Le choc du réel pour les Alesi père et fils


Ce n'est pas drôle, ce qui arrive aux Alesi père et fils. C'est sept années de fichues. Sept années pour comprendre que le roi est nu. Jean Alesi, c'est un personnage attachant, charmeur, blagueur, spontané... Le public l'adore et il le lui rend bien. Quelqu'un d'aussi gentil, on a envie qu'il réussisse.

Tout commence aux 500 Miles d'Indianapolis 2012. 9 tours avec une Dallara-Lotus sous-motorisée et mal préparée. 9 tours avant un drapeau noir. Lui, Jean Alesi, le vainqueur du Grand Prix du Canada 1996, écarté car trop lent ! A 48 ans, l’Avignonnais quitte le sport auto par la petite porte.

Comme beaucoup de pilotes vieillissant, il reporta ses espoirs sur son fils. Giuliano Alesi a la jeunesse. Jean Alesi a le carnet d'adresse et l'expérience ; il connait les embuches et les raccourcis. Comme d'autres, il est persuadé de pouvoir amener son fils jusqu'en F1. Qu'il fasse aussi bien -voire mieux- que son géniteur. Il suffit de voir, à la remise des prix de l'ASK 93 Rosny, comment certains parents sont persuadés que leur fils est le prochain Lewis Hamilton. Ils le disent en rigolant, mais ils le pensent vraiment...
Giuliano Alesi débute en kart avec l'équipe Baby Race. Une équipe compétitive, où ses équipiers sont les frères Lorandi, Presley Mortara, Kami Laliberté... Le père est omniprésent dans le paddock.
 

L'année de ses 15 ans, Alesi Jr débute en F4 France. Pour son premier week-end, il remporte la course 1 et double la mise, lors de la course 3. Il s'impose également à Navarra, terminant à une belle 4e place finale. Déjà, il y a des grognons. Jean-Bernard Bouvet, coach du vice-champion Sacha Fenestraz, diffuse une vidéo où Alesi tasse son poulain contre le muret des stands. Il accuse le fils d'être dangereux et la FFSA, de se coucher devant le père...
Pour 2016, Alesi Jr saute deux classes et le voilà en GP3, avec Trident. La marche est haute et il faut se contenter d'un point récolté à Spa.
En 2017, il redouble en GP3, toujours chez Trident. Entre temps, il s'est fait accepté par la Ferrari Driver Academy. Il pilote même une Ferrari F1 ex-Alesi Sr lors d'une démonstration. Giuliano passe complètement à côté de la manche d'ouverture, puis il enchaine les podiums, avec 3 victoires. Il s'essouffle en fin de saison, terminant 6e derrière Anthoine Hubert et Dorian Boccolacci. Tous les espoirs semble permis.
En 2018, les Alesi choisissent de tripler en GP3. Une victoire en grille inversée, lors de l'ouverture à Barcelone et pas grand chose ensuite. Une 7e place au championnat, pour un pilote qui effectue une troisième saison, c'est catastrophique.

Il est pourtant promu en F2, en 2019, toujours avec Trident et la Ferrari Driver Academy. Des qualifications en fond de grille, de la casse et de rares points, en fin de saison. Le Français surconduit. A Yas Marina, pour la finale, il finit 8e le samedi, ce qui lui vaut la pole pour le dimanche. Il limite la casse et finit 5e. Son meilleur classement de la saison. Au championnat, les autres pilotes FDA, Mick Schumacher et Callum Ilott ont fait mieux.
Alesi Sr repense peut-être à 1988. Lui aussi, il a galéré dans ce qui s'appelait alors la F3000 et ça ne l'avait pas empêché de remporter haut la main le championnat, en 1989... Son fils est fait du même métal : il sera champion de F2 2020 !
Pour 2020, la Ferrari Driver Academy soutien cinq pilotes de F2. Il y a des chouchous et a contrario, le clan Alesi est en porte-à-faux. Jean Alesi annonce qu'il va vendre sa F40 pour financer la saison de son fils. Il passe chez HWA, l'écurie où le regretté Anthoine Hubert avait décroché deux succès.

Avec le Covid, la saison ne débute qu'en juillet. Le Français ouvre son compte d'emblée avec une encourageante 6e place, sur le Red Bull Ring. Hélas, à ce jour, le compteur reste bloqué. Alesi Jr navigue dans le dernier tiers de la grille. Alors que les noms de Schumacher Jr et Illott circulent lors du mercato, il n'y a aucun enthousiasme autour d'Alesi.
D'ordinaire, la Ferrari Driver Academy tient à bout de bras des pilotes sans avenir en monoplace, Alesi Jr, lui, se fait virer avant même la fin de saison. Jean Alesi pousse un cri du cœur : son fils n'a pas de budget pour 2021 et sa carrière est à mettre au conditionnel. Sans Ferrari, l'avenir en F1 est bouché.
On a envie de lui répondre que depuis 2018, on avait bien compris qu'Alesi Jr n'était pas taillé pour la F1. Il aurait mieux fait de s'orienter vers les "caisses à portes" ou la FE, mieux taillées à son pilotage très viril. Peut-être même que Giuliano a conscience de ses limites et que son père s'est entêté jusqu'à se retrouver dans l'impasse.

Commentaires

Articles les plus consultés