est donc pas obligé de tout lire.
Mais ? On retrouve le défaut des auteurs débutants et d'un ouvrage écrit sur une longue période. Certains récits sont trop longs, avec des détails qui égarent le lecteur. Il évoque longuement la vie de Colin Chapman, dans un chapitre consacré à John Z DeLorean. La vie de Syd Miller, un pasteur-escroc qui fut brièvement sponsor, s'étale sur une douzaine de pages. Par contre, l'éphémère patron de Renault F1 Gérard Toth n'a droit qu'à trois pages, dont un petit paragraphe final pour ses ennuis avec la justice !
Un livre inégal, donc.
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